Et le glas continue de sonner pour un peuple désespéré…!

0
1402
Le Stade Olympique de Jean Drapeau, où les autorités de l’immigration canadienne ont empilé provisoirement quelques centaines de demandeurs d’asile qui espèrent échapper à la tempête de déportation déclenchée par l’Administration de Donald Trump.

Dites-nous « maîtres »
Vous qui nous avez appris
Sous le fouet
Et dans la souffrance
À prier en latin
Pour que votre Dieu
Délivre nos âmes
De l’idolâtrie
Oui dites-nous « maîtres »
Vous qui avez assassiné
Notre mythologie
Nos mœurs
Et nos coutumes
Si la somme de nos sacrifices
Et de nos misères
Est encore loin du compte
Pour payer notre passage
Au paradis de Las Casas
De Ferdinand
Et d’Isabelle
(Robert Lodimus, Couronne d’épines et de ronces, inédit)

Ce mercredi 9 août 2017 a échappé aux larmes abondantes du ciel. Nous avons pris le train à 13 heures et 42 minutes pour rejoindre le Stade Olympique de Jean Drapeau, où les autorités de l’immigration canadienne ont empilé provisoirement quelques centaines de demandeurs d’asile qui espèrent échapper à la tempête de déportation déclenchée par l’Administration de Donald Trump. Environ une dizaine de centres d’accueil ont été aménagés dans plusieurs coins de l’île pour les mêmes raisons et dans les mêmes circonstances.

Hier encore, nous apprenions que la panique s’installait aux divers points frontaliers. Les agents douaniers, dépassés par les événements, n’arrivaient pas à contrôler la situation. Le nombre des réfugiés grossit exagérément. Les militaires sont donc appelés en renfort.  Des tentes sont dressées pêle-mêle tout le long de la ligne frontalière. Il faut faire face à toutes les formes d’urgence que nécessite un pareil débordement d’êtres humains à la recherche de leur « nouveau monde ».

Ces États capitalistes – malgré les reproches que l’on puisse leur adresser – détiennent au niveau de l’organisation prévisionnelle un savoir faire qui dépasse la capacité des pays périphériques. Ils ont les moyens de devancer des catastrophes naturelles, de les prévoir et de s’y préparer en conséquence. Le gouvernement de Justin Trudeau paraissait prêt à faire face à ce déferlement d’immigrants qui ne sont pas tous – précisons-le – de la diaspora haïtienne.  Les services d’intelligence des deux pays – la CIA et la GRC – échangent régulièrement entre eux des informations sensibles qui visent à sécuriser les deux territoires limitrophes. Ottawa n’ignorait pas que l’entêtement de Washington à ne pas renouveler la résidence temporaire des expatriés  – appelé communément le TPS – allait lui retomber sur la tête comme des nuages chargés de pluie.

Ce serait naïf de penser qu’il n’existe aucune entente préalable entre les États-Unis et le Canada sur une stratégie commune de gestion pertinente des problèmes migratoires actuels.

HTML tutorial

Les nouveaux migrants qui traversent la frontière savent que le froid s’installera bientôt sur les paysages du Canada. La neige rendra leurs périples encore plus difficiles et incertains. Ils ne sont pas équipés pour faire face à la rigueur de l’hiver québécois. Les individus menacés par les mesures sévères de la Maison Blanche – et qui ne veulent pas retourner dans leur pays d’origine – n’ont pas attendu – comme nous le constatons – la fin de l’automne pour se présenter aux barrières de Montréal. À ce niveau, ils sont bien conseillés par des avocats spécialisés en droits des réfugiés. Certains n’ont pas de passeports en leur possession. Et pas question  d’évoquer le Brésil, le Chili ou le Mexique comme des lieux de destination précédant leur entrée aux États-Unis. Cela pourrait compromettre leur chance d’obtenir l’asile. Surtout pour ceux-là qui avaient pu bénéficier d’un statut légal dans l’un de ces pays. Le gouvernement de Dilma Roussef –  destitué arbitrairement par le parlement pro-impérialiste – avait permis à des compatriotes de jouir librement de l’hospitalité du peuple brésilien.

Plusieurs rapports de la MINUSTAH indiquent que la situation sociale, politique et économique d’Haïti s’est améliorée après le passage du tremblement de terre du 12 janvier 2010? Sandra Honoré et les ambassadeurs des pays présents à Port-au-Prince n’ont pas mentionné que les  rescapés de l’ouragan Matthew forment jusqu’à présent dans le Sud, la Grand-Anse et le Nord-ouest des torrents de désolation et de misère. Bill Clinton et Jean-Max Bellerive ne se sont jamais prononcés sur l’utilisation des fonds alloués au CICR  qui devraient servir à secourir et à reloger les sinistrés. Des médias étrangers font même état de détournements des sommes importantes, substantielles.  Bon nombre de familles tentent de survivre aujourd’hui encore dans des abris de fortune que les moindres caprices des vents emportent au loin.

Le  premier mois de l’année 2018 approche à grands pas. C’est le délai fixé par les autorités de l’immigration des États-Unis pour que les Haïtiens sans papier débarrassent le plancher. Il faut agir vite. Environ 60 000 compatriotes sont touchés par cette décision regrettable. Il est important de rappeler que le moratoire sur le renvoi des ressortissants d’Haïti, en vigueur depuis 2004, avait été levé en décembre 2015.  Actuellement entre 1500 et 2000 immigrants haïtiens ont reçu l’ordre formel de quitter immédiatement le pays de Justin Trudeau.  Ceux-là qui atteignent le poste frontalier de  Saint-Bernard-de-Lacolle ignorent totalement cette réalité. Ils arrivent, alors que d’autres concitoyens qui ont vu rejeter leur demande d’asile sont sommés de déguerpir. La tristesse et la désillusion  seront encore au rendez-vous de cette mésaventure.

Le Canada, ce ne sont pas les États-Unis…

Non, il n’y a pas des fils de fer barbelé. Ni des cellules étouffantes comme à Krome. Ces enfants en bas âge, ces femmes à la  mine renfrognée, ces hommes portant la barbe de plusieurs jours, tous sont libres de circuler.  Sortir dès le lever du jour. Revenir à 23 heures. À la tombée de la nuit. Il faut respecter les consignes.

À vrai dire, ces yeux hagards vissés sur des visages fatigués qui nous observent comme des animaux effrayés par l’arrivée des chasseurs ne peuvent pas regarder trop loin. Cette mégalopole semble s’étendre devant eux à l’infini. Les rues sont larges et longues. Elles portent des noms bizarres : Sherbrooke, Viau, Sainte Catherine, Ontario, Bélanger… Et on dirait qu’elles sont toutes pareilles. Enfin, chaque pays à son histoire, ses personnages, ses quartiers, ses rues, ses mœurs, ses coutumes, ses qualités, ses défauts… Et surtout ses « Clouzot ». Ses Donald Trump, ses François Legault et ses Loïc Tassé. Que voulez-vous? Même en habit de moine, l’âne braira à toutes les heures de la journée…!

Les agents de sécurité dressés comme des poutres de béton armé devant l’entrée du refuge temporaire sont formels. Les journalistes, les visiteurs n’ont aucun accès à l’intérieur de cette partie du stade où sont déployés les sinistrés. « C’est une question de respect de la dignité des concernés… » Et les trois gardiens ont poursuivi sans nous laisser poser nos questions indiscrètes:

« Ces gens sont bien traités. Ils obtiennent tout ce dont ils ont besoin. Les dirigeants gouvernementaux se montrent alertes, attentifs aux moindres signes d’inquiétude. Ils mangent gratuitement. On leur a distribué des cartes d’autobus et de métro. Ils ne sont pas considérés comme des prisonniers… Et surtout, ce ne serait pas bien de les prendre en photo dans les conditions qu’ils sont arrivés. Et puis, il y a des jeunes enfants parmi eux… » Comme si nous ne nous en rendions pas compte nous-mêmes.

Plus loin, sous le viaduc à moitié ombragé, une quarantaine d’individus se reposent sur des murets et des bancs de pierres. Parmi eux, des enfants de moins de 10 ans. Ils portent des bracelets de couleurs différentes qui correspondent, nous ont-ils expliqué, aux étages où ils sont logés temporairement. Quelques uns sont restés debout. Ils forment des petits cercles d’échanges et de discussions sur l’accueil – disent-ils –  chaleureux qu’ils ont reçu de l’État canadien. « Les États-Unis ne nous ont pas traités ainsi », a admis une dame qui se promenait d’un endroit à l’autre. Son compagnon a ajouté : « Vous avez bien raison de le signaler. Ils nous ont considérés comme des criminels, alors que nous n’avons rien commis de grave. Le Canada, c’est cela un grand pays civiliséNous recevons même de l’argent pour louer un premier appartement…»

Ce n’est pas facile

Selon les informations qui circulent, les réfugiés qui déferlent sur Montréal commencent à se rendre compte que le chèque de 600 dollars reçu du gouvernement provincial ne donne pas accès nécessairement à un bail de logement. Les propriétaires des immeubles de location sont  exigeants et méfiants. Ils y procèdent par enquête de crédit, vérification des pièces d’identité, preuve de revenus d’emplois stables, etc. Une fois le locataire installé dans l’appartement, il devient compliqué pour eux de le déloger. Même en cas de non-paiement de loyer mensuel. La loi protège aussi les droits des citoyens à ce niveau. Les procédures et les délais d’expulsion sont ordinairement longs et complexes. L’État canadien ne permet pas que l’on jette à la rue une famille, sans qu’elle sache sur quelle solution elle va se rabattre. Surtout s’il y a des enfants, des personnes âgées dans les décors.

Il est important de rappeler que le moratoire sur le renvoi des ressortissants d’Haïti, en vigueur depuis 2004, avait été levé en décembre 2015.  Actuellement entre 1500 et 2000 immigrants haïtiens ont reçu l’ordre formel de quitter immédiatement le pays de Justin Trudeau.

Un type dans la trentaine avancée a brossé pour nous, en quelques minutes, un tableau presque complet de son périple. Originaire de Gros-morne, une localité de la ville des Gonaïves, il est parti du Brésil, resté 8 mois aux États-Unis, pour venir échouer à Montréal. Il était sur le point d’être déporté, lorsqu’il a pris la décision de tenter sa chance de l’autre côté des frontières. Célibataire endurci, Orestre espère trouver une « dulcinée » qui acceptera bien de régulariser son statut. Il conserve l’allure d’un « playboy paysan ». Il aurait étudié jusqu’en 3ème secondaire. Il portait à son cou une chaîne cuivrée qui lui tombait presque sur le nombril.

En dépit de cet optimisme apparent, notre interlocuteur affichait un  sourire anxieux. Il voulait être rassuré. « Selon vous monsieur, ai-je pris la bonne décision?» Nous avons enchaîné tout de suite : « Vous avez joué tout simplement une de vos dernières cartes… Qu’auriez-vous pu faire d’autres dans ces conditions-là ? Le vent souffle dans toutes les directions. S’il vous a conduit ici, c’est peut-être pour le « bien » du « mal ». Il faut tourner la page et attendre la suite. Advienne que pourra, il faut vous préparer à lutter pour votre avenir et celui des proches parents qui dépendent directement de vous…  ».

Nous ne voulions pas conduire ce concitoyen à un désespoir plus grand. Pour avoir été nous-mêmes  conseiller en services d’immigration sur la base du bénévolat, nous serions presqu’en mesure d’avouer à Orestre que les chances pour lui d’obtenir gain de cause  – comme pour beaucoup de ces compatriotes nerveux –  dans les démarches qu’il a entreprises en vue de  s’établir légalement au Canada étaient minces.

C’est Orestre qui nous a expliqué que sa demande avait été  rejetée en Floride. Dans quelle mesure le nouveau pays d’accueil qui a toujours collaboré étroitement avec les États-Unis en matière d’immigration lui sera-t-il  plus clément? Ne se basera-t-il pas sur les considérations à la base du refus initial  pour rendre sa propre décision?  Seulement, nous avons expliqué à notre homme, qu’au bout de toutes les tergiversations, il y aura toujours une possibilité pour le « demandeur débouté » de souscrire à une « résidence pour des raisons humanitaires ». Le délai pour les études du dossier varie ordinairement entre 3 à 5 ans. Ce temps de répit permet toujours au postulant de « parer à toute éventualité ».

Si Loïc Tassé savait, si François Legault pouvait…

C’est John Wayne qui s’exclamait dans « Le jour le plus long », sous les bombes des Allemands, au moment du débarquement en Normandie: « Parfois, je me demande de quel côté est Dieu? »

De quel côté est le « Bon Dieu », lorsque des mères affolées ont marché avec les « fruits de leurs entrailles » durant onze mois, traversé des forêts pullulées d’animaux féroces, affronté les pires intempéries tropicales, dans l’espoir de changer la « misère » contre la « pauvreté », la « famine » contre la « disette », l’ « eau souillée de la rivière » contre « celle du robinet  encrassé », le « bidonville de Cité Soleil » contre un « quartier ghettoïsé de Brooklyn » (New York) ou de « Saint-Michel » (Montréal) ?

Un cynique « pamphlétaire » du nom de Loïc Tassé, un « folliculaire » hargneux qui vend son « inculture » et son « ignardise » sur une chaire de  l’Université du Québec à Montréal (UQUAM) pour quelques sous, a trouvé encore l’audace d’insulter ces « victimes du système impérial » qui cherchent à s’établir sur les terres légitimes des Amérindiens!

Loïc Tassé ose – dans son ignorance arrogante et contagieuse, dans sa grossière et indécente imbécilité –  qualifier ces éprouvés de l’« Injustice » hégémonique, ces victimes de la corruption néolibérale d’ « immigrants-tricheurs ». Le « prince de l’idiotie » remet donc en question les « principes sacrés de la conservation de la vie ». Il écrit malhonnêtement :

« Les immigrants illégaux qui arrivent au Canada ces jours-ci sont des tricheurs. Bien souvent, ils sont entrés illégalement aux États-Unis, c’est-à-dire sans faire de demande officielle comme les autres personnes qui désirent immigrer aux États-Unis. La crainte qu’inspirent les politiques de Donald Trump les a fait migrer illégalement à nouveau, cette fois au Canada.

La vague grandissante d’immigrants illégaux qui fuient les États-Unis n’a rien de réjouissant. Ces immigrants illégaux coûtent chers, surtout s’ils sont peu qualifiés. Ils exercent une pression à la baisse sur les salaires et ils risquent de se retrouver sur le bien-être social s’ils obtiennent le statu de réfugiés. Ils coûtent chers quand ils arrivent malades. Ils coûtent chers quand ils arrivent sans papier. Ils coûtent cher quand il faut les nourrir, les loger, les encadrer… »

Heureusement que vous et moi ne lisons pas les « feuilles de chou » truffées des fautes de français que nous avons soulignées. Le Journal de Montréal ne vend-il pas mieux sa rubrique  de petits « emplois divers », les résultats des matches de Hockey et les « numéros de loterie gagnants »  que le tout le reste? Loïc Tassé, par son « comportement raciste » envers les immigrants n’est pas digne de faire partie du corps professoral de l’université canadienne qui – comme les autres institutions de ce genre à travers le monde – a la responsabilité de former des citoyens compétents, rationnels, méthodiques, ouverts, tolérants, prestigieux…

François Legault, un autre « irresponsable » à la langue pendue qui dirige une « échoppe politique » au Québec a choisi de marcher sur les traces de l’effronté Loïc Tassé. Il a enfoncé le clou de l’outrage dans le cercueil des demandeurs d’asile chassés par Donald Trump : « Le Québec ne peut pas accueillir toute la misère du monde… » Appelé à s’expliquer sur les ondes de Radio Canada, François Legault, avec sa cervelle vide, creuse comme un tam-tam africain, n’arrivait pas à trouver les mots pour défendre sa position intrigante. Les questions de la journaliste ont complètement désarçonné le politicien de dernier rang.

Les deux personnages – baveux et hideux – auraient-ils appris à l’école que leur présence en Amérique du Nord avait été le fruit de la tolérance, de la générosité, de l’hospitalité… Et finalement d’un « démocide » : l’extinction accélérée des Nations autochtones. Les Amérindiens qui restent et demeurent les « maitres incontestés et légitimes » du continent américain n’ont-ils pas accueilli en 1492 la « misère » des ancêtres de François Legault, de Loïc Tassé et des énergumènes  qui se montrent aujourd’hui offusqués à cause de la présence au Québec des citoyennes et citoyens persécutés par des dictatures politiques ou des situations de guerres fratricides allumées dans leurs pays par les États impériaux?  De quel droit les « vulgaires amnésiques »  se permettent-ils de cracher sur les malheurs d’un peuple qui, au moins, eut le courage de conquérir sa « Liberté », sa « Souveraineté », son « Indépendance » par les armes.

Le Québec n’arrive pas jusqu’à présent à décider de son avenir, exactement à cause des politicards faiblards, comme François Legault, qui préfèrent rester à genoux devant les conquistadors anglais, plutôt que de suivre le chemin d’Honneur et de Dignité tracé par ses prestigieux et courageux prédécesseurs : René Lévesque, Jacques Pariseau, Bernard Landry, Pauline Marois, etc. Ce descendant de Javert ne fait que salir, détruire, annihiler la mémoire du Front de libération du Québec.

François Legault et Loïc Tassé ne comprennent pas que les migrants haïtiens se sont établis au Canada et ailleurs par « nécessité contraignante ». Et non par « besoin d’expatriation ». Ce sont la corruption politique soutenue par les puissances impérialistes, l’insécurité publique systématisée par les ambassades accréditées à la capitale, le pillage des richesses naturelles de la périphérie pratiqué par les États-Unis, le Canada, la France… qui ont abouti à l’exode des populations du Sud vers le Nord. Nous référons François Legault et Loïc Tassé au film documentaire de Jacques Godbout avec le présentateur Florian Sauvageau, Un monologue nord-sud, sur les crimes des multinationales. Ainsi, ils arrêteront de déclarer que le Canada n’a rien à voir dans la misère de la République d’Haïti. Ils ne savent pas vraiment ce qu’ils disent. Et qu’ont-ils appris sur la compagnie Sainte Geneviève du Canada qui exploite des mines d’or dans les régions du Nord-est?

Chaque immigrant haïtien porte en lui-même la nostalgie déchirante de son retour au pays natal. C’est pour cela qu’il meurt toujours triste à New-York, à Paris, à Montréal…

L’exil
C’est la mort
On vieillit
On maigrit
La famille
Les amis
Les souvenirs
Les rues de notre enfance
Tout se confond dans notre mémoire
Au fil du temps qui passe

L’exil
C’est la feuille verte
Détachée de sa branche
Que le vent de la peur
Ou de la misère
Partout traîne rageusement
Et qui va sécher
Dans la savane
Les soirées de glace
Démaillent les illusions
Et les fantasmes
Sur les joues creusées
À coups de nostalgie
Se déploient
Comme sur un tissu à rayures
Les stigmates indélébiles
De l’exil tourmenté

L’exil
C’est la fuite
On meurt sans mourir
Sur une terre inconnue

L’exil
C’est la mort de l’Être
Au milieu des vicissitudes
De sa prison
Aux portes ouvertes
Sur le vide abyssal
De la « dépersonnalisation »
Douloureuse
Et suicidaire

Le mot de la fin

Entre les années 1999 et 2003, nous avons dirigé la section de communication de la Haitel S.A. La compagnie était cosmopolite. Un haut  cadre originaire du Québec qui travaillait au Département des finances nous avouait sans regret sa volonté  de finir ses vieux jours à Port-au-Prince. « Haïti est parvenue à me faire oublier le Canada », répétait-il. Il y avait aussi cet ex-animateur à Radio Canada qui avait ouvert un petit restaurant à Pétion-Ville, à la rue Grégoire, qui portait mon prénom. Il reprenait la même chanson. D’ailleurs, nous lui avions permis de présenter une émission intéressante sur les ondes de la radio que nous dirigions durant la période du premier coup d’État contre le président Jean- Bertrand Aristide, le 30 septembre 1991.

Comment expliquez-vous que ce pays qui a toujours accueilli tous les étrangers indistinctement à bras ouverts doit souffrir lui-même de voir ses enfants s’exposer au mépris, lorsqu’ils franchissent les frontières des États-Unis, du Canada, de la France, de l’Allemagne, du Chili… Il n’y a que Cuba, Bolivie, Vénézuela, Nicaragua qui traitent les Haïtiens sans hypocrisie, et en Camarades.

En voyant tomber cette semaine nos compatriotes sur le Canada comme des grêlons, nous avons revisité Hébert Marcuse qui parle de « dictature éducatrice ». L’essayiste déclare : « …Comment des esclaves, qui ne savent même pas qu’ils sont esclaves, peuvent-ils se libérer? Comment peuvent-ils obtenir spontanément leur émancipation? Il faut les éduquer et les guider, leur apprendre à être libres et ce d’autant plus que la société dans laquelle ils vivent a recours à des moyens plus variés pour modeler et préformer leur conscience et pour les immuniser contre tout choix possible

Cela s’appelle justement une « Révolution »…!

Robert Lodimus

HTML tutorial

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here