Equateur : le FMI exige des réformes, les économistes conseillent d’investir dans le social !

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Le président de la République d’Equateur, Lenin Moreno, recevant au palais du gouvernement, des hauts fonctionnaires du Fonds monétaire international (FMI).

Par Jonatan Pfeifenberger

 

            Le président de l’Equateur Lenin Moreno s’est éloigné de plus en plus de la politique de son prédécesseur Rafael Correa. Pendant qu’il consolidait cette orientation par le référendum qui s’est tenu en Equateur le 4 février, le Fonds Monétaire International (FMI), mais aussi des économistes progressistes tentaient d’influencer l’orientation économique du gouvernement.

Alors que le Fonds Monétaire International propose des ajustements de structure classiques et néolibéraux, les économistes rappellent le rôle important de l’état dans la politique économique. D’après eux, on ne doit pas répéter les  erreurs de 1980 et 1990.

Dans son dernier rapport sur l’Amérique Latine et les Caraïbes, le Fonds Monétaire International conseille au gouvernement Moreno d’utiliser la situation momentanément stable de l’économie et d’entreprendre les restrictions nécessaires. Il s’agirait pour l’Equateur d’entreprendre en particulier des restrictions budgétaires et de mener les réajustements structuraux. La relance de l’économie reposerait tout d’abord sur un rétablissement du prix du pétrole et sur l’ouverture déjà entreprise des capitaux internationaux. D’après le Fonds Monétaire International, on devrait profiter de cette opportunité. En 2018, le Fonds Monétaire International a prévu une croissance économique de 0,6 à 2,8% du produit intérieur brut.

Récemment, au cours d’une rencontre entre Moreno et des représentants du secteur privé et du secteur bancaire, il est ressorti que le président en place en Equateur veut renforcer le modèle économique néolibéral.

Etant donné cette situation, 17 économistes d’universités locales et étrangères et d’organisations réunis au cours d’un “forum d’économistes progressistes” ont envoyé une lettre à Moreno où ils le mettent en garde contre un retour du néolibéralisme et lui conseillent le maintien de l’état providence.

Pour cela, l’on aurait besoin d’un “état fort” qui  définisse l’orientation économique et qui ne s’en remette pas au secteur privé. L’état devrait encore plus réduire certaines dépenses et investir dans le système social afin de ne pas retrouver les problèmes sociaux des années 80 et 90. Ce ne serait pas “une solution” que de réduire l’influence de l’état. On ne devrait pas diminuer les salaires, ni augmenter les impôts pour pouvoir rembourser d’éventuelles dettes. Un système fiscal progressif permettrait la réussite de l’état providence selon ces économistes. Il faudrait éviter l’évasion fiscale du secteur privé et la sortie des devises.

Même la hausse momentanée des importations ne serait pas économiquement durable. On devrait plutôt améliorer la valeur des exportations bien qu’il soit obligatoire de mettre en place  des mesures incitatives à un financement externe pour ne pas mettre en danger la stabilité monétaire. Mais le plus important serait d’investir dans le système social, car “une bonne politique économique va de pair avec  une bonne politique sociale”. En Europe, l’exemple de la Grèce montre les conséquences négatives d’une politique d’austérité inconsidérée.

 

 

 Amerika21   30 janvier 2018

Traduit de l’allemand par Annick Bigot pour le Journal Notre Amérique

Investig’Action 19 Février 2018

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