Double jeu du Core Group

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Le Core Group, pour mieux jouer la partition des puissances impérialistes qu'il représente, vient d'exprimer ouvertement un certain désaccord avec leur marionnette Jovenel Moïse.

 Les gens ne peuvent pas se faire à la fois critiques acerbes du Core Group quand ça ne les arrange pas et se mettre à l’applaudir quand ça les arrange, alors qu’il s’agit toujours du bras diplomatique des puissances impérialistes particulièrement les Etats-Unis. C’est la tendance actuelle maintenant dans le pays et du côté de l’opposition traditionnelle et du côté du pouvoir en place. 

L’événement est que suite aux dénonciations ouvertes de la population visant le Core Group composé des ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de France, de l’Union européenne, du représentant spécial de l’Organisation des États américains et de la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies accrédité dans le pays, cette engeance faite de diplomates veut amadouer le peuple haïtien à travers ses dernières positions à l’endroit du régime en place.

Renald Lubérice

En effet, le Core Group pour mieux jouer la partition des puissances impérialistes qu’il représente, vient d’exprimer ouvertement un certain désaccord avec leur marionnette Jovenel Moise au sujet des décrets du 26 novembre 2020 parus au journal Officiel le Moniteur, portant création à l’organisation et au fonctionnement de l’Agence nationale d’intelligence (ANI) et de celui pour le Renforcement de la sécurité publique.

« Ces deux décrets présidentiels, pris dans des domaines qui relèvent de la compétence d’un Parlement, ne semblent pas conformes à certains principes fondamentaux de la démocratie, de l’Etat de droit, et des droits civils et politiques des citoyens », a fait savoir le Core group. Cette position critique à l’endroit de leur valet n’est-elle pas un double jeu pour créer une sorte de confusion pure et simple à l’effet que le Gore group ne soutient pas inconditionnellement le pouvoir en place. 

Le Core Group dénonce le président Jovenel Moïse et le gouvernement qui qualifient « d’actes de terrorisme des actes comme l’enlèvement, la séquestration, les actes de dégradation et détérioration de biens publics ou privés, l’installation de barricades sur la voie publique, des conseils considérés comme favorables à un groupe terroriste, des policiers inactifs face à des actes répréhensibles… Les coupables risquent entre 30 et 50 ans de prison et une amende de deux millions à deux cent millions de gourdes… »

En réalité, est-ce la réaction de la population qui a forcé le Core Group à publier un tel communiqué paraissant ainsi jouer sur deux tableaux ? Une pratique routinière de la diplomatie impérialiste particulièrement celle des Etats-Unis d’Amérique. 

N’est-il pas important de rappeler que Jovenel Moïse avait écrit sur son compte Twitter le 3 décembre dernier : « Je viens de terminer une fructueuse rencontre avec le Core Group. Les échanges ont porté sur le projet de Constitution, les prochaines élections, le climat sécuritaire et la poursuite du dialogue interhaitien ». Une façon de dire que l’International appuyait ses actions. 

Le Premier ministre Jouthe Joseph

En ce sens, ce n’est pas l’inquiétude du Core Group qui énerve les intellectuels au service de Jovenel Moise ; ce qui les blesse, c’est le fait d’un communiqué public exprimant des réserves qui sans aucun doute ne sont pas les habitudes de communications entre le Corp de tutelle et la présidence. En fait, nos intellos ne s’attendaient pas à une telle gifle qui n’a pas eu lieu dans les coulisses comme ils l’auraient préféré pour cacher toute perception de désaccord avec l’International.

Tout offusqués et tout en voulant montrer en quelque sorte, une certaine indépendance qui n’existe pas en réalité, les experts-intellectuels de Jovenel Moise ont tout bonnement lancé « point de leçon à recevoir ». Même le Premier ministre Jouthe Joseph n’y est pas allé aussi fort. Il n’est pas monté au créneau comme le fameux secrétaire général du Conseil des Ministres Renald Lubérice

En tant qu’un chien fidèle, Jouthe a essayé de rectifier le tir, en déclarant lui-même sur son compte Twitter « J’ai pris connaissance du communiqué du Core Group de ce 12 décembre. Je reste persuadé que le Core Group continuera à nous aider à réfléchir sur la manière de mettre fin aux exactions des groupes armés qui sèment l’insécurité, la terreur et le deuil dans les familles. Ces agissements et comportements empêchent les autorités haïtiennes de travailler pour une meilleure performance en matière de droits humains, et permettre à Haïti de jouer pleinement son rôle dans le concert des nations. » 

Pour expliquer le fil qui le retient encore au pouvoir, Jovenel Moise pour sa part a apporté  ses explications : « Elle sera un outil légal pour contrer les fauteurs de trouble qui utilisent les moyens illicites pour déstabiliser le pays a fait savoir le Président de la République ». Pour ajouter ensuite : « Ce sera un corps constitué de Policiers et de techniciens en sécurité publique utilisant les technologies pour fournir des informations pertinentes en temps réel ». Pour conclure enfin : « Quand je prends une décision, je l’assume en tant que président de la république. Toutes les décisions que j’ai prises, c’est pour le bien-être de la population ».

Que les masses s’organisent pour prendre le contrôle du pays de sorte que ce ne soient plus les Etats-Unis qui décident de leur avenir.

«… Que la démocratie est en danger en Haïti » Cette dernière déclaration de blâme du secrétaire d’état adjoint pour les affaires de l’hémisphère occidental Michael G. Kozak sur son compte Twitter à l’endroit du président Jovenel Moïse au sujet de sa gestion du pouvoir en dit long. « Ce ne sont pas seulement les USA qui s’inquiètent de l’érosion continue de la démocratie en Haïti, de l’absence d’élections législatives et de la gouvernance par décret », a également tweeté Michael G. Kozak et relayé par l’ambassade américaine en Haïti dans la soirée du lundi 14 décembre 2020.

Qu’est-ce qui explique ce changement au sein de l’administration américaine ?  Ces interventions d’allure intempestive du Core group iraient-elles dans une perspective des puissances impérialistes qui en auraient fini avec ce pouvoir en place au point de le jeter dans les poubelles de l’histoire ? En effet, ne dit-on toujours que les américains n’ont pas d’amis mais bien des intérêts à défendre. 

Sinon est-ce un scénario bien orchestré pour montrer que le président Jovenel n’a pas l’appui des Etats-Unis, de sorte qu’au mois de février prochain, les Etats-Unis reprennent en main la transition que prônent ses autres laquais de l’opposition qui applaudissent des deux mains les nouvelles positions alignées par Washington.

Alors, il s’agit d’attendre, le sort de Jovenel Moise et de ses frères de classe de l’opposition. Qui finira par avoir la faveur de l’International ? Personne ne le sait exactement, mais on peut être sûr que tout sera entre les mains des puissances de tutelle plus précisément leur chef de file, les Etats-Unis pour la continuation de leur politique néfaste, réactionnaire, et antipopulaire imposé dans le pays.

Le Core Group avec le président Jovenel Moïse.

Que les masses s’organisent pour prendre le contrôle du pays de sorte que ce ne soient plus les Etats-Unis qui décident de leur avenir. Ce ne pourrait pas être meilleur qu’aujourd’hui.

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