Au début du scandale de corruption des conseillers présidentiels à la Banque Nationale de Crédit (BNC), la levée de boucliers avait en effet demandé de les mettre de côté puisqu’ils ne devaient pas à ce niveau-là être suspectés voire soupçonnés d’aucune malversation.
Le président du Conseil de la présidence d’alors Edgard Leblanc Fils ainsi que son successeur Leslie Voltaire avaient fait savoir qu’ils attendaient la réponse du rapport d’enquête de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) à ce sujet.
Bien le rapport de l’ULCC ait en effet paru accusant sans aucun doute que les trois membres étaient bel et bien impliqués dans le scandale de corruption, cependant le Conseil présidentiel de transition avait pris toutes les précautions du monde pour ne limoger aucun de ses membres. Jouant sur la présomption d’innocence, ils sont restés unis dans la corruption pour que l’un protège l’autre. On pourrait même dire que toucher à l’un c’est toucher à tous les autres.
En effet, il leur était reproché d’avoir exigé du président du conseil d’administration de la BNC Pascal Raoul Pierre-Louis, la somme de 100 millions de gourdes en échange de son maintien à son poste. Une proposition indécente de ce genre, s’ils ont eu l’audace de la faire, c’est qu’ils savent que c’est quelque chose de courant dans le pays et qu’ils pourraient réparer les dommages. Sinon, ils ne prendraient pas ce grand risque.
Est-ce pour la galerie, sans doute, pour cacher la réalité ou au moins d’utiliser la justice pour blanchir les coupables que des convocations ont été émises contre les trois concernés Emmanuel Vertilaire, Louis Gérald Gilles, et Smith Augustin sans toutefois les démettre de leurs fonctions de Conseillers Présidentiels pour mieux faciliter la tâche du juge d’instruction de la juridiction de Port-au-Prince, Benjamin Félismé ? Convoquer les conseillers sans les écarter de leurs postes est un mauvais signal qui peut conduire à n’importe quel marchandage sinon à un scandale beaucoup plus grave entravant la justice. De plus, l’institution de la présidence haïtienne a perdu toute sa valeur éthique et cela n’a concerné aucun d’entre eux, car ils nagent tous dans la même puanteur.
On sait très bien comment se comporte la justice dans le pays. Un conseiller présidentiel, même s’il est coupable, ne recevra pas la peine maximale comme un citoyen ordinaire. D’autant plus que la justice haïtienne ne se vend qu’au plus offrant.
Nul ne sait quel genre de complot a déjà été concocté par ces mercenaires qui qualifient l’accusation portée contre eux de « complot politique » et continuent sans vergogne de clamer leur innocence. Il se peut que ce soit un faux jugement pour les innocenter plutôt que les condamner que nous sommes en train de bâtir.
Il se peut que ce soit un film ou un montage théâtral que l’on nous fera vivre sur grand écran pour bafouer come toujours la population. La convocation du conseiller Louis Gérald Gilles qui devra comparaître le lundi 9 décembre 2024 et le lendemain, mardi 10 décembre, le tour de son collègue-conseiller Emmanuel Vertilaire, tandis que Smith Augustin ainsi que son ami Lornick Léandre, comparaîtront le mercredi 11 décembre 2024, ce pourrait bien des épisodes orchestrées et programmées à n’en plus finir.
Bien que le juge d’instruction ait également convoqué l’ancien président du conseil d’administration de la BNC, Pascal Raoul Pierre-Louis, tout cela pourrait n’être qu’une façade pour décorer la scène afin de classer ce dossier sans suite.
Nous sommes en Haïti, un pays où les corrupteurs et les corrompus sans foi ni loi dirigent les trois pouvoirs de l’Etat. Cette affaire pourrait rester indéfiniment dans les manœuvres dilatoires de la justice jusqu’à ce qu’elle soit oubliée, comme nous avons probablement oublié ce slogan très populaire à une certaine époque : où est passé l’argent de PetroCaribe ?
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Bravo pour cet article qui expose clairement les problématiques liées à la corruption au sein de la BNC. Cependant, je m’interroge sur l’impact réel de la présomption d’innocence dans ce contexte précis. Pensez-vous que la justice en Haïti pourra vraiment faire la lumière sur cette affaire et apporter des changements significatifs, ou est-ce déjà gagné d’avance pour les accusés ? En tout cas, cet article m’a amené à réfléchir sur la portée de la justice dans des systèmes où le pouvoir est si souvent détourné. Continuez ce travail d’écriture et d’éveil des consciences !