Des réactions aux articles du New York Times

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De gauche à droite, l’ancien Premier ministre de facto entre 2004 et 2006 Gérard Latortue et le dirigeant de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA), Camille Chalmers.

L’ancien Premier ministre de facto entre 2004 et 2006 Gérard Latortue et le dirigeant de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif, (PAPDA), Camille Chalmers, sont parmi les principaux individus ou personnalités politiques qui ont réagi aux articles du New York Times.

La différence dans leur exposé est qu’ils ont en bons caméléons changé complètement leur discours. Mais sans pour autant renier leur position antérieure, car ils n’ont pas pour autant fait aucune autocritique.

Pour l’histoire rappelons que Gérard Latortue a succédé au Premier ministre lavalas  Yvon Neptune le 17 mars 2004. Dans une entrevue au journal Le Monde le 12 mai 2004, à la question du journaliste : L’ancien président réclamait à la France plus de 21 milliards de dollars au titre de la “dette de l’indépendance”. Quelle est la position du gouvernement ?

Et Gérard Latortue de répondre : « A l’époque, j’avais déclaré que cette demande n’avait aucune base légale, qu’elle relevait de ces fantasmes dont Aristide a le secret ».

Le Nouvelliste du mardi 20 avril 2004, indiquait que l’actuel Premier ministre avait abandonné la réclamation de la dette de la restitution à la France, parce que selon lui la réclamation faite par le président Aristide en 2003 pour des raisons « politiques », était « illégale et ridicule ». Il avait déclaré au gouvernement français d’alors que l’affaire de la dette dite extorsion de l’indépendance c’était du passé.

Le Premier ministre Gérard Latortue a été reçu à l’Elysée par le président français d’alors Jacques Chirac

C’est ce même Latortue, sur les ondes de Télé Métropole à l’émission Le point du vendredi 3 juin qui a complètement changé de discours : « En aucun cas je n’ai renoncé à ce dossier lors de ma rencontre avec le président français Jacques Chirac. Les Français sont tout à fait favorables à une forme de réparation envers Haïti. Mais la confiance ne règne pas en raison de la corruption et du risque de détournement des fonds ».

Par-dessus le marché, il a même conseillé: « Nous devrions former un comité d’experts qui formulera une demande de réparation basée sur le financement de projets utiles pour le pays. La réparation n’est pas notre argent, elle est un don du passé pour moderniser durablement notre pays dans tous les domaines ».

L’autre protagoniste Camille Chalmers, responsable de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif, (PAPDA) dans une conférence de presse tenue le 2 juin 2022 dernier s’est déclaré pour sa part être en faveur de l’intensification des mouvements réclamant la restitution de ces fonds estimés aujourd’hui à plus de 28 milliards d’euros. Chalmers indique « que le moment est favorable, car des institutions et pays dans le monde ont reconnu le mal qu’a causé l’esclavage à certains pays. Et des dispositions sont prises par bon nombre d’entre eux pour réparer le préjudice ».

Mais a-t-il déjà oublié cette note de presse publiée le 28 Janvier 2004 pour faire écho aux impérialismes français et américains ? Lors, le PAPDA déclarait : Le Président Aristide doit partir dans l’immédiat parce que sous couvert d’un discours de « réparation des abus infligés aux pays du Sud » au temps des colonies, il applique de façon servile et intéressée les dictats du FMI, de la BM, de la BID et du Département d Etat.

Ils n’étaient pas les seuls à se rallier à la cause française, nous ne pouvons pas oublier le duvaliériste Hubert de Ronceray du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde Nationale (MPSN), qui en ce temps-là avait fait savoir « qu’une telle démarche n’a aucune chance d’aboutir, parce qu’elle relèverait de la démagogie ».

La Confédération Unité Démocratique (KID) d’Evans Paul, l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL) de Gérard Pierre-Charles et le Congrès National des Mouvement Démocratique (KONAKOM) de Victor Benoît déclaraient également « voir dans la démarche du chef de l’Etat une tentative visant à empocher de l’argent au nom de la population ».

De gauche à droite André Apaid, Evens Paul(Kplim) et Paul Denis

Nous ne pouvons ne pas citer l’ancien colonel des forces armées d’Haïti Himmler Rébu, qui d’un rejet de main avait qualifié l’appel à la restitution de la dette de l’indépendance lancé par le Président Aristide de simple « comédie ».

Enfin le Collectif Non de Magali Comeau-Denis n’a t-il pas joué un grand rôle dans ce projet au service des puissances tutrices quand il écrit ce qui suit : « A trois mois de la célébration du Bicentenaire de la République d’Haïti, les démarches de réparation et de restitution ne constituent aujourd’hui qu’une tentative désespérée du pouvoir pour faire diversion par rapport à ses propres responsabilités et trouver un bouc émissaire en couverture à son échec ».

D’autres ont pour leur part déclaré que le gouvernement d’Aristide n’avait pas de légitimité, et qu’il avait choisi unilatéralement de s’engager sans un appel aux autres forces politiques.

Les articles du New York Times ont tellement dérangé la classe politique que les réactionnaires ont mobilisé certains journalistes étrangers tels que David C. Adams (St. Petersburg Times 1994-2009) ; Jean Michel Caroit (Le Monde 1987-2019) ; Michael Deibert (Journalist, author and Researcher at the Centro de Estudos Internacionais at the Instituto Universitário de Lisboa) ; Carmen Gentile (Journaliste) ; Gerry Hadden (National Public Radio 2000-2004) ; John Pendygraft (Journaliste et anthropologiste), pour venir à leur secours tout en créant la confusion en revenant avec les mêmes discours GNBistes d’antan pour discréditer le gouvernement Lavalas de façon à tourner en dérision certaines révélations du New York Times. (Voir Alterpresse, le 8 juin 2022 : La représentation du deuxième mandat du président de Jean-Bertrand Aristide : Une lettre ouverte au New York Times concernant Haïti).

Les forces anti-changement n’ont pas désarmé, elles reviennent avec les mêmes propagandistes pour préparer l’opinion nationale comme elles l’avaient fait pour le coup d’état du 29 février 2004. Voici quelques extraits de cet article :

Chavannes Jean-Baptiste, récipiendaire du prix environnemental Goldman et dirigeant de l’un des plus grands syndicats paysans d’Haïti, a failli être assassiné par une foule pro-Lavalas qui comprenait des élus de la ville centrale de Hinche en novembre 2000. Le siège social du parti politique d’Evans Paul, directeur de campagne d’Aristide en 1990, qui est ensuite devenu maire de Port-au-Prince et Premier ministre, a été incendié à trois reprises par des partisans pro-gouvernementaux une fois qu’il s’est heurté à Aristide. À la suite d’une attaque ratée en décembre 2001 contre le Palais national d’Haïti, des foules pro-Aristide ont terrorisé les détracteurs du gouvernement et détruit leurs maisons et le siège du parti, notamment en incendiant la bibliothèque du Centre de recherche et de formation économique et sociale pour le développement (CRESFED) , fondée par l’historienne Suzy Castor et incendiant la bibliothèque privée de l’écrivain et homme politique Gérard Pierre-Charles, qui écrira plus tard qu’on a incinéré « toute une collection de classiques sur le marxisme, mes livres sur Cuba, environ 500 , qui m’avait aidé à écrire Genèse de la révolution cubaine. En décembre 2003, la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL) d’Haïti, dirigée par Michèle Pierre-Louis, qui allait devenir Premier ministre sous le président René Préval, a fait état d’une attaque par des gangs pro-gouvernementaux contre une université (qui a entraîné la paralysie du recteur après avoir été battu à coups de barre de fer) en disant ce qui suit : Nous avons vu des groupes de miliciens pro-gouvernementaux… se regrouper devant notre immeuble, se préparant visiblement à attaquer la manifestation étudiante prévue ce jour-là. Nous avons vu leurs armes exposées, allant des armes à feu, des bâtons de bois et de fer, des pierres et d’autres objets capables de blesser et de tuer. Nous avons vu leurs chefs, hommes et femmes, également armés, équipés de talkies-walkies et de téléphones portables, s’organiser et donner des ordres aux commandos qui devaient attaquer les étudiants. Nous avons vu la police, non pas neutre comme cela a été rapporté, mais agissant en tant que complice de la milice. À plusieurs reprises, au cours de cette journée d’horreur et de honte, la police a ouvert la voie à l’attaque des chimères et a également couvert leur dos. Nous avons vu des enfants âgés de douze à quinze ans, certains en uniforme scolaire, utilisés par la milice Lavalas pour lancer des pierres et attaquer les élèves avec des armes à feu.

Et que n’avaient-ils pas vu encore, à l’époque ? Ils étaient sans doute à court d’imagination. Autrement, ils auraient rapporté des « charniers » comme à Timișoara, en Roumanie, en décembre 1989, ou, plus près de nous, « le massacre de Boutcha » que la presse occidentale à l’unisson avait attribué aux soldats Russes alors qu’il n’en était rien ; c’était un montage par les fascistes néo-nazis ukrainiens.

Les réactionnaires ont réagi aux articles du New York Times dans le sens de leurs intérêts propagandistes à la solde de média mensonges et de l’impérialisme. Encore une fois, « traquée, la bête a hurlé et vomi.»

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