L’agression constante de l’oligarchie dominante contre les masses populaires haïtiennes se révèle parfois à la lumière d’une simple manœuvre en cours qui en dit plus long que mille analyses. Ainsi en est-il de ces émissions propagandistes à caractère de sensibilisation du grand public nouvellement relayées par une certaine presse ou une presse certaine pour essayer non seulement d’équilibrer l’équation politique mais, pire justement, pour mettre le pays et le peuple en général devant le fait accompli.
Cette semaine, le président Jovenel Moise est passé de cette étape de réunions nommées « dialogues communautaires » au Palais national, retransmis du reste par la Télévision et la Radio nationale, à des émissions carrément propagandistes sous forme d’interviews consentis à certains médias privés pour redorer son blason politique. Ces médias ont cru bon d’accorder à l’équipe gouvernementale un soutien critique inspiré en fait par les craintes des milieux d’affaires encore favorables au PHTK.
De telles émissions, sans nul doute, ne sont pas pour convaincre le pouvoir à modifier ses agissements malhonnêtes, de le porter à reculer, mais pour le cautionner et le renforcer de façon à ce qu’il gagne beaucoup plus de terrain en faisant passer ses idées et qu’il intègre l’opinion nationale dans la ligne et la position du pouvoir pourri et corrompu.
Comment cela est-il possible au moment où selon l’agenda de lutte de l’opposition traditionnelle, le mandat présidentiel devrait se terminer au mois de février 2021 prochain ? De telles émissions diffusées sous forme d’interviews trois mois avant une soi-disant fin de mandat constitutionnel, ne contribuent pas à démasquer le pouvoir qui sait toujours comment s’en tirer à bon compte, mais au contraire l’aident à faire figure honorable, lui offrant ainsi une solidarité de classe certaine, généreuse, effective et agissante.
N’est-ce pas une campagne bien calculée, bien huilée par des interventions paraissant critiques, gênantes mais qui, néanmoins, offrent à l’exécutif un moyen de se racheter, de se dédouaner, de vendre aux masses ses points de vue pour les amener à accepter l’inacceptable ?
En attendant d’autres à venir, deux interviews ont été déjà réalisées, l’une à l’émission Le point de Radio et Télé Métropole, l’autre à Scoop FM. Elles ont été un point d’attraction spectaculaire et particulièrement animé, destiné à porter des fruits politiques au panier de Jovenel Moise. Et cela est capital, car le président Jovenel s’est présenté en démocrate, un homme qui se sacrifie au service des masses populaires face à certaines divergences non-fondamentales entre lui et ses anciens amis et commanditaires de la bourgeoisie patripoche qu’il feint maintenant de combattre.
Les réponses du chef de la présidence haïtienne, sur la défensive, démasquent-elles la réalité ? Pas du tout. C’est là un faux réconfort, un faux encouragement au pouvoir dans la bataille en cours. La pratique qu’on veut faire adopter semble bien exprimer non pas précisément un parti pris manifeste mais un moyen de faire taire la voix des revendications des masses populaires. C’est une démarche à double tranchant de façon non pas à conduire le pouvoir à faire marche arrière mais plutôt à avancer de façon résolue.
C’est une récupération de manière progressive et irréversible de l’opinion nationale qui est en voie, facilitée par les divisions internes entre les divers tenants des forces de l’opposition traditionnelle. Ce qui ne manque pas de rappeler, dans une large mesure, que cette opposition n’a rien à proposer comme alternative valable, puisqu’elle n’a rien de viable dans ce sens. On ne peut pas lui demander de donner ce qu’elle n’a pas d’autant qu’elle ne possède guère ni capacité aucune ni volonté de construire une alternative valable aux aspirations des masses défavorisées.
Voilà pourquoi dans ces colonnes, nous ne cesserons jamais de dire que cette Opposition traditionnelle n’est autre qu’une caisse de résonnance du pouvoir, une béquille pour le régime, autrement dit une aide capitale à la survie du pouvoir en place.
Quelles que soient les divergences et les options politiques qui divisent l’opposition et le pouvoir, il est certainement clair que les deux sont totalement acquis aux intérêts des puissances impérialistes. Ils ne sont que des agents serviles et intéressés d’un système qui leur a assuré fortune politique et économique.
Face à cette grave menace de dépotoirs politiques qui prend forme, l’opposition traditionnelle étant totalement et complètement responsable du gâchis en cours au même titre que le régime en place, le journal Haïti Liberté, militant pour la transformation de l’appareil d’État laquais au service des puissances impérialistes, s’inscrit lui-même dans la perspective que la roue de l’Histoire tourne et tournera toujours et irréversiblement dans le sens de la libération et du mieux-être du peuple assujetti. Aussi longtemps que le journal existera, nous poursuivrons la lutte des masses à dessein de continuer le combat contre les forces impériales et leur domination cruelle et criminelle du pays.
Qu’on sache que nous ne nous présenterons jamais sous le masque d’un faux camp progressiste ou d’une presse soi-disant indépendante, puisqu’il n’existe aucun média indépendant. Chaque média dans sa pratique et dans son champ d’action reflète une position de classe bien déterminée qui, de bonne foi ou non, ou bien fait le jeu de l’impérialisme ou bien fait celui des intérêts des luttes ouvrières. Il n’y a pas à sortir de là.
Les démarches à double tranchant doivent être combattues résolument.