Défendons l’union, la dignité et la souveraineté de Notre Amérique

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Les chefs d'État et de gouvernement, membres de l'ALBA-TCP le 5 Mars 2017 à Caracas

Déclaration du 14e Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’ALBA-TCP

NOUS, les Chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique-Traité de commerce des peuples (ALBA-TCP), nous nous sommes réunis à Caracas, 4 ans après la disparition du commandant Hugo Chavez Frias et 4 mois après le décès du commandant en chef Fidel Castro Ruz, nos fondateurs dont l’exemple et les idées traduisent et résument l’héritage des Libertadores.

Ils nous ont appris à comprendre nos luttes et nos aspirations nationales en tant que processus interdépendants et contributions solidaires aux rêves communs de liberté, de dignité, de justice et de paix pour la Grande patrie, à faire prévaloir les intérêts collectifs sur les intérêts nationaux.

L’ALBA-TCP, alliance politique, économique et sociale, défend l’indépendance, l’auto-détermination et l’identité de nos peuples. Nous sommes unis par la solidarité, la complémentarité, la justice et la coopération, avec pour objectif historique de rassembler les capacités et les forces de nos pays afin de parvenir au développement complet et exister en tant que nations souveraines.

L’Amérique latine et la Caraïbe traversent une étape cruciale de leur histoire : les processus démocratiques populaires dirigés par des gouvernements, des forces politiques et des mouvements de gauche affrontent une nouvelle offensive de l’impérialisme, du capital transnational et des oligarchies nationales. Le déclin de l’hégémonisme de l’Empire, les impacts de la crise systémique internationale et la chute des prix de nos ressources d’exportation, en particulier des hydrocarbures, ouvrent de nouveaux défis. Ils sont provoqués par les mêmes forces qui ont créé la pauvreté, l’exclusion et la dépendance de nos nations et nous ont imposé des invasions et des dictatures pour renforcer leur pouvoir.

Pendant toutes ces années et contre notre résistance, le néolibéralisme n’a pas ménagé ses efforts pour étendre sa logique financière : il ne s’agit pas d’une théorie de développement, c’est la doctrine du pillage total de nos peuples. Avec le néolibéralisme, l’économie mondiale n’a pas augmenté en termes réels et par contre, l’instabilité, la spéculation, la dette extérieure, les échanges inégaux, les crises financières de plus en plus fréquentes, la pauvreté, les inégalités, le chômage se sont multipliés, tandis que l’abîme entre le Nord opulent et le Sud dépossédé se creusait.

Son retour a ressuscité le pire conservatisme, réactivé le fondamentalisme, la xénophobie, le racisme et le militarisme. La politique est financée par des entreprises et des gouvernements étrangers. Les progrès scientifiques et technologiques ont favorisé un haut niveau de concertation politique et communicationnelle entre impérialistes et oligarchies visant à manipuler les masses et agresser nos cultures. De nouveaux visages, instruments et méthodes sèment la confusion chez les électeurs et bouleversent les résultats des élections.

Les partis de droite utilisent les pouvoirs législatif, judiciaire et médiatique comme plateformes de conspiration et brisent, sans scrupules, l’ordre démocratique qu’ils tendaient à défendre ; imposent des paquets de mesures d’ajustement avec des privatisations et des licenciements massifs et stimule l’articulation de la subversion politique.

La corruption contre laquelle les organisations et les mouvements de gauche et progressistes de la région ont lutté avant d’arriver au pouvoir et qu’ils ont dû combattre avec force une fois parvenus au gouvernement est manipulée à des fins politiques pour criminaliser et démoraliser certaines organisations et dirigeants. Quelques-uns s’abritent derrière elle pour attaquer l’efficacité, la justice et l’efficience des administrations publiques ; ce qui diminue la confiance des citoyens dans leurs institutions et dans leur pratique participative. D’autres fraudent le fisc, en camouflant de façon immorale leurs capitaux dans des paradis fiscaux.

Nous devons tous les dénoncer et les combattre avec énergie, tout en augmentant nos efforts pour renforcer une bonne gestion de l’administration des biens publics et collectifs. Leur contrôle social doit être considéré comme une priorité dans les pays membres de l’ALBA-TCP. Cet affrontement se révèle essentiel et devra faire partie de notre intégrité et de notre éthique, tandis que nous travaillons à la prospérité de nos pays.

La principale attaque est dirigée contre la Révolution bolivarienne. Les sanctions arbitraires des États-Unis contre le Venezuela, notamment contre son vice-président exécutif, le camarade Tareck El Aissami, doivent être annulées. L’inexplicable ordre exécutif du président des États-Unis d’Amérique du Nord, qualifiant le Venezuela de menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale de ce pays doit être abrogé. Le Venezuela est le berceau de la liberté de Notre Amérique, le moteur de l’intégration régionale et un bastion de l’anti-impérialisme. La défense du Venezuela et de sa Révolution n’est pas le problème exclusif des Vénézuéliens. C’est une cause qui convoque tous ceux qui luttent pour la véritable indépendance en Amérique Latine et dans la Caraïbe. Le Venezuela livre aujourd’hui la bataille d’Ayacucho du 21° siècle.

L’unité et l’intégration régionale de l’Amérique Latine et la Caraïbe est une nécessité impérieuse dans cet environnement complexe. L’ALBA-TCP, associée à des blocs comme le Mercosur, l’Unasur, le Caricom et d’autres qui ont retrouvé leur influence au cours de ces 10 dernières années, doivent continuer à contribuer à l’intégration régionale.

La Communauté des États Latino-américains et caribéens (Celac) est notre œuvre la plus appréciée. C’est le mécanisme destiné à forger l’unité dans la diversité à travers la concertation politique. La Communauté a dû faire face à la résistance des défenseurs du panaméricanisme en échec. Nous nous devons de la préserver.

Notre engagement envers la Proclamation de l’Amérique latine et de la Caraïbe comme Zone de paix guide notre action internationale. Elle confirme notre strict attachement aux principes de la Charte des Nations Unies et du Droit international. Elle réaffirme notre respect de la libre détermination, de la souveraineté nationale et de l’égalité souveraine des États. Elle exprime notre volonté de résoudre les différends de façon pacifique, par le dialogue et la négociation et reconnaît le droit inaliénable de tout État à choisir son système politique, économique, social et culturel.

Les petites économies de la Caraïbe qui ont subi le génocide de leur population native et l’esclavage, le pillage colonial et néocolonial affrontent à l’heure actuelle les défis résultant du changement climatique, des désastres naturels et autres crises mondiales, ce qui fait qu’elles sont les plus vulnérables de notre famille. La Caraïbe, résolument soutenue par la généreuse initiative de Petrocaribe, mérite la plus grande solidarité et toute notre attention.

Nous soulignons que l’eau et l’assainissement de base sont un droit de l’homme qui ne peut être aux mains du secteur privé et qu’il est du devoir des États de garantir leur approvisionnement pour le bien-être des peuples.

Face à l’ALBA-TCP et à tous les authentiques efforts d’intégration, se trouve l’Organisation des États américains, au sein de laquelle les inquiétudes de nos peuples ne peuvent s’exprimer et encore moins être soutenues ou défendues, et ne trouvent que des tentatives et des projets hégémoniques. La conduite du Secrétaire général est indigne et ne dispose d’aucun mandat des États membres.

Notre Amérique fait face à un nouvel agenda de domination impériale, marquée par l’annonce d’un protectionnisme égoïste et extrême qui aura un impact sur nos économies encore dépendantes. La mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le changement climatique est aujourd’hui menacée. Nos peuples, forcés à émigrer à cause de conditions de vie résultant du sous-développement et d’un ordre économique international injuste et excluant, sont persécutés, criminalisés, expulsés et leurs droits de l’homme fréquemment violés. Au nom de la sécurité, les dépenses militaires et policières sont augmentées, des personnes sont persécutées pour des raisons religieuses ou raciales et on construit des murs comme celui de la frontière nord du Mexique, au peuple auquel nous exprimons toute notre solidarité.

L’ALBA-TCP tient à exprimer son inquiétude pour le traitement infligé à nos frères latino-américains et caribéens migrants. À cet égard, nous proposons de réactiver le Fonds d’assistance juridique et le Conseil aux migrants de la Banque de l’ALBA.

Nous, les gouvernements et les peuples de l’ALBA-TCP, nous voyons dans ces phénomènes une nouvelle opportunité pour le regroupement, la mobilisation et la lutte. Nous devons soutenir les actions émancipatrices, fixer avec clarté et réalisme les horizons, bien identifier les valeurs et les principes qui nous unissent et élaborer un programme d’actions d’intégration solidaire et internationaliste qui établisse les prémisses économiques, sociales et politiques du changement libérateur.

Il nous faut renforcer les organisations et les mouvements sociaux pour affronter nos adversaires. Nous devons expliquer davantage aux peuples le niveau de dépendance extérieure élevé de nos économies et comment cela compromet l’indépendance et la souveraineté nationale. Nous pouvons et nous devons ouvrir plus d’opportunités au commerce et à la coopération interrégionale pour assurer l’indépendance économique, garantie de notre indépendance politique.

À cet effet, nous affirmons notre engagement à développer un programme de travail social, économique et productif qui renforce l’Alliance et offre à nos peuples les conditions adéquates pour leur développement complet et complémentaire.

Nous soutenons et appuyons la convocation de l’État plurinational de Bolivie à la « Conférence mondiale des peuples pour un monde sans murs vers la citoyenneté universelle » qui aura lieu les 20 et 21 juin dans la ville de Cochabamba – Tiquipaya.

Nous saluons la désignation du camarade David Choquehuanca, ancie ministre des Affaires étrangères de l’État plurinational de Bolivie au poste de Secrétaire exécutif de l’ALBA-TCP et lui souhaitons le succès dans ses fonctions.

Nous sommes responsables non seulement de construire la conscience de la nécessité du changement, mais aussi de persuader et de démontrer la certitude que c’est possible.

Intégrons-nous et unissons-nous tous. C’est là que réside la victoire.

Caracas, 5 mars 2017

 

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