Criminalisation des cultivateurs de canne à sucre luttant pour leurs retraites !

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Les travailleurs de la canne à sucre se voient refuser le droit de manifester afin de pouvoir mourir sans leur misérable pension

Le gouvernement de la République dominicaine criminalise les cultivateurs de canne à sucre qui luttent pour leurs retraites et les agriculteurs de Cotuí qui s’opposent à Barrick Gold 

Dans le cadre de son offensive antidémocratique, le gouvernement du président Luis Abinader criminalise la contestation sociale et impose des restrictions de plus en plus sévères aux libertés démocratiques déjà limitées. L’attaque policière et paramilitaire contre la marche commémorant le 60e anniversaire de la Révolution d’Avril le 27 avril, l’arrestation de Jesús Núñez, dirigeant du Syndicat des travailleurs de la canne à sucre, entre les 28 et 29 mai, et la répression de la résistance communautaire à Cotuí face à l’expansion des activités minières de Barrick Gold, qui s’est intensifiée en mai et juin, illustrent cette politique officielle répressive.

Contrairement à l’impunité totale accordée par le gouvernement et le Bureau du Procureur général (PGR) aux activités terroristes des groupes paramilitaires et néonazis, les protestations sociales sont confrontées à une vague de répression et de criminalisation.

Les travailleurs de la canne à sucre privés de leur droit de manifester pour pouvoir mourir sans leurs pensions

Le 27 avril, la répression policière a visé une colonne de travailleurs retraités de l’industrie sucrière réclamant le paiement de leurs pensions dues par l’État. Des agents de la Police nationale ont attaqué le groupe d’une centaine de travailleurs haïtiens âgés avec des gaz lacrymogènes sur la place de la Trinitaria, les empêchant de participer à la marche. Le gouvernement avait déjà clairement indiqué sa volonté de réprimer les travailleurs de la canne à sucre le 25 avril, dans un communiqué du ministère de l’Intérieur et de la Police, dirigé par le ministre Faride Raful. Ce communiqué, faisant référence à la marche commémorant le 60e anniversaire de la Révolution d’avril, précisait que « conformément à la législation en vigueur, les étrangers ne sont pas autorisés à exercer des activités politiques sur le territoire national ». De fait, les travailleurs haïtiens de la canne à sucre se mobilisent pour le paiement de leurs pensions depuis plus de dix ans, et des personnes d’autres nationalités ont participé aux manifestations, la législation ne l’interdisant pas.

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Jesús Núñez, dirigeant du Syndicat des travailleurs de la canne à sucre (UTC)

Dans ce contexte, les autorités ont arrêté Jesús Núñez, dirigeant du Syndicat des travailleurs de la canne à sucre (UTC), le 28 mai à 5 heures du matin. Il a été détenu pendant plusieurs heures au commissariat de Boca Chica, puis transféré au commissariat de Los Mina, à Santo Domingo Este, puis aux commissariats de Villa Consuelo et de San Carlos, dans le District national. Ce même 28 mai, le ministère de l’Intérieur et de la Police a été informé d’un rassemblement des travailleurs de la canne à sucre le 3 juin devant le Palais national, par une lettre de l’UTC et de la Coordination populaire nationale. À sa libération le 29 mai, Núñez a déclaré à la presse : « Mardi 3 juin, nous, les travailleurs de la canne à sucre dominicains, serons devant le Palais national, car les immigrants haïtiens ne peuvent plus occuper de postes publics. Nous, les travailleurs de la canne à sucre dominicains, nous y irons présenter un cahier de revendications concernant les retraites et une sécurité sociale décente.» Les travailleurs de la canne à sucre ont le droit d’exiger le versement de leur pension, quelle que soit leur nationalité.

Les travailleurs haïtiens de la canne à sucre se mobilisent pour le paiement de leurs pensions depuis plus de dix ans

La seule définition des activités politiques auxquelles les étrangers ne peuvent participer selon la législation nationale est celle des activités partisanes dans le cadre des campagnes électorales, telles que définies par la loi électorale. Aucune autre définition dans la législation ne vient appuyer l’intention du gouvernement de conditionner les droits civils tels que la liberté d’expression et le droit de réunion publique à la race ou à la nationalité, droits dont les étrangers jouissent au même titre que les Dominicains, conformément à la Constitution elle-même. La tentative de supprimer le droit des Haïtiens à manifester, tout en permettant aux personnes d’autres nationalités de se mobiliser, est l’un des éléments du régime d’apartheid en vigueur en République dominicaine.

Barrick Gold dehors !

Employés de Barrick Gold tués et emprisonnés

Dans le cadre des violences du gouvernement visant à contraindre l’entreprise canadienne Barrick Gold à construire un bassin de décantation à Cotuí, lui permettant ainsi d’étendre ses activités prédatrices dans le pays depuis plusieurs années, le vendredi 30 mai, des policiers et des militaires ont tiré en l’air et attaqué à coups de plombs et de gaz lacrymogène un groupe de militants et de membres de la communauté d’El Naranjo qui manifestaient contre la déforestation et la construction d’une route dans le cadre du projet de bassin de décantation. Plusieurs personnes ont été arrêtées arbitrairement.

Des militants communautaires et le prêtre Johnny Durán ont rapporté que, suite à cette attaque, Jesús Tejada, l’un des militants communautaires touchés par les gaz lacrymogènes, est décédé d’une crise cardiaque dans la nuit du 30 mai. Le porte-parole de la police nationale a déclaré que le décès était dû à des « causes naturelles », sans mentionner la répression subie par Tejada, 76 ans, quelques heures avant sa mort. La plainte de Durán indique qu’Octaviana Gil, 92 ans, a également été gravement touchée par la répression.

Ces attaques ont été aggravées par des arrestations ciblées de porte-parole et de dirigeants du mouvement de défense de l’environnement. Le 5 juin, le défenseur de l’environnement Billo Sosa a été arbitrairement détenu. Auparavant, le 26 mai, son frère, Maximino Sosa, avait également été arrêté sur la base de déclarations d’employés de Barrick Gold. Après une vigoureuse campagne nationale de protestation, Billo Sosa a été libéré dans l’après-midi du 6 juin. Une nouvelle marche contre Barrick Gold est prévue le 8 juin à Cotuí.

 

Mouvement des travailleurs socialistes de la République dominicaine

6 juin 2025

 

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