Conférence pour reconstruire le Sud ?

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Le gouvernement avait prévu 192 milliards de gourdes au cours de cette conférence mais les donneurs internationaux se sont montrés très généreux en faisant la promesse de 600 millions de dollars à Haïti pour démarrer la reconstruction.

Le mercredi 16 février 2022 dernier, à l’initiative du Gouvernement haïtien et de l’Organisation des Nations Unies a été lancée à l’hôtel Karibe convention center à Pétion-Ville, la conférence internationale des donateurs pour la reconstruction de la Péninsule Sud qui a été saccagée par le terrible séisme du 14 août 2021 et la tempête tropicale Grace.

Un compte a été ouvert pour recevoir les dons des différents bailleurs qui ont participé à cette activité de levée de fonds. Dans l’assistance on pouvait remarquer les hôtes en l’occurrence le premier ministre Ariel Henry accompagné des membres de son gouvernement, la secrétaire générale adjointe de l’ONU, Amina Mohammed, le coordonnateur résidant des Nations-Unies en Haïti, Bruno Lemarquis, des représentants des ambassades en Haïti et des membres de la société civile. Les pays qui ont répondu présents ont été les États-Unis, le Canada, l’Union Européenne, la France, la Suisse, le Mexique, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne, le Japon, le Mexique, Cuba, la République dominicaine, l’Argentine, le Brésil et le Chili et plusieurs organisations internationales.

Dans son discours de circonstance, le Premier Ministre de facto Ariel Henry a souligné que : « le coût total de relèvement est estimé à 2 milliards de dollars américains, programmé sur une période de 4 ans, déterminés à partir du Post-Disaster Needs Assessment (PDNA) largement travaillé et soutenu à travers un mécanisme de participation juste, inclusif et égalitaire ».

Premier ministre de facto Ariel Henry lors de son discours de circonstance

Ce  montant sera réparti entre 4 secteurs: secteurs productifs (197 million US), secteurs sociaux (1 515 million US), secteurs infrastructures (172 million US) et secteurs transversaux (94 million US). Pour la première année, environ 454 000 000 $US seront nécessaires à la mise en œuvre du Plan de Relèvement. Ce qui représente environ 25% du montant total de la réponse a confié le Premier ministre.

Mais, cette conférence a un air de déjà vu, des discours déjà entendus. En vérité, elle nous rappelle les multiples conférences des Nations unies qui ont eu lieu en 2010 pour discuter des plans de reconstruction d’Haïti, ravagé le 12 janvier 2010 par un tremblement de terre. Elle nous rappelle les Clinton, Bellerive et autres personnalités dont leurs seuls soucis étaient les intérêts de profit des banques et des entreprises américaines, accompagnés de ceux de l’élite riche haïtienne.

Cependant Ariel Henry se fait l’avocat du diable de la corruption en indiquant pour rassurer les indécis : « Pour lancer effectivement le processus de relèvement et de reconstruction de la Péninsule Sud, environ 347 000 000 $US doivent être trouvés et mon gouvernement a pris toutes les dispositions pour éviter la répétition des erreurs du passé ».

Amina Mohammed de son côté pour encourager les bailleurs à faire preuve de solidarité envers Haïti a enchainé : « Lors de mes visites en Haïti, j’ai souvent entendu que les Haïtiens sont fatigués des occasions manquées et des promesses non tenues. Cette fois-ci, nous devons faire les choses correctement. Cette démarche assurera la cohérence, l’intégration, le réalisme et la transparence encourageant les décideurs à une gestion plus efficace pour éviter les erreurs du passé ».

Le gouvernement avait prévu 192 milliards de gourdes au cours de cette conférence mais les donneurs internationaux se sont montrés très généreux en faisant la promesse de 600 millions de dollars à Haïti pour démarrer la construction et le relèvement du grand Sud sur les 2 milliards prévus par le PDNA. Le Canada, 19,5 millions de dollars, l’USAID, 50 millions, la BID, 80 millions, la Banque Mondiale 194 millions et L’Union Européenne, de son coté, s’engage à faire un don de plus de 30,4 millions d’euros.

L’intervention de la secrétaire générale adjointe de l’ONU, Amina Mohammed

Face à cette table bien garnie de fonds pour découper, le premier ministre Ariel Henry a remercié l’ensemble des contributeurs en ces termes. « Ces contributions vont bien au-delà de nos attentes. Je me réjouis de la compréhension et de la bonne réactivité des pays amis qui ont accepté de participer à la constitution d’un Fonds fiduciaire multi-bailleurs des Nations-Unies pour financer nos efforts de reconstruction. Au nom du peuple haïtien, j’adresse mes vifs remerciements à tous les pays et organisations qui ont contribué aux fonds de relèvement et de reconstruction de la péninsule du Sud »

Ariel de sa part a qualifié la journée de Conférence internationale de financement pour la reconstruction de la Péninsule Sud, de réussite et promet que son Gouvernement va contrôler à ce que ce Plan soit appliqué à la lettre et que toutes les dépenses soient faites dans une logique de transparence. Le PRIPS s’échelonne sur une période de 4 ans, et un fonds de 454 millions de dollars américains pour la première année sera mise en œuvre dans le cadre de ce plan de relèvement. 23,6% de financement étant déjà disponible, il reste donc au gouvernement de mobiliser trois cent quarante-six millions neuf cent soixante-quatorze mille sept cent trois dollars américains (346. 974. 703 USD).

La secrétaire générale adjointe de l’ONU, Amina Mohammed, avant de repartir à New York, le jeudi 17 février 2022 a laissé entendre que la conférence a été un succès tout en exprimant son espoir de sorte que le reste du budget de 2 milliards de dollars soit trouvé.

Une vue de l’assistance

Pour l’histoire, rappelons que la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH) co-présidée par le premier ministre Jean Max Bellerive et l’envoyé spécial de l’ONU, William Clinton, ancien président des États-Unis, gérait un don de $13 billions de dollars et rien n’a été fait objectivement dans le cadre de cette reconstruction dont on parlait en ce temps-là. Selon un rapport publié en novembre 2011 par le bureau américain chargé du contrôle des comptes (GAO) « 412 millions de dollars alloués par les Etats-Unis à la reconstruction d’infrastructures en Haïti ont été dépensés par Usaid et le département d’Etat américain, et seuls 12 % ont réellement été affectés »

Et jusqu’à nos jours le peuple haïtien ne cesse de demander « Où est passé l’argent de la CIRH ? »

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