Du 10 au 13 août 2017 s’est tenue à Leningrad une conférence internationale sur le thème « Du rôle et de l’importance de la Révolution d’Octobre et de l’expérience de la construction du socialisme en Union soviétique pour le mouvement communiste et ouvrier moderne ».
Cette conférence a été organisée par le Parti Communiste Ouvrier de Russie (PCOR-PCUS), qui a invité les partis révolutionnaires marxistes-léninistes, qui s’inscrivent dans le cadre de la lutte des classes, défendent la nécessité d’un processus révolutionnaire instaurant la dictature du prolétariat, et considèrent comme indispensable de combattre les tendances opportunistes à l’œuvre dans le mouvement communiste et ouvrier. Les délégations de 30 partis communistes et ouvriers ont participé à la conférence dont le Parti Communiste Révolutionnaire de France.
Ce rassemblement a eu lieu au moment du centenaire du Sixième Congrès du Parti bolchevik, le POSDR (b), qui avait pris en août 1917 la décision de réaliser la révolution socialiste par la préparation d’un soulèvement armé.
La conférence a été ouverte par le Premier secrétaire du Comité Central du Parti Communiste Ouvrier de Russie, V. Tyulkin qui a déclaré : « Avec toutes les forces progressistes du monde, nous célébrons le 100e anniversaire de la Révolution d’Octobre et nous vous invitons dans la patrie de la Révolution. (…) Lénine disait que la meilleure façon de célébrer un jubilé consiste à se concentrer sur la résolution des problèmes non résolus. En se fondant sur ce conseil léniniste, et en réponse aux questions des camarades étrangers : « Comment allons-nous célébrer et que faire en Russie ? » – nous avons décidé que la meilleure approche, ce n’est pas d’énumérer les réalisations d’Octobre, ou plutôt de ne pas s’attarder sur cela ; mais plutôt, d’analyser le chemin passé, pour comprendre les erreurs qui ont été faites ».
Tous les rapports ont été entendus lors de la conférence, après quoi les représentants des délégations participantes ont échangé leurs points de vue et leurs commentaires sur les rapports présentés et sur les problèmes réels du mouvement communiste et ouvrier.
La conférence s’est achevée sur le chant de l’Internationale, puis sur la distribution, auprès des délégations étrangères, de médailles commémoratives du Comité central du PCUS, intitulées « 100 ans de la Grande Révolution Socialiste d’Octobre ».
Quelques jours après cette conférence, la déclaration ci-dessous a été adoptée par 38 partis communistes et ouvriers:
Notre avenir n’est pas le capitalisme, mais le monde nouveau de la victoire de la Révolution Socialiste et de la construction du socialisme !
Nous, participants à la conférence internationale, réunis à Leningrad pour le centenaire du VIe Congrès du POSDR(b) qui a statué sur la préparation de l’insurrection armée et de la Révolution Socialiste, présentons cette déclaration comme la position commune des partis s’appuyant sur le marxisme-léninisme qui enseigne que la révolution socialiste est une loi objective conditionnée par les contradictions inhérentes au capitalisme.
Le Grand Octobre de 1917 a confirmé la justesse de la théorie marxiste-léniniste sur le caractère inévitable de la révolution socialiste en tant que maillon indispensable de la victoire du prolétariat dans la lutte des classes contre la bourgeoisie et de la construction du socialisme-communisme, une société du libre développement de tous ces membres. Les tentatives de s’extirper du monde du capital par la voie réformiste mènent à la consolidation des inégalités sociales et de l’exploitation.
Le Grand Octobre de 1917 a confirmé la justesse de la thèse léniniste sur la possibilité de la victoire dans les conditions de l’impérialisme de la révolution socialiste dans plusieurs ou un seul pays. Contrairement à toutes les révolutions précédentes, qui menaient au remplacement d’une formation basée sur l’exploitation par une autre, la révolution socialiste commence par la conquête du pouvoir politique par le prolétariat et par l’instauration de la dictature du prolétariat dans la lutte pour la construction du socialisme et du communisme total et entier en réprimant l’opposition des classes exploiteuses renversées et des éléments contre-révolutionnaires et en se protégeant contre l’agression impérialiste.
La Commune de Paris a été la voie pionnière. Le Communisme, dont parlaient Marx et Engels au XIXe siècle, est passé de la fiction à la réalité en débutant par la Révolution Socialiste d’Octobre en Russie. Le socialisme dans un seul pays s’est transformé, dans la seconde moitié du XXe siècle, en un système mondial du socialisme et l’URSS est devenue la deuxième puissance mondiale. Dans la lutte permanente contre l’ennemi extérieur et intérieur, dans le combat contre le fascisme, contre le monde de l’oppression et de l’obscurantisme, un monde nouveau se créait, sans exploitation et parasitisme, avec une société libre et juste. Pendant les 70 ans de son existence, l’URSS était le flambeau qui a éclairé la voie pour les peuples opprimés et soulevé le prolétariat dans la lutte pour son émancipation.
La Grande Révolution d’Octobre a mis les bases de la crise du système colonial du capitalisme qui s’est développé après la victoire de l’Union Soviétique dans la Seconde Guerre mondiale, ce qui a conduit à l’effondrement de l’ensemble de ce système.
Nous exprimons notre solidarité avec la lutte des peuples pour leur indépendance et leur souveraineté dans la confrontation avec la politique impérialiste agressive, car cette lutte des communistes est toujours liée à la lutte de la classe ouvrière contre le pouvoir du capital à la fois dans le monde et dans ses propres pays.
La théorie du communisme scientifique et l’expérience de la construction du socialisme au XXe siècle ont montré que le pouvoir qui s’est consolidé au terme de la victoire de la révolution socialiste ne peut être autre chose que la dictature du prolétariat, c’est à dire le pouvoir que la classe ouvrière ne partage avec aucune autre classe. C’est ce pouvoir là qu’il faut soutenir car c’est le seul qui exprime les intérêts du prolétariat.
La Grande Révolution d’Octobre a installé le pouvoir des Soviets dans le pays comme la seule forme de pouvoir de la classe ouvrière. Le lendemain de l’insurrection du 7 novembre 1917 et du renversement du gouvernement bourgeois provisoire, le Deuxième Congrès des députés ouvriers, paysans et soldats a proclamé le pouvoir des Soviets dont la dictature du prolétariat était l’essence. Les Soviets sont apparus dans la Russie tsariste comme les organes de lutte des ouvriers. Cette lutte était d’abord économique puis politique pour la conquête du pouvoir par les ouvriers. Après la Révolution, les Soviets sont devenus les organes de la dictature du prolétariat.
La troisième révolution russe qu’est la Révolution d’Octobre 1917, était une révolution socialiste de par son contenu socio-économique et politique, tranchant un grand nombre de questions démocratiques qui se posaient au pouvoir soviétique et qui étaient hérités du gouvernement bourgeois et même du pouvoir réactionnaire du tsar. Mais dès les premiers jours, la Révolution d’Octobre s’est chargée de régler les problèmes que ni l’autocratie ni la démocratie bourgeoise n’ont pu ou n’ont pas voulu régler. Les premiers décrets du pouvoir soviétique portaient sur la paix, la terre, la création du gouvernement ouvrier et paysan, les pleins pouvoirs des soviets, l’abolition des corporations et des fonctions étatiques, la nationalisation des banques, des chemins de fer, des voies de communication, des entreprises, des usines, etc.
Le 15 novembre 1917 a été adoptée la Déclaration des Droits des Peuples de Russie qui proclamait:
– l’égalité et la souveraineté des peuples de Russie
– le droit des peuples de Russie à disposer d’eux-mêmes, y compris par la sécession et la création d’une entité étatique indépendante
– l’abolition des tous les privilèges nationaux ou religieux
– le libre développement des minorités nationales et ethniques vivant sur le territoire de la Russie
Ainsi, dès ses premiers pas le pouvoir soviétique réalisait le contenu socialiste des mots d’ordre avec lesquels les bolcheviks soulevaient le peuple pour la Révolution: « Paix aux peuples ! », « Tout le pouvoir aux Soviets ! », « La terre aux paysans ! », « Les usines aux ouvriers ! », « La journée de 8 heures pour tous ! ». Au sens politique, du point de vue de la forme de la conquête, de la construction du pouvoir et de sa consolidation par des mesures urgentes, la Révolution socialiste d’Octobre se caractérisait comme soviétique.
La portée historique et mondiale de la forme de dictature du prolétariat créée par la classe ouvrière de Russie consiste en ce que les Soviets s’appuient, dans leur formation et leur travail, sur la réalité objective qu’est l’organisation des travailleurs dans le processus de la production sociale, et ainsi, assurent l’essence de la dictature du prolétariat. Les soviets, dont les députés étaient élus dans des collectifs de travail, assuraient le caractère prolétarien du pouvoir et son contrôle par les masses laborieuses.
Les soviets ont toujours et partout lié le principal contenu de leur activité aux mesures pratiques. La Commune de Paris le faisait déjà dans sa volonté de faire des travailleurs les maitres de la société. L’expérience de la Commune de Paris a montré, et l’expérience de l’URSS a confirmé, le rôle primordial joué par le parti révolutionnaire d’avant-garde en tant que locomotive de la construction d’une société nouvelle. La théorie léniniste du parti garde toute sa pertinence et la pratique historique confirme qu’il ne peut y avoir de mouvement révolutionnaire sans un parti révolutionnaire. Ce parti était le Parti Bolchevik, le parti de Lénine et de Staline. Sous sa direction en URSS ont été réglés les problèmes très importants qu’un pays capitaliste, par essence, ne pouvait régler. Cela a été confirmé par l’expérience des partis frères des pays du bloc socialiste. Plus précisément, le chômage a été éradiqué, l’éducation, l’enseignement, la médecine, l’accès à la science, à la culture, au sport ont été gratuits. En URSS, le logement et le transport étaient pratiquement gratuits également. Dans aucun des pays capitalistes la sécurité des personnes n’a été aussi bien assurée qu’en URSS. Dans ce pays, l’âge de départ à la retraite était le plus bas au monde.
L’expérience de l’URSS a aussi confirmé la justesse de l’exigence du programme du parti marxiste-léniniste formulée par Marx et Engels dans le Manifeste du Parti Communiste sur la socialisation des principaux moyens de productions comme l’une des lois les plus importantes de la révolution socialiste. L’expérience de la Grande Révolution Socialiste d’Octobre a montré dans les faits qu’après la conquête du pouvoir étatique par la classe ouvrière se posait la question de l’expropriation des expropriateurs dans toute l’économie du pays, ce qui est nécessaire pour liquider la domination économique de la bourgeoisie et assurer une base économique à la dictature du prolétariat. Sans la propriété collective des moyens de production, la classe ouvrière ne pourrait garder le pouvoir politique et mener les changements socialistes. La base économique de la réalisation, de la consolidation et du développement du pouvoir soviétique durant la période de la dictature du prolétariat est constituée par la socialisation des moyens de production et la production planifiée destinée à satisfaire le développement et à assurer le bien être de tous les membres de la société.
Le but de la production socialiste n’est pas la plus-value, mais le bien-être et le développement des tous les membres de société. La renonciation à cet objectif, l’introduction des lois du marché mènent à la destruction du socialisme car l’économie basée sur l’échange marchand ne peut par principe être la base économique du pouvoir prolétarien. Le marché c’est le capitalisme et la base pour la dictature de la bourgeoisie.
La théorie marxiste-léniniste ne dicte pas de recettes détaillées ni de modèles idéaux de la société future. Marx et Engels disaient que le communisme n’est pas un état de choses qui doit être instauré, n’est pas un idéal auquel la réalité doit se conformer, mais le mouvement réel qui détruit l’état de choses actuel qui est injuste et qui freine le développement de la société.
La nécessité pour le prolétariat d’avoir son Etat est déterminée par la nécessité de réprimer ce qui est en contradiction avec les intérêts de la classe ouvrière car cette dernière traduit les intérêts de toutes les couches laborieuses. Tant que les classes existent, l’Etat est l’organisation et l’instrument de la dictature de la classe dominante. Par conséquent, la nécessité de l’Etat de dictature du prolétariat disparait seulement avec la réalisation des objectifs finaux des communistes: disparition des classes sociales, effacement de la différence entre la ville et la campagne, entre le travail physique et intellectuel, construction du communisme total, disparition de la menace d’agression capitaliste de l’extérieur et de l’intérieur.
Le pourrissement idéologique et politique de l’appareil d’Etat et du Parti, la révision du marxisme-léninisme réalisée lors des Xe et XXIIe Congrès du PCUS et qui a atteint son apogée lors de la perestroika gorbatchevienne, le rejet des principes fondamentaux de la construction du communisme en théorie et en pratique, le carriérisme et la bureaucratie, ont mené à la contre-révolution et à la restauration du capitalisme. Avec le soutien de l’impérialisme international, la destruction du socialisme en URSS a pu avoir lieu et un groupe d’Etats bourgeois s’est formé à sa place. Après l’éclatement de l’URSS, la réaction impérialiste a pris les devants dans le monde entier. Le système socialiste mondial a été détruit. Le nombre des Etats socialistes s’est considérablement réduit. Dans de nombreux pays, une vague d’anticommunisme et d’antisoviétisme a provoqué des répressions contre les partis communistes et les communistes, et cela continue aujourd’hui. Les Etats Unis et l’Union européenne se trouvent au premier rang de cette réaction et quasiment tous les Etats bourgeois y participent.
Dans ces conditions, les communistes déclarent ouvertement : l’anticommunisme et l’antisoviétisme ne passeront pas ! Les contre-révolutions des trente dernières années ne changent pas le caractère de notre temps, le temps du passage du capitalisme au communisme ! La Révolution ne peut s’arrêter ! Après la contre-révolution, il y aura forcément la Révolution ! Et les communistes sont forcément des révolutionnaires !
Ces dernières années, la tendance manifeste aux changements dans les relations entre les pays capitalistes, sous l’influence de la loi du développement inégal du capitalisme, devient de plus en plus évidente. Les Etats-Unis restent la première puissance économique et militaire ; mais leur part dans le PIB mondial se réduit et l’Union européenne joue aussi un rôle important dans les processus de globalisation. D’autres puissances dominées par les rapports de production capitalistes entrent en jeu, comme les Etats des BRICS par exemple. Les contradictions inter-impérialistes qui ont toujours mené aux conflits locaux, régionaux et surtout aux deux guerres mondiales, continuent aujourd’hui à générer des conflits violents et des confrontations sanguinaires (économiques, politiques et militaires) pour le contrôle des matières premières, des sources énergétiques, des voies de transport, des parts de marché. Dans cette lutte, les Etats Unis et l’OTAN sont généralement aux avant-postes, ainsi que d’autres pays impérialistes comme, par exemple, Israël ou les pays du Golfe.
A côté de ça, l’offensive a lieu dans le monde entier contre les acquis sociaux des travailleurs. L’arme idéologique principale de la réaction est la théorie néo-libérale et social-démocrate du partenariat social, de la collaboration des classes, de la paix civile et des obstacles à la révolution. Cet arsenal est complété par le révisionnisme et l’opportunisme, qui sont une arme de l’impérialisme.
Dans le même temps, sur la base de la production basée sur la propriété privée, l’humanité ne peut se développer conformément aux intérêts de la classe ouvrière et des couches populaires. La vie et le développement de l’Homme ne peuvent être limités par la propriété privée ou la volonté des uns d’être maitres pour que les autres soient leurs serfs. Le mouvement communiste international est obligé de redoubler d’efforts pour la lutte des classes, pour les intérêts de la classe ouvrière. Aux mots d’ordre bourgeois sur la « globalisation mondiale » ou sur le nationalisme d’Etat, les communistes répondent : seule la lutte contre l’impérialisme dans la perspective de la construction du socialisme et du communisme total et entier, seule la voie amorcée par la Grande Révolution d’Octobre est la route souveraine de l’humanité vers la liberté réelle et l’égalité au sens de la disparition de toute possibilité d’exploitation, de la liquidation des classes, vers la fraternité et le bonheur des tous les peuples et la préservation de la vie sur Terre.
La réorganisation du mouvement communiste international, la sortie de la situation de crise et de capitulation, l’élaboration d’une stratégie commune basée sur le marxisme-léninisme et l’internationalisme prolétarien, la reconnaissance du rôle et de l’apport de l’URSS, ainsi que la nécessité du renversement révolutionnaire du capitalisme et de la construction d’une société socialiste puis communiste, sont des objectifs exigés par la lutte contre l’offensive des monopoles et des gouvernements bourgeois, contre le capitalisme réactionnaire, le fascisme et l’impérialisme. Pour le mouvement communiste international, aujourd’hui, la lutte internationale contre les guerres impérialistes est primordiale. L’une des tâches les plus importantes est la lutte intransigeante contre le révisionnisme et l’opportunisme sous toutes leurs formes ; car c’est un danger énorme pour le mouvement communiste.
Les révolutions ne se renferment pas dans des limites, elles se réalisent non pas par la volonté des guides ou des partis ; mais traduisent les intérêts objectifs et la volonté implacable de la classe d’avant-garde, des exploités et des peuples opprimés de jouir des résultats de leur travail, de développer les forces productives, de créer des valeurs matérielles et morales pour tous.
Que les idées et l’œuvre du Grand Octobre persistent à travers les siècles !
Travailleurs, exploités, peuples opprimés, debout dans la lutte pour en finir avec le système capitaliste et l’exploitation, pour construire le socialisme et le communisme ! C’est là l’unique alternative et le futur inévitable pour toute l’humanité.
Vive la Grande Révolution Socialiste Soviétique ! Vive le Communisme dans le monde entier !
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
Léningrad Août 2017
Solidarité Internationale 9 Septembre 2017