De New-York à Ottawa en passant par Montréal, Merci !

Compte-rendu de voyage en Amérique

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Wiener Kerns Fleurimond

De part et d’autre du continent américain, les vacances sont terminées. Les Communautés caribéennes (West-Indies), y compris les Haïtiens, ont célébré la fin des vacances par un carnaval grandiose le 2 septembre, date coïncidant avec la Fête du travail « Labor Day » aux Etats-Unis d’Amérique.

En Europe, particulièrement en France, cette date marque pourtant la fin de la récréation pour tout le monde. Ceux qu’on appelle les juilletistes et les aoûtiens ont repris le chemin de leur bureau. Tandis que des millions d’écoliers retrouvent leurs petits camarades sur les cours des écoles. Moi aussi, j’ai dû mettre fin à mon périple d’Amérique et plier bagages comme tout le monde pour retrouver mon antre quelque part en France avant un saut vers l’inconnu en Haïti, pays où, depuis 2021, l’on ne vit pas mais où on tente de survivre. Il faut dire que j’ai quitté l’Amérique avec regret. Non pas parce que je voulais y rester.

Il est déjà trop tard pour une telle aventure. Mais pour l’accueil que les compatriotes des deux côtés de la frontière (USA et Canada) m’avaient réservé et les bons moments passés un peu partout dans ces deux pays à l’apparence identique mais en réalité diamétralement différents à bien des égards, notamment sur le plan social et politique. Parler de vacances, en vérité, est un grand mot. Car j’y n’étais pas vraiment pour prendre du bon temps dans le sens de faire la fiesta avec des copains et même avec la famille durant ce quasi-mois passé sur les terres des Apaches, Comanches et autres Inuits et Atikamekw du côté canadien. Certes, faisant la traversée de New-York jusqu’à Ottawa, la capitale fédérale du Canada au volant d’un grand véhicule SUV, en traversant les prairies américaines et les vastes plaines du Québec et d’Ontario, c’est le dépaysement total et franchement cela vaut le déplacement, mais ce n’était pas le but premier de ce voyage au long cours sur le nouveau continent.

J’avais entrepris ce voyage, en effet, dans un but précis : présenter mon dernier ouvrage au public américain et canadien particulièrement aux Haïtiens de ces deux pays dans lesquels ces compatriotes ont en commun le mal du pays d’origine, Haïti. Si New-York a toujours été mon port d’attache aux USA, où je dispose d’un nombre considérable de proches et de lointains parents et bien évidemment une foultitude d’amis, d’anciens camarades, etc., forcément le voyage devait commencer par la « Grosse Pomme ».

En revanche, Montréal est toujours l’autre étape incontournable de mes visites en Amérique. Celui du mois d’août 2024 n’avait pas dérogé à la règle. Surtout que j’ai été invité par plusieurs groupes socioculturels d’Ottawa et de la ville de Jacques Cartier (Montréal) pour des ventes signature de mon dernier livre intitulé : De l’opposition à l’assassinat d’un chef d’État. Haïti, 220 ans de tragédie politique » publié cet été (juillet), à Paris, aux Éditions l’Harmattan. Arrivé à New-York dès le premier jour du mois d’août, avec pour quartier général la ville d’Elmont à Long Island, durant une semaine je ne faisais que parcourir les localités de Queens, Brooklyn et Manhattan où j’avais été invité par des compatriotes pour faire découvrir, en petit comité, l’ouvrage en question.

Partout, l’accueil a été chaleureux, amical et sincère avec une envie de se procurer le livre qui, à chaque fois, a été en rupture de stock compte tenu du nombre insuffisant apporté pour chaque présentation. Car, le problème, c’est qu’il fallait laisser un lot pour chacune des rencontres prévues durant deux semaines à New-York. Or, l’institution à l’origine, le journal Haïti Liberté, et la personne responsable de la distribution de mes ouvrages à New-York, Berthony Dupont, à travers la librairie Grenadier Books, avaient réservé l’avant dernière semaine du mois d’août pour une grande séance de signature au siège du journal, à Albany Avenue. De fait, en dépit de l’engouement de nos compatriotes, il fallait laisser une quantité suffisante, pensons-nous, pour cette soirée coïncidant avec la célébration du 18e anniversaire de la création de cet hebdomadaire trilingue (français, créole et anglais), le seul vrai journal de gauche haïtienne édité sur la côte Est des Etats-Unis.

Après ce plein succès à New-York, le moment était venu de se rendre au bord des rives du fleuve Saint-Laurent à Montréal et ensuite à Ottawa dans la province de l’Ontario. Là aussi, il fallait prévoir un nombre d’ouvrages qu’on pensait suffisant compte tenu de plusieurs groupes ayant sollicité des rencontres pour des dédicaces. Samedi 10 août, me voilà en compagnie d’une partie de la famille sur l’autoroute 87 Nord, direction Albany, la capitale de l’État de New-York, puis Montréal par l’A15 une fois la frontière traversée. Dès le lendemain, les affaires reprenaient si je peux dire avec l’enchainement de signatures à l’avenue Pierre de Coubertin et ce, durant plusieurs jours. Des compatriotes ont fait le déplacement en nombre. Certains ont pris deux exemplaires, à l’instar du professeur Herby Glaude, un vieil ami parisien venu de plusieurs kilomètres.

Un merci tout particulier à Cassandre Théodore, venue elle de je ne sais où pour récupérer son exemplaire signé. Elle l’attendait depuis sa parution, refusant de l’acheter sur Amazon sachant que j’allais venir à Montréal. Trois jours plus tard, il faut partir pour Ottawa où m’attendait Vanel Genéus et son équipe. Surtout je commence à m’inquiéter, le stock s’épuise dangereusement. Y-aura-t-il pour tout le monde ? Pas sûr. Or, je n’ai pas encore fait un tour à CIDIHCA au N° 430 de la rue Sainte Hélène pour rencontrer Fanfan (Frantz Voltaire), un ami, le patron de ce « Centre international de documentation et d’information haïtienne, caribéenne et afro-canadienne », un passage obligé depuis plus de quatre décennies pour tout auteur haïtien qui se respecte. Éditeur de nombreux auteurs haïtiens et étrangers, j’ai déjà un manuscrit à l’étude sur son bureau. A CIDIHCA, haut lieu de la littérature et de la culture haïtiennes en particulier et du monde noir en général, il faudra penser à laisser au moins deux exemplaires de : « De l’opposition à l’assassinat d’un chef d’État. Haïti, 220 ans de tragédie politique » dans la vaste bibliothèque du Centre, lieu incontournable à Montréal à deux pas du Métro Square Élizabeth/UQAM.

Entre-temps, l’on reprend la route vers Ontario, puisque, dans la capitale fédérale, les organisateurs s’impatientent. Pourtant, ils ne sont pas au bout de leur impatience. Sur le trajet, une halte obligatoire s’impose à Gatineau, une des villes de la Province du Québec à quelques encablures de la frontière avec celle d’Ontario et donc la ville d’Ottawa à ne pas confondre avec Toronto qui, elle, est la capitale de la province. A Gatineau, l’accueil était on ne peut plus chaleureux. Là, je rencontre un groupe d’haïtiens sympathiques, surtout originaires du Sud d’Haïti, tous passionnés et remplis de nostalgie de leur pays qu’ils aiment à la folie mais se plaignant de l’impossibilité de s’y rendre vue l’insécurité qui y règne depuis plus de trois ans.  Etant donné qu’ils ne peuvent pas aller « se la couler douce » sous le soleil des plages de Gelée aux Cayes ou à Port-Salut, ils se jettent sur tous les écrits parlant d’Haïti, notamment de ces tragédies qui persistent rendant encore plus improbable un éventuel retour au pays. Les quelques exemplaires dont je disposais sont partis comme des petits pains. Il fallait avoir du courage pour en laisser pour la ville qui m’avait invité.

Après une bonne demi-journée passée à Gatineau, on reprend la route juste pour quelques minutes et nous voilà à Ottawa. Une petite visite des lieux emblématiques de la capitale canadienne s’impose : le Parlement, la Résidence officielle du Premier ministre, le ministère des Affaires mondiales (Étrangères), les Ambassades de France et d’Haïti et le centre-ville historique. A la vérité, rien de très impressionnant, en tout cas, pour quelqu’un connaissant déjà la ville et surtout quand on arrive de la vielle Europe et connaissant Rome ou Paris notamment où la quasi-totalité des monuments historiques ou des constructions relèvent de l’archéologie. Après un bref détour par la zone touristique, l’on remet notre casquette d’auteur et l’on repart à la rencontre des compatriotes vivant dans le grand Ottawa qui nous attendaient, impatients de découvrir le contenu d’un livre dont le titre porte à équivoque. En effet, il faut se méfier de ce titre imposé par l’éditeur pour raison commerciale. Le titre original était tout simplement : De l’opposition à l’assassinat, Haïti, 220 ans de tragédie politique.

La maison d’édition avait estimé qu’il serait mieux de rajouter : d’un chef d’État, s’agissant d’un ouvrage concernant l’assassinat du Président Jovenel Moïse. A Ottawa, le public était plus qu’au rendez-vous. Je ne saurais exprimer ma gratitude envers tous les organisateurs  qui ont fait un travail extraordinaire pour mobiliser les compatriotes qui ont répondu par leur présence à l’invitation. On s’est confronté aux mêmes problèmes qu’on a eus durant la première semaine à New-York et à Montréal quelques jours auparavant : pas assez de livres pour satisfaire toute l’assistance dont certains sont venus de très loin. Encore une fois, nous regrettons de ne pas avoir pu les satisfaire. Compréhensifs et beaux joueurs, certains se sont rabattus sur les sites de vente en ligne. Un accueil à nul autre pareil qui a été réservé à cet Opus décrivant la trame ayant conduit au magnicide du 7 juillet 2021. Encore merci à toutes et à tous pour s’être déplacés nombreux lors de cette présentation. L’ambassadeur d’Haïti au Canada, Dr Weibert Arthus, un ancien collègue journaliste à Paris, étant en voyage en Europe, s’était excusé. Mais, tout n’était pas fini au Canada.

Il fallait revenir une nouvelle fois à Montréal pour conclure ce séjour littéraire. Après avoir été accueilli par Frantz Voltaire (Fanfan), le Directeur du CIDIHCA, et un de ses collaborateurs, le mardi 13 août, et après une longue visite guidée de ce Temple de la littérature et de la culture devenu quasi-mythique au Québec, le mercredi 14 l’on s’était retrouvé à la ville de Trois-Rivières pour rencontrer une communauté religieuse ayant la particularité qu’elle soit composée à 100% d’haïtiennes et d’haïtiens et naturellement dirigés par des prêtres haïtiens. Les jours suivants étaient consacrés aux réseaux des médias communautaires à Montréal entre autres radio Groove FM, radio La voix divine, etc. sur lesquelles j’étais, pendant deux heures, l’invité spécial à l’occasion de la commémoration, le dimanche 18 août, de la Cérémonie du Bois Caïman organisé sous le leadership du hougan Dutty Boukman dans la nuit du 14 et 15 août 1791. Rassemblement qui est à l’origine du premier soulèvement général d’esclaves à Saint-Domingue huit jours plus tard entre 22 et 23 août et qui allait conduire à la révolution haïtienne et à l’indépendance d’Haïti dix ans plus tard.

Je profite de cette opportunité pour saluer et remercier le staff « Éduquer pour Guérir », particulièrement le trio composé de Jean Frantz Joseph, Dr Edwin Magloire et Benes Joseph pour leur dévouement, leur patriotisme et leur engagement à faire connaître l’histoire d’Haïti de manière scientifique et objective dans la diaspora haïtienne de l’Amérique du Nord. Messieurs, chapeau pour votre travail et bonne continuation ! Je n’oublie point ma présence à la « Journée du livre haïtien » le samedi 17. Une manifestation organisée par le Centre N A RIVE et sa Directrice générale, Ninette Piou et appuyée par les maisons d’édition CIDIHCA et Mémoires d’encrier au 6965 rue Saint Denis à Montréal près du Métro Jean Talon. Un sacré rendez-vous socioculturel et littéraire haïtien dont c’était la 16e édition cette année.  A cette occasion, j’ai pu rencontrer beaucoup de vieilles connaissances outre l’infatigable Frantz Voltaire qui avait insisté pour que je sois présent mais aussi pour ne citer qu’un seul autre Rodney Saint-Éloi, patron de Mémoires d’encrier, toujours très accueillant.

Wiener Kerns Fleurimond lors de la signature d’un précédent livre : Haïti, l’Etat de la Nation

Après cette semaine consacrée à la Communauté haïtienne du Canada, je devais retourner sur mes pas, c’est-à-dire, à New-York où d’autres activités m’attendaient un peu partout dans la région new-yorkaise toujours dans le cadre de la présentation du livre dont le succès ne se dément pas. A Elmont où j’avais établi mon QG, durant cette dernière semaine, je ne cessais de signer les exemplaires que plusieurs personnes avaient préalablement commandés bien avant mon départ de Paris. Le jeudi 22, c’est avec l’avocat et juriste Franco-Haïtien et un de mes préfaciers, Éric Sauray, lui-même auteur, qui était aussi en vacances dans la « Grosse Pomme » que j’ai déjeuné à Manhattan, dans un restaurant italien situé place Ground Zero Memorial au pied de On World Trade Center, l’unique building (Tour) construit à la place des deux autres qui ont été détruits lors de l’attentat du 11 septembre 2001.

Après une visite du Musée consacré à ce dramatique événement et avoir lu quelques noms parmi des centaines inscrits sur les deux bassins géants situés à l’endroit exact où se levaient jadis les Tours jumelles et un saut non loin de-là, à Times square, le centre névralgique de New-York City, il était temps de rentrer se reposer. Car le grand rendez-vous c’était pour le lendemain samedi 24 à Albany avenue à Brooklyn au journal Haïti Liberté où les préparatifs allaient bon train en vue de la méga fête.

D’une part pour l’anniversaire de cet hebdomadaire de gauche paraissant chaque mercredi qui ne laisse personne indifférent après 18 années d’existence sans interruption et sans manquer une seule parution. C’est un record! Un exploit même dans le monde de l’édition et de média communautaire. D’autre part, je devais procéder à une vente signature record dans la mesure où, dès la fin de l’intervention du Directeur du journal, Berthony Dupont et de votre serviteur, il ne restait plus aucun exemplaire. Berthony ou encore Kim Ives, un journaliste américain francophone et créolophone, n’ont pu conserver les leurs tant la demande a été forte et pressante.

Une vente signature éclair, si  j’ose le dire, puisque, en une fraction de temps, tout le stock qui était réservé pour le journal et pour cette manifestation a été écoulé en un rien de temps. Il faut dire que l’équipe du journal avait fait un travail conséquent sur le plan de la communication. Plusieurs semaines à l’avance, un encart publicitaire avait trouvé sa place parmi les annonces communautaires. Et d’autre part, plusieurs amis et supporters du journal avaient réservé un ou deux exemplaires. Du coup, ce samedi 24, c’était juste une simple formalité pour écouler tout le stock de cet ouvrage qui explique de la première à la dernière page pourquoi Jovenel Moïse ne pouvait sortir vivant de cette guerre que ses opposants menaient contre lui. En effet, l’intitulé de l’ouvrage n’est pas un simple effet de manche, il traduit bien ce qu’il contient sans pour autant être un livre à la mémoire ni à la gloire du Président défunt.

Loin de-là ! En tout cas, depuis, d’autres exemplaires ont été expédiés de Paris non seulement pour ceux qui avaient payé d’avance et qui n’ont point été servis mais pour un grand nombre de compatriotes qui souhaitent l’acheter pour encourager l’auteur à poursuivre ses recherches afin d’expliquer sur le plan historique la tragédie politique qui se poursuit bien après cet horrible et odieux assassinat n’amenant nulle part ni Haïti et encore moins le peuple haïtien. Et ce ne sont pas les 9 Conseillers du Conseil Présidentiel de Transition ni l’actuel Premier ministre, Garry Conille, malgré leur audace ou leur bonne volonté, qui me diront le contraire, les faits parlent d’eux-mêmes.

Pour finir, je dirai que les mots me manquent et que je n’en trouverai jamais assez pour traduire la gratitude que j’aie envers toute l’équipe du journal Haïti Liberté qui, d’une façon et d’une autre, a contribué pour faire de cette soirée un moment d’espérance pour notre cher pays Haïti.

Comment ne pas dire « MERCI » à tous ces gens venus d’un peu partout de New-York et même de Florida pour participer à cette fête d’anniversaire du journal et à cette vente signature tout en me faisant un accueil que je ne saurais oublier. Si mon séjour aux Etats-Unis et au Canada n’a pas été juste pour des vacances ni consacré uniquement à la promotion de : « De l’opposition à l’assassinat d’un chef d’État. Haïti, 220 ans de tragédie politique », il ne reste pas moins que j’ai eu le temps de voir, revoir et rencontrer plein de gens que j’aime, des camarades du journal que je n’ai pas vus depuis longtemps et des acteurs communautaires qui se donnent sans compter pour le bien de la Communauté haïtienne des Etats-Unis et du Canada.

En conclusion, c’était un voyage de retrouvailles. Merci à vous tous !

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