Canal de l’espoir : le chemin de la dignité de toute une nation !

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Les patriotes professionnels, en Haïti et à l'étranger, doivent soutenir ce mouvement par leurs connaissances, leurs réflexions et leur participation agissante.
Nous avons réussi à arracher notre liberté, il faut la garder à la force de nos muscles pour pouvoir en profiter pleinement.
Jean Jacques Dessalines
La honte ne te tuera pas, elle te fera avoir le tien.
Proverbe haïtien

Les paysans haïtiens, les paysans des plaines de Maribaroux tracent un chemin de dignité, les gros potentats ici et ailleurs piétinaient depuis quelques temps.

Il faut comprendre que le chemin ne sera pas facile, les mauvaises langues de tout acabit chercheront à semer des épines sur notre chemin. Voilà pourquoi, le plus important aujourd’hui, c’est que les patriotes haïtiens et tous ceux qui veulent que le pays prenne en main son destin se donnent la main.

Nous profiterons de cela pour rappeler, combien il est important pour nous de savoir veiller et défaire  toutes les combinaisons louches, intrigantes, etc. ils continueront de semer sur notre passage.

Ce canal est un symbole d’unité et de solidarité du peuple haïtien pour une autre Haïti

En Haïti, s’il y a un secteur qui a du cran, c’est bien les paysans haïtiens. C’est ce que la vie leur a appris. Depuis le temps de l’esclavage, il apprend à se battre, dans le marronnage il est toujours présent. Il ne s’inclina jamais devant l’armée coloniale française, jusqu’au rendez-vous à Vertières, le 18 novembre 1803.

Après 1804, alors que tous les grands dons de tout acabit du Nord et du Sud cherchaient toutes les combinaisons pour qu’il n’obtienne pas de terres, pour qu’il  ne reçoive pas beaucoup de terres, pour qu’il n’y reçoive pas les meilleures terres, les paysans cherchaient toutes sortes de tactiques, toutes stratégies, pour qu’ils puissent travailler.

  • Ils se sont convertis en travailleurs de moitié sur de grandes propriétés (général Laplas, sénateurs, hauts fonctionnaires) après 1804. En ce temps-là, ils économisent la petite somme d’argent gagnée dans le de moitié pour pouvoir acheter plus tard. C’est ce qu’on appelle : Conserver pour chauffer ;
  • Ils prennent des parcelles du domaine de l’Etat des grands potentats, pour planter et récolter. Et ce que plantent les paysans sert à manger à tout le pays, qu’il s’agisse des habitants des montagnes ou des villes ;
  • Ils entretiennent des plantations de café dans les montagnes. On ne peut pas l’oublier, c’est la culture du café qui a bâti en Haïti depuis cent cinquante ans (150) certaines routes et ponts (pas pour les paysans), certaines écoles, (presque toutes pendant longtemps n’étaient que pour les citadins uniquement). Hôpitaux, lieux publics… et puis payer les colons français la dette de l’indépendance, qui a fini par démantibuler l’économie du pays.

​Les paysans haïtiens, malgré les mauvais coups, et les mauvaises manières des potentats des  grandes villes, organisent leur vie, une façon pour toute la communauté d’avoir une vie meilleure. Ils font ce qu’ils peuvent, avec beaucoup de sagesse, beaucoup de responsabilité, beaucoup de courage, dans la mesure où l’État des riches le leur permet.

Les femmes et les hommes s’unissent pour construire le canal de l’espoir

Beaucoup de gens ne savent pas comment Goman a  pu se débrouiller en 1809, pour que le mouvement des paysans de Grand-anse prenne fin dans le cadre d’un accord avec le régime de Pétion, afin que le pays ait une seule nation œuvrant pour une vie meilleure pour tous. Mais pour que l’État reconnaisse le droit des paysans à posséder la terre et à être reconnus comme personnes, comme de véritables citoyens. Les gros bonnets n’étaient pas d’accord sur le fait que les paysans avaient les mêmes droits que la poignée de personnes qui jouissent de tous les privilèges. Ce grand mouvement fantastique dura environ treize ans, jusqu’en février 1820.

Il y a une deuxième fois, dans les années 1844-1846, Jean Jacques Acaau, prend la tête d’un grand mouvement où des petits paysans propriétaires de terres et une masse de paysans sans terre, demandent à l’État haïtien de permettre aux paysans de recevoir une considération de l’État. Obtenez des terres pour ceux qui n’en ont pas, obtenez de bons prix pour les denrées, offrez une éducation à leurs enfants et donnez au travail du paysan la valeur qu’il mérite. A ce moment là,  ils avaient demandé à l’État de cesser de payer à la France la dette « ma douleur » de l’indépendance, qui écrase les paysans. C’était une façon, pour que notre pays, Haïti de former une seule nation. Comme l’avait voulu Goman également.

Les riches furent bouleversés, ils luttèrent contre ce projet, jusqu’à ce qu’Acaau ait perdu sa vie en 1847. La lutte des paysans pour obtenir la terre et vivre comme un être humain ne s’est pas arrêtée. Son combat deviendra chaque jour plus difficile, surtout lorsque les potentats locaux  accordent leurs intérêts avec ceux de l’étranger. Quand aussi quelque fois on arrive à les tromper quant aux véritables causes que défendent les grands dons, les spéculateurs et les politiciens, causes qui ne sont pas vraiment les leurs.

C’est ainsi que Charlemagne Peralte, Benoit Batraville menèrent un grand mouvement de paysans cacos contre l’occupation  américaine qui eut lieu en 1915. De nombreux paysans des plaines de Maribaroux et du Plateau Central se joignirent au combat.

Les paysans cacos et leur leader Charlemagne Péralte

Depuis plus de 200 ans, il y a deux projets qui dans notre société, comme l’a si bien montré l’historien Lesly Manigat. Un projet, des paysans qui voulaient que le pays soit maitre de son destin en donnant à tous ses enfants de la nourriture et tout ce qu’il y a de plus nécessaire pour une vie meilleure ; et un autre projet qui est le projet des gros potentats qui était basé principalement sur le fait de produire pour exporter, vendre aux pays étrangers. Jusqu’à ce que l’État haïtien et ses gros spéculateurs  deviennent complètement domestiques de certaines puissances telles que la France et les États-Unis.

Aujourd’hui, le Canal de l’Espoir est en construction, c’est la première pierre pour remettre Haïti debout. Cela nécessite réflexion, organisation et action.

Cela demande beaucoup, beaucoup de stratégie donc beaucoup d’intelligence. Cela signifie également :

  • Les paysans de Maribaroux, Ferrier, et de tout le Nord-Est, devraient serrer la main des paysans du Sud, du Sud-Est, du Centre et des autres départements ;
  • Les travailleurs des parcs industriels Sonapi, Codevi, Caracol et tous les autres doivent réfléchir et voir avec quelle intelligence ils entreront dans la lutte pour un fantastique mouvement départemental et national Main dans la main avec les paysans ;
  • Les associations de jeunes qui luttent pour faire progresser leur territoire en matière d’éducation, de santé, d’agriculture, etc., réfléchissent à la manière dont elles élargiront le mouvement de jeunesse dans toutes les sections, toutes les communes, tous les départements, jusqu’à ce qu’il devienne un mouvement national ;
  • Les patriotes professionnels, en Haïti et à l’étranger, doivent soutenir ce mouvement par leurs connaissances, leurs réflexions et leur participation agissante.

Dans le passé, la musique populaire disait : Ogoun demande, tous les cœurs, toutes les têtes, tous les bras. C’est ce dont Haïti a besoin aujourd’hui.

Nous sommes très heureux de voir la solidarité qui s’installe dans la construction du canal… C’est le Mouvement qui doit le soutenir et le consolider. C’est ainsi que le peuple haïtien pourra refaire Vertières.

La victoire est pour les vaillants et les courageux !


Traduit de la version créole qui a été publiée la semaine dernière

Myrtha Gilbert
8 octobre 2023

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