Camp-Perrin/Gandou : Jean-Claude Célestin, l’apiculteur

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Tanbou Myèl

Pito w sou nan kleren
Pase w sou nan siwo myèl
Pawòl peyizan 

En ce dernier dimanche de 2019, la 9ème heure venait tout juste de poindre au fronton de l’horizon azuré. Au carrefour Laprise, à l’initiative de Carlos Guillaume, plus de 40 athlètes masculins entament une course jusqu’au carrefour Levy pour revenir ensuite au point de départ. En route pour Gandou, Thomas Leblanc au volant de sa voiture verte, Belony son frère cadet, Fred Aimé et votre humble serviteur nous gravissons les pentes en bitume de Picot qui mène dans la Grande Anse avant d’atteindre Marceline dans la 2ème section communale de Camp-Perrin.

notre apiculteur accepte de nous entretenir sur ses 14 années de cohabitation avec ces insectes utiles dont le fruit nectarine constitue l’une des meilleures thérapeutiques au monde.

Ne seraient-ce ces fragments de cumulus arachnéens qui vadrouillent en staccato au recto de la voute éthérée, le ciel de Camp-Perrin serait d’un immaculé parfait. Trente minutes après avoir tourné le dos à Bananier, et précédés de milliards de rayons de soleil, nous voici à Gandou à l’entrée nord du site touristique de Saut-Mathurine où dévalent immuablement des milliards de litres d’eau pure et fraiche. A peine les pieds à terre, nous suivons Fred tout en descendant ce sentier qui serpente entre les caféiers qui se reposent à l’ombre des arbres fruitiers bercés par les derniers alizés de décembre.

A moins de 30 mètres, nous voici dans cette vaste cour au calme hédoniste où Jean-Claude Célestin héberge sa ferme apicole vielle de 14 années. Fred, notre guide bénévole, ayant remarqué notre ahurissement face à cette merveille naturelle, nous invite à contourner la haie faite de plantes vertes pour nous rendre à l’évidence de l’étendue de la ferme apicole de Gandou qui s’éloigne à perte vue sous le calme des caféiers. Juste après quelques poses de photos, et, avec un naturel à nul autre pareil, notre apiculteur accepte de nous entretenir sur ses 14 années de cohabitation avec ces insectes utiles dont le fruit nectarine constitue l’une des meilleures thérapeutiques au monde.

Jean Claude Célestin

Jean Claude Célestin

« J’ai hérité ces abeilles de mon père Célestin François, lui aussi apiculteur et qui a eu la bienveillance de me donner en cadeau deux essaims. Et depuis lors, les activités apicoles constituent mon principal gagne-pain. Les expériences ont prouvé que les abeilles ne sont jamais attachées à n’importe quelle personne. Avant tout, il faut savoir comment s’y prendre car c’est en songe que la garde de ces abeilles a été confiée à mon père ». C’est ce que nous a révélé notre interlocuteur immédiat pou nenpòt moun pa met nan tèt li l ka vin pote boure sou yo konsa si w konn piyay 13 jen.

Ne pouvant se retenir de nous informer plus particulièrement sur le comportement des abeilles, Jean Claude a continué pour nous apprendre que ses trois garçons maitrisent déjà le langage de tous les hyménoptères à qui il incombe la lourde responsabilité d’en assurer une gestion rationnelle. Un essaim peut décider d’abandonner sa ruche si par hasard le tambour utilisé pour l’héberger servait antérieurement de logis à des couleuvres. Il se peut que l’odeur intolérable du mammifère ne corresponde à un environnement favorable à leur épanouissement.

« Il arrive bien des fois que des essaims décident de partir et se posent sur cet oranger situé à l’entrée de la cour. N’importe lequel de mes trois garçons Colson, Jean Rony, ou Johny sait quel langage utilisé pour les retenir. En outre ils peuvent amarrer un panier à l’extrémité d’un bout de bois et les récupérer pour les remettre dans une ruche artisanale faite de bois joints par des clous ou un tronc d’arbre ou de palmiste creusé à cette fin. Si la reine, la plus haute instance de chaque essaim envoie un émissaire en quête de pollen sur une distance même de cinq kilomètres et qu’il s’attarde trop en chemin, à son retour il sera dardé jusqu’à ce que la mort s’en suivre ».

Quelle notion du temps et de la distance dont elle dispose?  Myèl yo pa jwe vre ! Si Lajistis te ka fè menm bagay ak manman myèl la pou pini makòn dechèpiyè Petwo Karibe, CIRH ak Dèmalòg yo !. Oo, Tèt Kale apa w sispèk ? Ne soyez pourtant étonné que les insectes ne soient pas d’humeur à composer avec l’épouse de leur propriétaire. « Mon rôle se limite à l’entretien de l’espace que je peux nettoyer au cas échéant et rien de plus ». C’est ce que nous a confié Roselaure sa ki ta vle di chen ti manzè a pa al lachas ak myèl yo.

Incubation et piqure d’abeille

Jean Claude nous a aussi appris que le temps d’incubation du miel varie dépendamment de la période de floraison. Il voulait par-là, faire allusion à l’abondance des fleurs pour que les abeilles puissent en recueillir le suc tout en contribuant activement à leur pollinisation. Et, au bout d’un certain temps qui ne dépasse pas trois mois, l’arôme que dégage le liquide succulent suffit amplement pour informer l’apiculteur qu’il est fin prêt pour être exploité puis proposé à la consommation.

le temps d’incubation du miel varie dépendamment de la période de floraison.

Certes l’abeille dispose de son dard comme seul outil servant à recueillir les matières premières indispensables à la production du miel. C’est aussi son unique arme de défense, contre tout éventuel prédateur aux intentions et aux gestes qui peuvent lui être préjudiciables. Cependant, l’odeur nauséabonde de la fumée constitue sa pire ennemie. Et pour dérober le fruit de son dur labeur, seulement quelques voulûtes de fumée suffit amplement pour la neutraliser et enlever les gâteaux pour en extraire le miel.

Le gâteau qui servait de récipient naturel à ce précieux liquide n’est pas sans importance, car bouilli, on y extrait aussi la cire pour la confection de bougies et de baleine. En outre cette substance sert à traiter l’eczéma selon les témoignages de l’épouse de Jean Claude. Du miel de Gandou pour passer une année en douceur et aussi en santé. Quiconque en a besoin peut passer ses commandes auprès de Jean-Claude Célestin au 37 64 72 37. Et il vous fera en avoir sur le champ.

Kòltiz à Laprise

Comme chaque matin, une marche à trois nous permet d’humer la fraicheur des rosées tout en nous extasiant de la splendeur de ces aiguilles aurifères qui suintent imperceptiblement des pupilles de Maniche. En ce matin du 31 décembre Thomas, Nahomie et moi, remontons de Bas Camp après avoir dévalé Jonc Champlois et Haut du Camp pour atteindre Bananier par le Canal. Arrivés sous le mapou géant non loin du carrefour de Laprise, Thomas attira notre attention sur un attroupement de gens qui murmuraient. « An n al nan kòltiz », nous conseille Nahomie. C’est alors que nous nous approchons de cet abattoir d’occasion où vient d’être immolé ce taureau victime des aléas de la tradition. « Wi chak ane nou achte bèf pou n touye pou fè kòltiz. Gen de ane nou konn touye de bèf pou pi piti. Men ane sa a kòm bagay yo pa twò bon se yon sèl nou touye ». Se esplikasyon sa a yo bòs Dyo te ban nou detan li pe rache vyann bèf la san gade dèyè, manchèt manchèt.

Assis à même le sol humide ou debout chaque personne ayant cotisé attend impatiemment son lot de viande pour engraisser sa soupe du 1er janvier 2020 qui fera son apparition dans environ 6 heures après que le dernier crépuscule aura fait ses adieux au verseau du morne Makaya.

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