Attys, Georges, Lafontant, les démissions qui font du bruit ! (3)

(dernière partie)

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De gauche à droite le chef du gouvernement Jouthe Joseph, l’ex-ministre Maxis Attys et le président Jovenel Moise

Alors que le ministre de la Jeunesse et du Sport et à l’Action Civique n’a pas hésité à attaquer la citadelle PHTK et ses dignitaires en mettant à nu leur système de détournement de fonds, sur son prénom, au lieu de manière calme de dire#: je m’appelle «Maxis Attys» mais tout le monde m’appelle par le diminutif Max, sans savoir pour quelle raison, le ministre s’est mis a à attaquer non seulement l’équipe du Palais national mais il va mettre directement en cause le Président  Jovenel   Moïse   lui-même   en   le   rendant   responsable   de   cette   imbroglio   sur  son prénom. Incapable de s’expliquer et visiblement embarrassé et empêtré dans ce tohu-bohu, le ministre met la faute sur le dos de ses amis du Palais qui ne lui auraient rien demandé à propos de sa véritable identité.

Durant la conférence de presse, le ministre Maxis Attys s’emballe et, peut-être pour faire diversion, il pointe du doigt la corruption qui gangrène la République en prenant l’exemple du gaspillage des fonds Petro Caribe dont une bonne partie serait dilapidée par les responsables du pouvoir du temps de la présidence de Martelly entre autre Olivier Martelly, le fils de l’ex-Président qui était à la tête d’une Commission qui supervisait les projets de modernisation et de construction des équipements sportifs du pays. «Nous n’avons même pas un terrain digne de ce nom en Haïti. L’argent de l’Etat qui devait construire les Centres sportifs à travers le pays a été détourné. Nèg yo kraze lajan an…» avance l’ancien ministre. A l’écoute de la Conférence de presse de son ministre des Sports qui lavait les linges sales de la famille PHTK en public, on dit que Jovenel Moïse était fou de rage. Il presse le Premier ministre Jouthe Joseph à convoquer tout de suite ce ministre qui oublie ce qu’on appelle la solidarité gouvernementale, pour explication. Selon les propres déclarations de l’ex-ministre lui-même, la rencontre a été explosive, donc très dense.

Maxis Attys est passé de défenseur du pouvoir à une posture de chef de l’opposition radicale.

Le chef du gouvernement qui est un catégoriel n’a pas pris de gant pour remonter les bretelles d’un ministre qui manifestement avait un prérequis pour claquer les portes d’un Ministère dans lequel visiblement il se sentait à l’étroit et où il ne semblait pas vraiment à son aise. Cette rencontre qui a tourné au vinaigre a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase et sans nul doute qui a poussé vers la sortie le ministre des sports par son ami Président qui n’a pas apprécié, et le mot est faible, le comportement de ce ministre qui était déjà sous haute surveillance du Secrétaire d’Etat à la jeunesse, Charlot Jacquelin Junior, placé là justement pour surveiller les moindres faits et gestes du ministre. Coincé et attaqué de toute part par le clan Martelly et les partisans de PHTK qu’il a osé mettre en cause alors même qu’il fait partie d’un gouvernement issu du pouvoir légué par le patriarche (Michel), le ministre n’avait qu’une alternative: démissionner. Mais alors quelle démission! C’est comme un coup de semonce claqué à la tête de Jovenel Moïse dans un contexte où ce dernier peine à respirer tant les difficultés arrivent de toutes les directions. Si Jovenel Moïse est un modéré de caractère, il boit le sang de ses adversaires au chalumeau pour mieux les faire souffrir.

Celui qu’on appelle Max, lui est pire qu’un animal à sang chaud. Maxis Attys est un caractériel de nature pour ceux qui le fréquentent. Devant l’ex-ministre de la Jeunesse et des Sports, Jouthe Joseph est un enfant sage. Max Attys est un aristocrate, il est colérique et ne supporte guère la contradiction. En résumé, selon les propres amis de l’ex-ministre des Sports, et paraît-il un protégé de l’ancien Maire des Cayes, Gabriel Fortuné, Max Attys ne pouvait rester longtemps dans ce gouvernement, et dans aucun autre d’ailleurs, vu son caractère. Ainsi, entré dans le gouvernement le 6 mars 2020, Max Attys n’a passé que quatre malheureux mois à la tête d’un petit ministère par son budget mais immense par les champs de compétences en prenant en compte#: les sports, la jeunesse et les actions Civiques. Après son tête-à-tête mouvementé avec le Premier ministre suite à sa conférence de presse dans laquelle il a dit tout ce qui lui passe par la tête sur les maux qui tuent la République, Max est rentré chez lui furieux.

En vérité, le PM lui avait réclamé sa démission et le Président de la République l’avait déjà lâché en lui retirant sa confiance. Du coup, la carrière ministérielle de Max Attys était scellée. Il fallait qu’il parte. Il devait partir. Tout naturellement, le jeudi 16 juillet 2020, il confirme par écrit sa démission qui était, en fait, déjà actée depuis sa brève conversation avec le Président Jovenel Moïse et son entrevue avec Jouthe Joseph. Maxis Attys n’avait pas d’autre choix: se retirer d’un milieu qu’il ne connaît pas vraiment. N’étant pas un politique, même s’il a été un temps en poste en Argentine à la fin des années 90 en tant que Ministre conseiller, Max qu’on appelle aussi Ti Maxi n’a aucune compétence politique pour affronter ceux qui pensent qu’il avait piqué leur place. Le Professeur a été contraint de jeter les gants sans avoir eu le temps de les enfiler entièrement. Mais, le plus curieux dans cette démission, ce sont les sorties dans les médias de l’ex-ministre contre son ancien ami Jovenel Moïse.

Du jour au lendemain, Maxis Attys est passé de défenseur du pouvoir à une posture de chef de l’opposition radicale. Les déclarations postministérielles de Max Attys n’ont rien à envier à celles de Me André Michel qui est connu pour ses attaques acerbes contre le Président Jovenel Moïse. L’ancien ministre va même exhorter le chef de l’Etat, dans une interview accordée à Télé Métropole, à quitter le pouvoir afin, dit-il, d’éviter au pays un bain de sang. Incroyable! Si durant une précédente interview, cette fois à radio Vision 2000, il avait du mal à répondre aux questions de Marie-Lucie Bonhomme qui lui demandait comment et pourquoi il avait accepté de faire partie du gouvernement de Jouthe Joseph et s’il ne savait pas que le système était pourri, chez Wendel Théodore, il était à son aise pour clouer au pilori le régime PHTK, tout particulièrement son ancien ami Jovenel Moïse qu’il dit n’avoir aucune légitimité pour organiser des élections auxquelles, selon lui, personne n’accepterait de participer.

La formation du dernier gouvernement de facto du Premier ministre Jouthe Joseph a donc été la bonne dans la mesure où il n’y avait plus de parlementaires pour lui faire barrage.

Durant l’entretien, l’on croyait écouter un membre de l’Alternative pour la Refondation d’Haïti. Alors, la question que certains se posent: avant de devenir Titulaire du MJSAC, Max ou Maxis Attys se doutait-il de la légitimité du Président de la République? Si oui, pourquoi avait-il accepté sans coup férir de faire sa grande rentrée sous les projecteurs dans le Ranch de la Croix-des-Bouquets où siège le dit Ministère? Sinon, qu’est-ce qui s’est passé entretemps? Max était-il en mission commandée? Les observateurs cherchent à comprendre cette brutale rupture entre l’ancien Vice-Doyen de l’IERAH (Institut d’Etudes et de Recherches Africaines d’Haïti) de l’Université d’Etat d’Haïti et Nèg Bannann nan ; une amitié qui n’a pas duré longtemps, puisqu’il y a moins de deux ans les deux hommes ne se connaissaient pas. Surtout que Maxis Attys était connu pour être un opposant déclaré au camp PHTK et durant toute la présidence de Michel Martelly il ne s’était jamais privé de critiquer la déchéance de l’élite politique, intellectuelle et économique d’Haïti qui a permis à ce type, comme il disait pour parler de Michel Martelly, de devenir Président de la République.

Si Maxis Attys n’est pas à proprement parler un militant politique voire associatif, en tant que professeur d’Université il n’a jamais accepté le fait que le leader de Sweet Micky puisse accéder à la plus haute responsabilité politique dans le pays et ne portait pas dans son cœur, et c’est  le  moins  qu’on  puisse   dire,   Michel   Martelly   et   Jovenel   Moïse.   Sauf   qu’il   y  a   des mystères qu’on n’arrivera jamais à percer. Un beau matin, tout le monde voit Jovenel Moïse, Président d’Haïti, rentrer et sortir chez Max Attys comme s’ils étaient de vieux potes (amis) depuis longtemps. Et partout, Max Attys était devenu un fervent partisan du pouvoir Tèt Kale jusqu’à   devenir   ministrable.   Plusieurs   fois,   son   nom   fut   cité   parmi   les   membres   du gouvernement. Mais, à chaque fois, son nom a été retiré de la liste à la dernière minute soit par le sénateur Jean-Renel Sénatus, un de ses amis, soit par un proche du Président, Rénald Lubérice, dont il a baptisé un enfant, le jugeant pas assez mature ni fiable politiquement pour être ministre. Ainsi, tapis dans l’ombre de ses amis au Palais national, le professeur attendait calmement et patiemment l’occasion pour faire irruption sur la scène ministérielle et surprendre son monde.

La formation du dernier gouvernement de facto du Premier ministre Jouthe Joseph a donc été la bonne dans la mesure où il n’y avait plus de parlementaires pour lui faire barrage. Soutenu, dit-on, par Gabriel Fortuné, un autre Conseiller du Président, celui qu’on appelle en Haïti «le Parisien», pour être plus familier avec la langue de Molière que celle de Boukman, a été propulsé ministre. Une aventure qui n’a duré que quatre (4) mois malgré qu’il n’y ait pas de Parlement pour sanctionner les actions des membres du gouvernement ou pour renverser le Premier ministre. Mais, il faut le reconnaître, cette démission-là, compte tenu des déclarations antérieures et ultérieures de l’ex-ministre, est l’une des plus commentées et surtout après son départ du ministère il a mis tout dans la balance afin de faire le plus de mal possible au Président Jovenel Moïse qui s’attendait à tout sauf à cette sortie brutale et vindicative de la part de son ex-ami Max ou Maxis Attys. La morale de l’histoire c’est que: en politique il n’y a pas d’ami ou pour paraphraser le feu dictateur François Duvalier: en politique, la reconnaissance est une lâcheté.

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