Assez de malheureux ici-bas vous implorent

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1821
Vue du Cerro Rico (''Montagne riche), montagne qui domine la ville de Potosi. C’est une montagne faite de minerai d’argent. Plus de 30 000 tonnes d’argent furent extraites ici pour être envoyées directement en Europe, tout ceci sur le dos de millions d’Indiens morts dans les galeries de la montagne en raison de problèmes respiratoires ou d’accidents.

L’esprit de liberté, de dignité, de compter sur ses propres forces, d’indépendance et de lutte anti-impérialiste doit souffler du Nord au Sud, du Sud au Nord et franchir allègrement les frontières.”

Thomas Sankara

Je suis vraiment en retard sur mes lectures, je ne suis plus les dernières avancées de l’intelligentsia, je me trouve tout à fait intellectuellement et mentalement handicapé puisque je n’arrive pas à me rappeler qui a dit ou écrit quoi, quand, où, comment, pourquoi. Pour comble de malheur, ma substance cérébrale doit commencer à ressembler à un Gruyère de France. C’est plein de trous*. Je ne retiens presque plus rien. ”Assez de malheureux…”, diantre! Qui a pu écrire chose pareille?

Soyons clair. Moi, je n’ai jamais vu, dis-je vu,  un malheureux. Je ne suis pourtant pas aveugle,  ne souffre pas de cataracte non plus. S’il y en avait, s’il y avait tant de malheureux, je les verrais bien, pardi! C’est vrai que je me suis pas encore donné la peine de regarder avec des longues-vues, mais cet appareil optique est un truc rapprochant. Il ne peut pas rapprocher ce qui n’existe pas, ergo, rendez-moi fou ou sage, il n’y a pas de malheureux. Quel fou doux a pu fréquenter des gens bien et qu’il les a pris pour des ”malheureux”? Quel personnage dingue est parti à la recherche de ”malheureux” jusqu’à en trouver assis au bord de l’eau ”implorant” je ne me souviens plus quoi ou qui. Ce ne doit pas être le Ciel, il n’est pas implorable.  Encore moins l’Enfer, même si ce dernier est pavé de bonnes intentions.

Alors, scrutons les anciens temps. Forçons un peu notre ciboulot troué, fromagé. En ces temps-là il y avait des penseurs, des philosophes, de grands écrivains, de vrais save. Je ne sais pourquoi, mais c’est Socrate qui me passe le premier par la tête, peut-être parce qu’on le dit être l’un des créateurs de la philosophie traitant de la morale et de l’éthique. Malheureusement, il n’a jamais rien écrit, même si avec son concept philosophique de maïeutique il a enseigné  l’art de faire les esprits enfanter la vérité.  S’il y avait des malheureux à cette époque, un être aussi génial que Socrate en aurait parlé, lui ou un de ses disciples, comme Platon ou Xénophon.

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Enfant éthiopien souffrant de malnutrition extrême

Autre malheur, qui toutefois n’a pas fait de Socrate un ”malheureux” pour autant, c’est qu’il fut mis en accusation par trois misérables: Anytos, politicien véreux, jaloux de lui, et deux souflantyou, Mélétos, un poète raz, et Lycon, un orateur konsakonsa dénué de talent. Pour son plus grand malheur, une majorité de juges le condamnent à mort, à boire de la cigüe, alors que le “condamné” avait plutôt requis qu’il fût nourri au Prytanée, ce sanctuaire du feu sacré qui ne s’éteint jamais, ce haut lieu où vivent les prêtres et les magistrats. Il avait réclamé cet honneur réservé aux citoyens les plus méritants. Non, Socrate qui enseignait à “mourir en son corps, ses passions et son individualité, pour s’élever à l’universalité de la pensée” n’aurait pas pu se faire l’interprète de “malheureux [qui] ici bas vous implorent”.

J’ai toujours eu un grand goût pour un grand saut, non pas dans l’inconnu ou vers l’éternel infini – non, m poko vle mouri – mais dans un monde plus accessible à mes capacités intellectuelles non philosophales, d’autant que je suis conscient du fait que je ne suis pas fort, oui, m pa fò. Sautant par- dessus Aristote, celui qui pensait que «L’homme est par nature un animal politique » peu porté à subir le sort d’être un ”malheureux” – selon moi – , je me suis retrouvé dans les salons de la Pléiade où j’ai aimé côtoyer Joachim du Bellay pour sa Défense et Illustration de la langue française. Mais l’homme était devenu sourd. Atteint  de surdité, comment aurait-il pu entendre les cris de «malheureux ici-bas».

Qu’on n’oublie pas que je cherche à me rappeler qui a écrit « Assez de malheureux ici-bas… ». Je risque un œil dans  les couloirs du XVIIè siècle. Par pur hasard, je tombe sur Boileau, poète satirique, moraliste et théoricien de la poésie.  J’ai beau chercher dans ses Satires et ses Épîtres je n’ai rien pu trouver qui ressemble de loin ou de près à de malheureux implorateurs. D’ailleurs un homme de lettres qui recommande de remettre l’ouvrage sur le métier, de le polir sans cesse, il n’a vraiment pas le temps pour les mièvreries, les pleurnicheries de «malheureux ici-bas».

Je me tourne vers le dix-huitième siècle. C’est Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux qui me fait un clin d’œil. C’est un auteur qui s’est amusé au «jeu (divertissant) de l’amour et du hasard », et qui revendique son droit de rire des hommes en général «et de moi-même que je vois dans les autres». Le théâtre est sa passion où le truc de l’amour revient souvent: Arlequin poli par l’amour, Surprises de l’Amour et son grand classique: Le Jeu de l’amour et du hasard. A n’en pas douter Marivaux ne marivaude pas avec les «malheureux». Avec lui, c’est vive l’Amour! Alors qui a écrit : ”assez de malheureux…”?

Est-ce que ce pourrait être l’ami Poquelin ? Non, Molière était trop occupé avec ses Femmes savantes, ses Précieuses ridicules, une satire implacable du snobisme de certains salons parisiens. Avec L’école des Femmes pièce dans laquelle il bouscule les idées reçues sur le mariage et la condition des femmes, c’est  un succès éclatant qui consacre Poquelin comme grand auteur. Peu importe les critiques de jaloux. Il se lie d’amitié avec Boileau qui l’assure de son soutien agissant jusqu’à lui dédicacer ses Stances à Molière, flèches bien piquées à l’endroit de ceux qui se permettaient de ”censurer ton plus bel ouvrage”, en l’occurrence L’École des Femmes. Non, Molière était plus préoccupé par les misanthropes, les malades imaginaires, les tartuffes et autres mecs du même acabit que par les ”malheureux”.

N’ayant aucune chance avec l’ami Poquelin, timidement, je fais appel à ma mémoire-fromage. Je tâtonne, je titube, je chancelle, j’hésite. Je me dis: essayons Diderot. Tout de suite je suis aveuglé par l’éclat de ce grand homme des Lumières. Je suis surtout subjugué par sa pensée philosophique qui n’a cessé de se développer dans le sens de l’athéisme, du matérialisme, mais aussi de l’évolutionnisme au point que certains censeurs à l’intelligence étriquée, mesquine, minusculissime, maigrissime, médiocrissime, le considèrent comme un «homme dangereux». Ne sera-t-il pas d’ailleurs emprisonné pour sa Lettre sur les aveugles à l’intention de ceux qui voient? Cherchons donc ailleurs l’auteur de ces ”malheureux ici-bas” en état d’implorance, de souffrance, voire de désespérance.

Je continue à pas feutrés dans les couloirs du XVIIIè siècle. J’évite Jean Jacques Rousseau dont le principe de solitude était mal compris par Diderot que j’appréhende mieux que l’auteur des Confessions qui a pu se laisser un peu trop aller aux Rêveries d’un promeneur solitaire. J’avoue du reste que j’ai un faible, une sympathie, une préférence, une attirance, un sang, un parti pris pour mon ami l’encyclopédiste Denis à cause de ses propensions athéistiques, matérialistiques. Oui, je me sens et suis diderotiste, m pa rousseauiste. Cherchons ailleurs qui a pu abriter des ”malheureux” en son sein.

Je me suis approché des colères, des dekachte de Voltaire contre le fanatisme religieux. Ne dit-on pas qu’il aimait signer ”ec l’inf”, abbréviation de ”écrasons l’infâme”. L’infâme, c’était le fanatisme religieux, l’intolérance pratiquée par des Églises organisées, et inspirée par des dogmes chrétiens : le jansénisme, le calvinisme et surtout le catholicisme. R. Pomeau, dans son ouvrage La religion de Voltaire écrit que « En fin de compte, l’infâme, c’est le christianisme». Dans l’esprit de Voltaire, il s’agissait de se débarrasser des impuretés infâmes du christianisme dont il resterait une vraie religion ”qui peut s’accommoder encore d’une admiration pour un Christ tout humain”. Mais, de ”malheureux” dans l’implorance, la demandance, la mendiance, la quémandance, on n’en trouve trace chez ce Jean Marie Arouet au petit nom gâté de Voltaire.

Vers qui me tourner alors? N’ayant pas eu de chance avec le masculin, je me suis dit: tournons-nous vers le féminin. J’aperçois alors Mme de Staël dans le château familial, quelque part en Suisse, où elle est en exil parce qu’elle a été interdite de séjour en France par Bonaparte apparemment pour des raisons politiques, mais peut-être parce que la Staël aurait peut-être donné un bec ou même flanqué une kalòt à Napoléon pour fréquencité indue. N’est-ce pas Guy Durosier qui dans une de ses chansons galantes nous dit: ”car gason se bèt ki mechan, quand tu lui donnes de cette longueur, il en prend pour bien plus”? (version libre)

Du XVIème siècle au XVIIIème quel parcours, quel voyage, quelle traversée, quelle tournée, quelle virée, quelle remontée dans le temps! Quoique je n’aie rien trouvé, pourtant je ne me suis pas découragé. Il faut se promener, chercher, et comme le dit la chanson de Nemours Jean-Baptiste on a toutes les chances de ne pas dormir sans souper. J’ai alors fait un arrêt au XIXème siècle. La race flairant la race, j’ai d’abord frappé, par inadvertance, à la porte de Alexandre Dumas. L’homme était fin gourmet. Charles-Pierre Monselet, journaliste gastronomique, auteur du poème pas du tout galant Les Petites Blanchisseuses, avait dit de lui: «Lorsqu’il ne faisait pas sauter un roman, il faisait sauter des petits oignons.» On ne m’a pas ouvert. Je n’ai pas insisté d’autant que j’aurais eu peur des Trois mousquetaires si jamais ils me sautaient dessus. Je le dis publiquement, je peux être capon nan gou Jezi quand on brandit une arme à ma barbe fût-elle seulement contondante ou tranchante.

Chemin faisant à la recherche de l’auteur des malheureux saules pleureurs, il m’arrive de passer devant la  porte de Dumas fils. Au moins avec lui, j’aurais eu la chance de faire la connaissance de Marie Duplessis cette jolie Dame au parfum de camélias. J’aurais été aussi en compagnie d’un romancier qui s’était fait la voix de sans-voix victimes de faits de société choquants. Fils naturel d’un Père prodigue, pote mak sonje. En a-t-il été malheureux? Je ne l’ai pas entendu dire. Toutefois, de façon certaine, il n’a jamais écrit de ”malheureux aux camélias” ou de malheureux aux accents pleureurs et implorateurs.

Résigné j’aurais pu arrêter ma tournée de ce XIXème riche en Baudelaire, Flaubert, Hugo, Mallarmé, Musset, Rimbaud, Georges Sand, Verlaine sans oublier Zola et son percutant J’accuse. Mais l’ami Boileau m’avait bien conseillé de remettre mon ouvrage vingt fois sur le métier. J’en étais à la vingt-et-unième fois quand j’ai vu arriver un homme à l’air lyrique, romantique, un tantinet mélancolique. Instinctivement, je me suis dit: tiens, voilà ”mon homme”. C’est bien Alphonse de Lamartine. C’est bien lui qui faisait allusion aux ”malheureux”, tristes implorateurs.

On n’a pas eu le temps de se parler, mais comme dans cette chanson de Guy Durosier : ”li gade m, mwen gade l, nou souri». Ce sourire, quoique bref,  charriait tout un message que tout de suite je captai. Quand il s’adressait au temps et lui disait : ”suspends ton vol / assez de malheureux ici-bas vous implorent”, il ne pensait pas seulement à sa situation en particulier, à ces ”heures propices” en compagnie de sa dulcinée. Tout au fond de lui-même il devait y avoir toute une préfiguration de ”malheureux” happés par la grande roue de l’injustice.

Lamartine, faut-il le rappeler, est, avec Victor Hugo, un des plus importants défenseurs de la cause du peuple serbe, dans sa lutte contre l’Empire ottoman. Il est aussi l’un des fondateurs de la Société française pour l’abolition de l’esclavage dont il signe le décret du 27 avril 1848. Serbes opprimés, esclaves broyés par le colonialisme, peuples soumis et écrasés par l’impérialisme, autant de ”malheureux” en proie à de tragiques infortunes.  À travers ces ”malheureux”, ces infortunés du sort et d’un système prédateur, spoliateur, accapareur, expropriateur, affameur, profiteur, rançonneur, destructeur, on aperçoit cette fille qui n’avait pas seize ans, elle qui disait venir du Danakil  et que des Blancs pervers gavaient d’anis et de whisky dans un dancing fumeux de Casablanca. Nous sommes partie prenante de son rêve, de celui de Roussan Camille, quand : ”la petite fille du Danakil retournera danser pour (s)es héros morts, pour (s)es héros vivants.”

Ces ”malheureux”, ce sont les travailleurs et travailleuses des mines de Potosi, en Bolivie et de Guanajuato, au Mexique, mouroirs infernaux qui symbolisent si bien la cruauté, la cupidité, la voracité et l’insatiabilité de l’impérialisme occidental en Amérique latine. Ces ”malheureux”, ce sont les grandes civilisations que sont les Aztèques au Mexique, les Mayas en Amérique Centrale, les Incas de l’actuelle Bolivie et du Pérou, les Mapuche de la Patagonie, rapidement et massivement massacrés, mis au pas, puis asservis, et qui ont servi de main-d’œuvre idéale pour arracher aux riches filons d’Amérique latine les minerais qui feront la richesse de l’occident.

”Malheureux” ils furent les ”aborigènes des grandes chasses et du pays des abricots, morts au fond des mines / pour que les grands aient couche molle et vaisseaux bien gréés”. Notre terre a été jonchée des cadavres de ces ”cinq mille Cacos / [qui] en vain donnèrent leur sang / par toutes leurs blessures”, des ”malheureux” victimes de la voracité et des appétits de domination et d’extension de puissance des yankees. Ils étaient les descendants de millions de ”malheureux” venus de la lointaine Afrique, ”venus à fond de cale”, eux qui subirent les affres d’infernales traversées de l’Atlantique et dont la ”peau tannée défia la trique et le supplice” ainsi que les humiliations plurielles, quotidiennes liées à d’inhumains traitements parce qu’ils étaient considérés comme des sous-hommes, sinon des bêtes sauvages.

Au nombre des ”malheureux” il faut ranger les centaines de fignolistes tués par l’Armée d’Haïti sur les ordres du général Kébreau et de ses tuteurs, alors qu’ils protestaient, dans la nuit, dans les bidonvilles de la capitale, contre le coup d’État qui avait emporté leur leader. Toujours parmi les ”malheureux” il faut signaler les milliers de partisans de l’ancien président Aristide passés à l’infinitif lors du coup d’État du 30 septembre 1991. L’épouse et les deux fils de Lovinsky Pierre-Antoine comptent parmi les ”malheureux” qui depuis le 18 août 2007 désespèrent d’avoir des nouvelles de leur mari, de leur père, disparu par les bons soins du ”laboratoire”.

”Assez de malheureux ici-bas” réclament que justice soit faite pour Victor Jara, poète, militant communiste, artiste profondément engagé, patriote chilien arrêté, torturé par la police secrète du général Pinochet télémanipulé, télémarionnetté, télémanoeuvré par un certain Henry Kissinger, homme des basses œuvres de la politique étrangères de l’impérialisme américain. Justice pour les milliers de familles qui ont vu les leurs disparaître pendant la féroce dictature de Jorge Videla en Argentine, jetés du haut d’hélicoptères dans les eaux glacées du Pacifique, au courant de la nuit. Justice pour les centaines de militantes argentines, chiliennes, qui ont accouché en prison et dont les bébés ont été donnés à des femmes de la haute, stériles pour la plupart.

Justice pour les milliers d’enfants qui meurent de faim, de maladies curables, en Afrique, surtout, et ailleurs, parce que des transnationales sans scrupule, gourmandes de pétrole, de diverses ressources agricoles et minières sont venues exploiter jusqu’au croupion les ”malheureux” des pays en voie de développement, aidées dans leur hideuse et immorale entreprise par des salauds locaux ressemblant comme deux gouttes d’eau à un certain Jean Baptiste Conzé.

Justice pour le peuple palestinien ! Justice pour les Palestiniens de Gaza, ”malheureux” réduits à leur plus simple expression parce que le sionisme expansionniste et l’énorme sentiment de culpabilité de l’Occident à la traîne de tous les caprices, toutes les exactions, toutes les violences d’Israël l’ont décidé ainsi. Justice pour les familles des victimes du tremblement de terre de janvier 2010, pour les familles des dizaines de milliers d’Haïtiens morts de choléra introduit dans le pays par des soldats népalais faisant partie de la force onusienne dite MINUSTAH occupant Haïti sous prétexte de maintien de la paix (sic). Justice pour ces ”malheureux” au nom de la plus élémentaire notion de solidarité humaine! Justice aussi pour ces Haïtiens demandeurs d’asile un peu partout en Amérique !

”Assez de malheureux ici-bas” ne veulent plus implorer du temps qu’il arrête simplement son cours. Ils veulent que leurs dirigeants soient à la hauteur de leur tâche, qu’ils aient le droit à la parole et à l’action, et qu’émerge un parti politique de masse conséquent qui les accompagne dans un grand mouvement populaire, révolutionnaire, qui finira par endiguer le flot d’indignité et de violences qui menace de submerger les laissés-pour-compte, les exploités, les oubliés, les refoulés, les écrasés, les humiliés, résolus à se battre pour leur dignité, à trouver, eux aussi, leur place au soleil.

13 août 2017

* Je fais ici référence au gruyère français, un fromage fabriqué dans les montagnes de la Savoie et de la Franche-Comté et qui contient des trous. Cette particularité trouante provient de la température pendant la phase de maturation du fromage, plus élevée pour le gruyère de France que pour le gruyère suisse qui, justement, n’a pas de trous.

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