Assassinat de Oriel Jean à Port-au-Prince!

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Pour la plupart des gens dans le pays, c’est un assassinat politique. Oriel Jean, 50 ans, ancien chef de la sécurité du président Jean-Bertrand Aristide de 2001 à 2003, a été abattu par des hommes armés à moto peu après 3h30, le lundi 2 mars, près de Delmas 30, non loin des bureaux de Claudy Construction Parc Mirdoré, localisés à Delmas 33 où il travaillait.

Selon son assistant Kenny Faustin, Oriel venait de retirer $ 10 800 US à la Sogebank de Delmas 30 pour la paie des employés. Il était à bord d’un pick-up gris accompagné d’un collègue dominicain nommé Maldonado. L’argent était déposé dans un sac sur le siège arrière du véhicule quand celui-ci a été frappé par derrière par une moto. Alors, Oriel est sorti du véhicule pour voir ce qui était arrivé, c’est ainsi que des assaillants ont tiré sur lui à deux reprises dans l’estomac et le cœur. Ils ont pris l’argent ainsi qu’un sac qui contenait son arme, et se sont enfuis en direction du quartier de Simon Pélé. Oriel est mort sur le champ, face contre terre sur le pavé.

Les assaillants étaient six hommes sur deux motos, selon des témoins. M. Maldonado, qui a fui le véhicule lorsque l’attaque a commencé, n’a pas été blessé, mais a été appréhendé par la police. Selon certains rapports de presse, la police a déclaré que l’argent n’a pas été volé.

orielOriel, connu par ses amis sous le nom de «Roro», était revenu en Haïti en Septembre 2013 après avoir passé sept ans à travailler comme un préposé de stationnement à l’aéroport international de Fort Lauderdale-Hollywood après sa libération de prison en Septembre 2006. Il avait passé deux ans et demi en prison, avec un an de probation, après avoir accepté un marché avec le juge sur une accusation de “conspiration pour se livrer à des opérations de blanchiment d’argent,” la même accusation et la même peine infligées à d’autres fonctionnaires de haut rang du gouvernement Lavalas, comme le sénateur Fourel Célestin et le chef de la police Nesly Lucien, balayés par Washington au cours d’une campagne judiciaire politiquement motivée contre Aristide après le coup d’Etat du 29 février 2004 «appuyé par les Etats-Unis».

“Lors de ma première rencontre avec les procureurs américains après avoir été extradé du Canada [en Mars 2004] ils avaient dit que je n’aurais pas à passer une journée en prison, qu’ils me donneraient de l’argent, une nouvelle identité, la protection des témoins, et ainsi de suite si seulement je voulais témoigner contre Aristide, “a t-il déclaré au journal Haïti Liberté dans une série d’entretiens en 2007.” J’ai refusé l’offre, en leur disant que Aristide n’était pas impliqué. ”

Oriel a toutefois témoigné contre un trafiquant de drogue Serge Edouard, alias Sergot Persévérance, qui a été déclaré coupable en Cour fédérale américaine à Miami et condamné à la prison à perpétuité en Septembre 2005.

Bien que Oriel n’ait jamais témoigné contre Aristide, le Miami Herald a publié plusieurs articles impliquant tout le contraire, comme celui du 25 mai 2004, qui a appelé Oriel “un informateur du gouvernement américain”, source “d’informations sur le cercle intérieur d’Aristide.” Oriel a seulement témoigné pour faire condamner le grand manitou Serge Édouard.

Les fausses informations et la désinformation à propos de Oriel ont continué dans les rapports de presse cette semaine à propos de sa mort. Ce même Miami Herald, par exemple, citant un «ami» anonyme, a signalé que «après avoir rencontré par hasard le Président Michel Martelly, alors qu’il menait campagne, Jean a décidé de retourner en Haïti où il espérait obtenir un emploi dans l’administration”.

“Cette affirmation est totalement mensongère”, a déclaré Alix Sainphor, l’un des amis les plus proches de Oriel depuis l’enfance, qui lui parlait chaque semaine. “Oriel ne voulait ne rien avoir avec Martelly. Il était partisan d’Aristide. Mais il voulait garder un profil bas et rester en dehors de la politique ».

Un autre ami proche, Harry Guignard, qui a aidé Oriel à obtenir son travail comme préposé à un stand de stationnement à l’aéroport, a été d’accord. “Il avait des vues progressistes ; mais il n’était pas du tout intéressé à revenir en politique. Il voulait s’occuper de sa famille et retourner à l’école pour l’obtention de son diplôme de droit.

Oriel est né le 1er janvier 1965 à Port-au-Prince d’un pasteur adventiste, Odiyel Jean, qui vit maintenant à Cazale, et d’une mère qui était de Port-de-Paix. Après la chute du régime Duvalier en 1986, Oriel est devenu politiquement impliqué, militant pendant trois ans au sein de l’Assemblée populaire nationale (APN) une organisation populaire avant de déménager au Canada où il a passé trois ans de 1989 à 1991. Il est retourné en Haiti pour devenir un des agents de sécurité rapprochés auprès du président Aristide en 1991 jusqu’au coup d’Etat du 30 septembre 1991 qu’il décrit avec des détails crus lors d’une très grande réunion qui a accueilli au Medgar Evers College, en 1992, la première sortie à Brooklyn du film documentaire de PBS : “Killing the Dream”. Après avoir obtenu une formation supplémentaire auprès de policiers suisses pendant qu’il était en exil, il a continué à travailler avec le corps de la sécurité d’Aristide à Washington, DC jusqu’à Octobre 1994, quand Aristide est revenu en Haïti.

Après que le président René Préval est arrivé au pouvoir en 1996, Oriel et son ami Nesly Lucien sont devenus respectivement directeur adjoint et directeur de la sécurité du Palais national. Lorsque Aristide est revenu à la présidence en 2001, Oriel est devenu chef de la sécurité au Palais et Nesly le chef de la police.

Lorsque l’administration de George W. Bush a lancé sa campagne de déstabilisation contre Aristide en 2001, très vite, elle a commencé à concentrer son assaut de propagande sur les divers fonctionnaires autour Aristide, y compris Oriel et Nesly. « Lit politik la se konsa l ye, » a-t-il déclaré à Haïti Liberté dans une interview en 2007. « yo eseye kwense advèsè a omaksimòm jiskaske yo detwi l. Sa vle di pou yo afebli Aristide, y ap kòmanse manyen tout moun ki bò kote l yo. E mwenmenm ki chèf sekirite l, yo fè m pase pou vagabon, yo fè m pase pou dwògdilè, yo fè m pase pou kriminèl, yo fè m pase pou chèf chimè, epi yo pran tout bagay sa yo, epi yo voye tout sou Aristide tou, yo sal Aristide tou. Depi yo di men Oriel, men moun ki bò kote l la, ou sal Aristide ».

Avec Haïti sous surveillance intensive, les États-Unis ont commencé à accuser le gouvernement Aristide de choyer les trafiquants de drogue comme un moyen de déstabilisation politique. «Je me souviens d’Oriel s’exclamant comment les Etats-Unis, avec tous leurs satellites, bateaux, avions, et leur technologie, ne peuvent pas arrêter le flux de drogues illicites entrant par leurs frontières ; alors que pourtant, ils veulent que d’une certaine façon Haïti patrouille sa frontière et arrête les trafiquants », a déclaré l’ami d’Oriel, Harry Guignard. “Ils étaient vraiment sous pression. Quand il est devenu chef de la sécurité, Oriel a reçu un appel de quelqu’un qui lui a dit: «votre fils il a bien grandi comme ça. Il a l’air bien quand il va à l’école.» Les autorités haïtiennes comme Oriel, qui étaient diabolisées politiquement et économiquement étranglées par les États-Unis, étaient trop faibles pour affronter les trafiquants et les arrêter. Cela signifierait se faire tuer. Donc, ils ont été forcés de s’accommoder. Et puis les États-Unis se sont jetés sur eux “.

(À suivre)

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