Allons-nous vers de nouveaux déboires ?

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(English)

Depuis quelques jours, on a l’impression d’assister à ce qui ressemble fort à un round d’observation au cours duquel l’impérialiste américain essaie de tester l’endurance de l’Accord de Musseau ou la pugnacité de celui de Montana.

Ce que nous devons comprendre enfin, les puissances capitalistes contrôlent les deux principaux Accords politiques. Si l’on prend en compte le dernier message à la Nation du Premier ministre de facto, Ariel Henry, l’un des signataires de l’Accord de Musseau exprimant son incapacité, sa faiblesse sur tous les points et la déclaration de l’ex- Représentante spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies et cheffe de la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), Susan D. Page,  affirme  que « les États-Unis doivent indiquer clairement  qu’ils tournent la page du passé et travaillent aux côtés des Haïtiens désireux de tracer leur propre transition », on a le droit de se demander vers quels horizons allons-nous ?

Après avoir tout fait pour déstabiliser le pays, les Etats-Unis peuvent à n’importe quel moment du jeu effectuer un remaniement du personnel politique en remplaçant l’équipe de Musseau par celle de Montana pour continuer sa politique de domination impérialiste. Cette situation hautement avantageuse pour les classes d’affaires inféodées à l’impérialisme sera vite approuvée et longuement applaudie car les oligarques ne misent que sur leurs intérêts et leurs privilèges.

changer d’outils ou d’un instrument n’implique pas pour autant qu’une quelconque page soit tournée

Si l’on s’en tient à ces protagonistes aucune volonté de décrispation ne se manifeste. Le Premier ministre de facto est en train de rêver en faisant des déclarations couronnées de mensonges. Son  gouvernement a déjà échoué. Il ne parviendra jamais à exécuter les réformes  pour lesquelles, il a été investi à la Primature il y a plus d’un an. Ainsi, pour tenter de démêler l’écheveau, sinon, pour mieux brouiller les cartes pour nous enfoncer davantage dans le chaos de la crise sécuritaire et institutionnelle, Mme Page dans le cadre du nouvel outil de Washington « le Global Fragility Act (GFA)», dont Haïti est une « priorité », suggère que « Les États-Unis devraient considérer l’Accord de Montana comme le point de départ naturel de leur nouvelle approche stratégique pour Haïti ».

En expliquant par la suite « le soutien américain existant dans ce domaine s’inscrit pleinement dans les domaines prioritaires du gouvernement de Transition définis par l’Accord de Montana ; mais étant donné les efforts infructueux du Consortium pour les élections et les procédures politiques (CEPPS) depuis de nombreuses années, les États-Unis devraient envisager d’autres initiatives plus créatives pour promouvoir la démocratie et la réforme électorale en Haïti ».

« De telles déclarations n’augurent rien de bon pour qu’Haïti rejoigne tout “partenariat” avec le gouvernement américain dans le cadre de la GFA » avait conclu Travis Ross.

Cette politique de subordination à l’impérialisme américain, n’est-elle  pas pareille à ces mêmes nuages épais qui réapparaissent à l’horizon ? Au cynisme et au mépris qui ont toujours caractérisé l’attitude américaine à l’égard d’Haïti, l’infâme est qu’il n’y a, en fait, aucune détermination à tourner la page honteuse et tirer une fois pour toute un trait sur le passé. Il s’agit toujours de nous administrer des pilules incompatibles avec le progrès, la modernisation et le développement.

En d’autres termes, changer d’outils ou d’un instrument n’implique pas pour autant qu’une quelconque page soit tournée, s’agissant de la même politique néocoloniale qui continuera avec d’autres visages de marionnettes à la direction de l’appareil d’Etat.

Fondamentalement, il n’y a là, aucun projet à mettre en question. Les rapports capitalistes d’exploitation générant la misère, la pauvreté, le chômage, la criminalité et l’insécurité ruinant le pays n’ont fait qu’augmenter considérablement ces derniers temps.

La classe politique traditionnelle haïtienne toutes tendances confondues veut s’orienter dans la voie d’une politique ayant le ferme soutien des classes dominantes et des puissances impérialistes avec un gouvernement porteur de l’ombre sinistre de l’extrême droite. Alors que les masses défavorisées ne cessent de revendiquer une autre politique capable de mettre en pratique ses aspirations correspondant aux intérêts fondamentaux du peuple. Telle est la signification de la crise actuelle dont le risque est de tomber dans les mêmes petites manœuvres mesquines, d’illusions électorales pour que rien ne change.

Travailleurs, paysans, militants, jeunes et chômeurs, les plus grands combats sont devant nous puisque de nouveaux déboires sont à l’horizon. Nous devons lutter pour une politique allant au-delà de l’électoralisme que prêchent les puissances tutrices et la classe politique moribonde, de sorte qu’on puisse mettre en cause le système en place. Par ce combat, nous pourrions, effectivement, ouvrir une autre voie menant à une transformation de la société pouvant imposer un gouvernement au service de la majorité populaire capable de nous affranchir de la domination américaine qui se renforce à travers le « Global Fragility Act », pour un contrôle plus efficace de notre pays.

Il importe de préparer notre avenir. Car le combat pour la libération nationale constitue notre seul rempart de défense à la paix, à la liberté, à la sécurité sociale. Elle seule pourra nous restituer notre dignité et rompre radicalement avec l’apartheid social, économique et politique qui caractérise le pays depuis le parricide de 1806.

Pour éviter au pays les nouveaux déboires que nous préparent nos agresseurs impérialistes, masses opprimées haïtiennes, organisez-vous et ne comptez que sur vous-mêmes ! Grâce à votre résistance et une parfaite mobilisation révolutionnaire viendra la vraie rupture contre toute continuité de la politique de soumission haïtienne à l’égard des Etats-Unis.

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