À deux doigts du chaos

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Il faut le dire tout net : jamais dans l’histoire de notre pays, nous n’avons été aussi proche de ce qu’on pourrait même appeler métaphoriquement un suicide. Il semble n’y avoir aucune mesure dans la profondeur de l’abime dans lequel les dirigeants haïtiens sont prêts à précipiter un pays qu’ils traitent comme un butin privé ou un champ de bataille. Le cas, aujourd’hui, est particulièrement grave ; car nos dirigeants politiques ont volontairement montré leur incapacité, leur incompétence et leur négligence en ce qui a trait au devoir envers la patrie. Et de plus, ils s’entêtent à nous faire accepter leur entêtement pour un modus vivendi politique.

C’est clair, la lutte pour le pouvoir n’est pas uniquement entre l’opposition bourgeoise et le régime corrompu. Au sein même de l’appareil d’Etat sous la coupe réglée du PHTK, manifestement on peut constater grâce aux derniers événements qui se sont déroulés, qu’il y a une forte compétition à laquelle se livrent entre eux certains membres du gouvernement qui ne se gênent pas de le montrer.

Cette confrontation ouverte renforçant une nouvelle période d’instabilité signifie qu’au sein même du groupe gouvernemental, il n’y a pas un brin de confiance et d’unité entre eux

Cela parait d’autant plus paradoxal que des combats à ciel ouvert éclatent au sein du gouvernement, entre le Premier ministre Joseph Jouthe, le secrétaire général du Conseil des ministres Renald Lubérice, bras droit de Jovenel Moise et de Me. Rockfeller Vincent Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique. Cette confrontation ouverte renforçant une nouvelle période d’instabilité signifie qu’au sein même du groupe gouvernemental, il n’y a pas un brin de confiance et d’unité entre eux, voire une vision commune des affaires de l’État. Alors, ce n’est pas étonnant si le pays continue à brûler du feu d’une crise économique et d’une insécurité sociale et politique montante.

Quant à elle, l’opposition qui est presqu’un vague souvenir sans guère soutien sérieux au sein des masses populaires, ne fait montre d’aucune capacité de profiter des contradictions au sein du pouvoir sauf lancer des piques contre leur allié naturel. Ce constat se confirme jour après jour, puisqu’il reflète en particulier la politique du pire qui ne veut d’aucun changement fondamental.  

La gestion de la crise par le régime en place aussi bien par ses adversaires de l’opposition n’a jamais consisté à nous épargner du chaos mais bien à le renforcer davantage. Ces indigents politiques, partis et individus pullulant au gré de leurs pulsions et ambitions n’offrent que des formules incantatoires, un avenir bâti sur de pures illusions. Voilà pourquoi notre réalité apparait tragiquement suicidaire car ces protagonistes, auteurs de mirages, ne nous laissent en retour que du sang et des larmes.

Par ailleurs, l’Etat haïtien se soucie peu pour ne pas dire guère de ces citoyens qui périssent dans la misère et dans des accidents aussi absurdes qu’évitables. Tout cela donne à constater que les masses populaires sont en train d’étouffer et elles ont besoin de respirer, de soulever de leur cou le genou de cette classe capitaliste, brutale qui les asphyxie.

Les priorités du régime et celles de l’opposition sont également apparues dans tout leur cynisme. Ils sont tous deux plongés jusqu’au cou dans la barbarie qui les enveloppe, car ils ont tous deux sciemment abandonné les victimes de leur politique à leur sort.

Les affrontements meurtriers entre les bandes rivales diminuent considérablement mais le pays sans surveillance, livré à lui-même dans des conditions infrahumaines sans les règles minimales de sécurité alimentaire, sociale et publique est devenu le théâtre de kidnappings qui illustrent le mépris de la vie humaine par les classes dirigeantes aussi insignifiantes que cruelles.

Le pays est bel et bien divisé, la fracture entre les riches et les pauvres ne cesse de s’aggraver. La petite élite gouvernante insignifiante vivant dans le luxe se fiche tout bonnement de tout ce qui concerne le pays. Sauf quand elle se sent ébranlée ou menacée. Ainsi par exemple suite à l’interdiction, controversée, de l’usage des vitres teintées sur le territoire national. Ce qui explique le désaccord ou le duel ouverts entre Jouthe, Lubérice et Vincent. Pourtant, cet imbroglio ne débouchera jamais sur la démission de l’un ou l’autre des pantins au service du ridicule pouvoir PHTKiste.

La petite élite gouvernante insignifiante vivant dans le luxe se fiche tout bonnement de tout ce qui concerne le pays.

Ce ne sont pas des erreurs, des accidents ou des bavures, c’est l’Etat capitaliste moribond qui agit mal, doté d’un gouvernement qui apparaît chaque jour davantage illégitime et d’une brutalité inquiétante. Ils sont le symbole de la faillite d’un système basé sur de fausses valeurs. Dans ce contexte, n’y a-t-il pas urgence, ne sommes-nous pas à deux doigts du chaos, de la destruction totale ? Avec de tels dirigeants, une clique de tels créateurs de désastre, Haïti ne risque-t-elle pas son avenir en tant que nation ?

Alors, il revient à la classe ouvrière qui n’a rien à perdre, de se forger, de concert avec les forces authentiquement progressistes de gauche, un outil organisationnel de combat effectif qui puisse emporter non pas seulement le personnage Jovenel, mais aussi ce lumpen politique putride au pouvoir et ces soutiens bourgeois, afin d’éviter au pays de sombrer, enseveli, sous les monticules d’un tel chaos, avant qu’il ne soit trop tard. 

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