Quelques vérités…

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Dimitri Vorbe de Sogener, gagnait douze millions (12 000 000) de dollars US par mois de la vente du courant électrique à l’Etat haitien

L’insécurité, que je qualifierais plutôt de banditisme généralisé, n’est pas seulement un problème sécuritaire. L’incapacité du gouvernement – fort illégalement en place – à faire quoi que ce soit n’est pas seulement un problème de gouvernement, voire de gouvernance. La misère absolue de la majorité de notre peuple n’est ni un problème de manque de ressources, ni un problème de paresse ou d’incompétence, ou encore d’analphabétisme. La déliquescence de notre système d’éducation a des racines politiques (pour être précis, l’exportation ou la destruction de notre intelligentsia par Papa Doc Duvalier). La normalisation et la généralisation de toutes sortes de déviances sexuelles – krèy (partouzes), tchèk mòflè (homosexualité mâle), viols de femmes, d’hommes, de petites filles et même de bébés, n’est pas uniquement un problème sexuel.

Changer de gouvernement, ou de président de la République, n’est pas la solution. Les pourris trouveront toujours moyen de se glisser au timon des affaires pour perpétuer la même pourriture. Pour voler. Car dans notre pays, le pouvoir n’est que pouvoir de se remplir les poches le plus vite qu’on peut, en attendant l’inévitable coup de pied au bounda. Et au suivant de ces Messieurs-Dames! Faut croire que nos politiciens(ciennes) ont le derrière blindé au Kevlar…

Le pourrissement de toutes les institutions de l’Etat a ses racines dans la macoutisation perpétrée par Papa Doc dès son installation au pouvoir, un mois après les élections/sélection, par l’Armée d’Antonio Th. Kébreau et l’ambassade américaine, le 22 septembre 1957. Cette macoutisation consista, pour l’essentiel, à transformer l’administration publique en mangeoire des tenants du pouvoir et de leurs alliés. Ce qui revenait aussi à donner à une partie de la petite-bourgeoisie fonctionnariste (la classe) les moyens de s’enrichir (sur le dos du pauvre peuple, bien sûr…) et de se tailler une place aux côtés de l’oligarchie déjà dominante.

dans notre pays, le pouvoir n’est que pouvoir de se remplir les poches le plus vite qu’on peut

L’Histoire subséquente ne fut que celle du maintien et de la consolidation de la dictature de cette néo-oligarchie bicolore, alliée et servante de l’Empire du Bien, sur notre Nanchon, aux dépens de la masse du peuple, dans un pillage forcené et une vente aux enchères du pays tout entier, qui ne purent qu’aboutir à la catastrophe multiforme que nous constatons à l’heure actuelle.

Le renversement de Bébé Doc, le 7 février 1986, ne changea pas grand’chose à cette situation. L’oligarchie, soutenue par toutes les agences impériales, parvint à juguler le fort mouvement démocratique et populaire, et à maintenir sa domination, continuant ainsi la destruction de la Nanchon.

Cette destruction n’est que le contenu économique, social et politique de la domination, l’oppression, et l’exploitation perpétrées par l’oligarchie patripoche et l’Empire.

Aucune élection, aucune réforme, ne peuvent y remédier. Tout réformiste sera acheté, exilé ou assassiné. Et quelque soit le chef d’Etat placé au pouvoir, par élection ou n’importe quel autre moyen, ce sera le même coup de bâton. 

Il ne s’agit plus de changer de gouvernement: il faut changer de système.

Il s’ensuit aussi qu’il n’est pas possible d’éliminer le banditisme généralisé dans le cadre du système oligarcho-impérial, car il est le pur produit de ce système. Comment le faire avec une police pourrie, aux ordres d’un gouvernement et d’une oligarchie pourris, qui l’ont créé, nourri et entretenu pour garder le pouvoir ?  C’est ce que les philosophes appellent une contradictio in terminis, une contradiction dans les termes. Autrement dit, un cercle vicieux.

Le seul remède possible au banditisme galopant qui rend la vie impossible à peu près tout le monde, c’est de faire ce que l’oligarchie et ses laquais n’ont jamais, et pour cause, voulu faire: sortir du cercle vicieux. Remettre la sécurité de la Nanchon entre les mains du peuple. Former des brigades de vigilance qui travailleront de concert avec ce qui reste de policiers honnêtes.

Post Scriptum:

Pour donner une idée de ce qu’est l’exploitation oligarchique, la famille Vorbe, qui a le monopole de la vente du courant électrique, gagne douze millions (12 000 000) de dollars US par mois. En même temps, le gouvernement Ariel Henry propose aux ouvriers Haïtiens un salaire de 685 Gourdes par jour. Si l’on prend le taux de 120 Gourdes pour un dollar (en réalité, c’est plus) cela ferait à un ouvrier 685 / 120 = 5,71 dollars par jour. Maintenant, dans un mois de 30 jours, en soustrayant 4 dimanches et en ne tenant pas compte des jours fériés, l’ouvrier pourrait dans le meilleur des cas travailler 26 jours. Il gagnerait 5,71 multiplié par 26 égalent 148.46 dollars. Mettons 148 dollars par défaut.

Par conséquent, la famille Vorbe gagnerait en un mois, et dans le cas de cette augmentation de salaire inique, autant que 12 000 000 / 148 = 81 081 ouvriers. Plus que quatre-vingt-un mille ouvriers travaillant six jours par semaine !!!

Il faut que les choses changent ici… (Pape Jean-Paul II, 1983)

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