Policier et ouvrier : Deux faces d’une même famille de salaire de misère

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La police dans les pays capitalistes est une force répressive pour servir et protéger les biens des classes dominantes contre les revendications de la classe ouvrière.

Quand l’argent est la cause et la solution d’un problème, donc chercher à comprendre la mobilisation des manifestants de Parc Industriel sur la route de l’aéroport et l’intervention brutale des agents de force de l’ordre pour les disperser, c’est comprendre en dépit de l’animosité partisane de ces messieurs en uniforme, que le salaire minimum des ouvriers et « ti kat debit la» pour les policiers sont les deux faces d’une seule et même pièce de monnaie.

Quand, par l’usage excessif de la force, des agents de la Police nationale dispersent les manifestations des ouvriers qui revendiquent un maigre salaire de misère, alors qu’au sein de cette même institution policière, il n’y a que des filles et fils de salariés, de chômeurs, de pauvres paysans, de gens dans les bidonvilles, donc, cette force de police n’est pas équilibrée dans sa mission de protéger et servir.

Mais le plus important, pour comprendre ce comportement anormal de ces policiers, il faut aussi comprendre que la police dans les pays capitalistes est une force répressive pour servir et protéger les classes dominantes. Qui finance, commande, dit-on.  Donc, les politiciens apatrides et les hommes riches de ce pays recrutent des agents pour, à leur place, faire la répression.

La PNH est une institution composée seulement des filles et fils de la classe ouvrière. C’est comme du temps de la colonie ou des commandeurs au service des colons blancs étaient placés dans les champs pour, à longueur journée, réprimander à coup de fouet les esclaves dans le cadre de leurs longues heures de travail. Aujourd’hui, puisque l’institution est influencée par des hommes d’affaires et des politiciens grands mangeurs, donc presque chaque agent de police est un outil de répression entre les mains des patrons sans conscience

Un policier essaie de disperser la foule des manifestants

La PNH est une institution montée de toutes pièces par les oligarques ennemis des gens des classes défavorisées.  Donc quand des policiers d’une institution qui est là pour protéger et servir reçoivent des ordres pour maltraiter, arrêter, emprisonner ou tirer sur les ouvriers qui, dans des manifestations, revendiquent leurs droits, la PNH est donc créée avec des agents de souches pauvres pour servir et protéger les riches patrons du système.

Quand un policier tire sur un jeune homme qui proteste dans une manifestation, c’est, probablement son petit cousin, fils de l’autre frère de son père artisan qui, comme lui, vit avec les mêmes besoins primaires dans un autre quartier populaire dans sa commune.

Quand l’agent de police tire sur la jeune fille qui, tout en manifestant, refuse, d’être un objet sexuel pour les patrons, elle le fait non seulement pour la fille et la femme du policier qui, dans bien des cas sont victimes des mêmes problèmes, mais aussi, pour le policier dont cette jeune fille pourrait être bien la cousine, unique enfant de sa tante marchande qui fait les mêmes commerces de misère que sa mère.

Comme du temps de l’esclavage dans la colonie où les esclaves n’avaient pas de plantations, aujourd’hui, les parents des policiers n’ont pas de supermarché, de manufactures de sous-traitance, de pompes à essence, de banques ou d’autres commerces pour exploiter les masses défavorisées.

Généralement, si le père du policier qui vit dans les sections rurales des villes de province du pays ou des quartiers marginalisés dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince ne passe pas son temps à jouer au domino et aux parties de cartes, dans bien des cas, pour un maigre salaire, il travaille dans les manufactures des hommes riches. Pendant que sa mère, grâce à l’aide financière d’un proche qui vit à l’étranger, est marchande d’œufs bouillis, pains et figues bananes devant les usines des riches, pour la plupart, hommes de couleur venant d’autres pays dans le reste du monde.

Et, c’est avec le maigre revenu que le père gagne dans les industries de sous-traitance et la mère de son commerce de « chen janbe » ou autres, particulièrement dans les marchés publics, que le policier devenu bourreau avait eu la chance de faire des études dans des Lycées et écoles privées, complètement différentes de celles des enfants des hommes politiques et riches patrons, si toutefois ils fréquentent les écoles privées de ce pays.

Quand le policier avec son arme de service ne protège pas les masses, donc il est instrumentalisé pour protéger ceux qui se servent de grands moyens financiers et contacts politiques pour piller les fonds du trésor public du pays et maintenir le statu quo.

les agents de la PNH sont devenus la cible de violence des bandits légaux qui sèment le deuil dans les familles haïtiennes.

Malheureusement, c’est ce même agent de police, toujours prêt à défendre les intérêts des riches et des politiciens corrompus, qui, à longueur journée, dénonce les mauvaises conditions des dortoirs et des cafétérias dans les commissariats. N’en parlons pas du retard de leur paiement mensuel. Il vous dira: nou poko jwenn kòb ti kat lan pou mwa sa a.

Depuis plusieurs mois, la criminalité dans toute sa splendeur plonge Haïti dans la consternation. Quand ce ne sont pas des paisibles citoyens, ce sont les agents de la PNH qui font les frais des assassinats des bandits armés dans le pays. Lutte d’influence et incompétence criminelle des autorités de l’État ne sont pas un phénomène nouveau, puisque depuis un bout de temps, les agents de la PNH sont devenus la cible de violence des bandits légaux qui sèment le deuil dans les familles haïtiennes.

Cette déroute, chaque jour, infligée à la PNH par des bandits lourdement armés est preuve que l’institution policière a échoué dans sa mission de protéger et de servir.

Mais, si les agents de la PNH ne peuvent pas se protéger eux-mêmes, la population, y compris les ouvriers dans les manufactures de sous-traitance, qui alors sert-elle et protège-t-elle? Les patrons, la classe des affaires, assurément ; en un mot, les chiens de garde du système corrompu…

Quand les policiers, fils de marchandes, de paysannes, de pauvres chômeurs ont reçu des ordres pour tirer sur les ouvriers qui revendiquent leurs droits par rapport à un maigre salaire de misère qui, eux aussi, sont exploités et mal payés, la PNH est donc créée avec des agents de souches pauvres pour servir et protéger les riches patrons et agents du système.

Et enfin, comme pour les policiers dans les commissariats, le problème des ouvriers qui sont dans les rues n’est pas seulement une affaire de salaire minimum, c’est aussi une question d’assurance médicale, de cafétéria, de transportation, d’écolage à payer pour leurs gosses, et aussi de leur dignité humaine bafouée par le patronat, les grands commis de l’État et toutes les strates des élites dirigeantes.

Prof. Esau Jean-Baptiste

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