Pleins Feux Sur : André Romain

« Une voix-phare et enchanteresse » | (Port-au-Prince - 1940?)

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André Romain

Les rejaillissements de l’époque d’or de la musique haïtienne des années 1940-1950 ; avec des pionniers vocaux comme : Joe Trouillot, Guy Durosier, Gérard Dupervil, Herby Widmaier etc. Dont la rayonnance a permis l’éclosion d’une remarquable filiation chanterelle au cœur des aléas évolutifs, marqués de l’influence de la musique (noire) états-unienne. Avec des vedettes émergentes telles que : Ansy Dérose, Jean Benjamin, André Dorismond, Fritz Pereira, Gary French, Michel Pressoir, Ricot Mazarin parmi d’autres et, la voix enchanteresse de André Romain qui s’est alors singularisée dans ce grenier d’appentis vocal qui a caractérisé l’environnement tonal en pleine mutation culturelle. André a surtout eu une formidable présence auprès d’une lignée dont il a constitué un vrai fer de lance dans la zone du Bas-Peu-de Chose et des environs.

Notamment comme moniteur d’un entourage restreint tel que : Fanfan Courtois, Jeannot Montès, Fritz Joassaint, et de son cousin l’excellent guitariste Tony Romain. Avant-courrier d’une filiation rompue au concours de chants dans les foyers estudiantins et, d’interminables ‘’jam’s sessions’’, André s’active amplement dans l’octroi de cours de chants, de guitares et de percussions. Tout en s’avisant d’un des plus beaux gosiers de son époque, paré d’un timbre exclusif qui l’évite toute comparaison ; ainsi que les chemins étroits du bénévolat. En ayant été prestement repéré par le nouvel « Ensemble de Raoul Guillaume » au sein duquel il peaufine son registre ; arrosant brièvement la musique de ce super groupe. Avant de céder ce poste à un certain Ansy Dérose ; en vue de rallier le grand « Orchestre Ibolele » dans une étape consécutive.

A ce pallier, André est l’une des voix phares d’une génération qui s’inspire à tant de courants exotiques et des paramètres fusionnés dont l’« Ibo Combo », qu’il a par la suite rejoint, en est un représentant accompli . A l’entame de la mouvance ’yeye’, il s’est imposé comme le patron vocal d’une germination exceptionnelle ; marquée par les traditions et en quête de modernité. Assemblé d’une palette de musiciens chevronnés, l’ « Ibo Combo » a alors aligné une sorte de ‘’dream team’’ avec : l’ingénieux Jacquy Duroseau au clavier, l’inspiré Tit Pascal à la guitare, l’avant-gardiste Ferdinand Dor à la contrebasse, le très avisé Lyonel Volel au sax, Jose Tavernier l’expérimenté maestro à la double fonction de percussionniste, chanteur et d’autres.

Emmené par un musicien novateur de la trempe de Herby Widmaier. Qui a alors fait de Radio Haiti  la station de radio diffusion de son père Ricardo; alors en fuite aux E.U à cause de la démence de papa doc. Le temple de la musique alternative et du mouvement yeye ; dont Herby a initié, précédemment à l’éclosion des mini-jazz. C’est donc avec prépondérance qu’André Romain a fait part de sa facture emballante et d’une qualité vocale impressionnante, au gré d’un phrasé sélect empli de la musicalité concise du crooner. Qu’il a étalé dans leur album liménaire qui reste encore l’une des œuvres les plus innovatives du début des années 1960. Assorti des titres comme : lavi mizisyen une méringue emballante et ‘die-hard hit’ qui raconte la solitude du musicien ; depuis reprise par des vagues successives. Et qu’André avait lui-même composée.

Il y chante aussi l’increvable ballade fleur d’amour et tube incontournable qui est une inspiration d’Herby Widmaier, avec toute sa luminosité lyrique, une musique dépouillée et une voix dont l’esthétisme s’adapte en la circonstance. Puis, la fameuse Choucoune (version Monton-Durand), en bossa –méringue qui en est l’interprétation la plus élaborée ; guidée par une tessiture garnisseuse. Mache renmen est l’un de ces morceaux générationnels dont l’écho ne semble jamais s’évaporer. Et qui n’ont jamais succombé aux effets des ans, à la manière du souffle imperméable d’André qui n’a pas toujours pu être emporté par la tempête des conquêtes éphémères. Tout ça et d’autres facettes du groupe ont fait couler bien d’encre à la première demie des sixties.

Jusqu’à ce qu’un macoute enragé y loge une balle dans la colonne vertébrale de Tit Pascal le guitariste du groupe alors musicien en montée au pays ; le paralysant pour la vie. Causant l’effroi, l’émoi et,  conséquemment la dislocation de ce groupe d’avant-garde. Dont les membres se sont dispersés aux Etats-Unis. Incluant André qui a aussi pris la poudre d’escampette, pour se retrouver dans des petits ‘’stints’’ à Maryland où il s’est fixé. En compagnie d’autres aces comme Toto Duval ; une autre victime des tontons macoutes. Qui n’a eu la vie sauve que grâce à l’intervention in extremis de son maestro W. Sicot au Palais national ; après qu’un militaire -macoute l’ait enfermé dans le coffre de sa voiture. En plus des nouvelles du terroir qui ne sont pas rassurantes pour André qui apprendra plus tard l’assassinat de son cousin un musicien évolutif, le guitariste Tony Romain par les sbires de Roger Lafontant.

Entre temps André a continué à polir ses sujets entre multiples collaborations éphémères. Incluant une association impromptue à la fin des années 1970 comme back up vocaliste et percussionniste. Dans l’album : ‘’The Haitian Stars’’ de Michel Pressoir, avec d’autres célébrités telles : Serge Simpson, Arthur Lovelace, Gérard Noël et son pote Toto Duval. Avec lesquels il a évolué dans un quartet qui a animé les recoins de Maryland dans les années 1980 ; se mettant aussi à l’occasion au clavier. Dans des performances qui sont encore inédites Avant de tirer sa révérence, en mettant définitivement au rancart cette voix irrésistible. Dont l’écho et les vocalises ont subsisté l’espace et le temps sans être emportés par la vague et les vogues.

 

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