Ni carnaval ni danses populaires !

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Tout est mal qui finit mal! Ainsi donc, l’impérialisme a jeté tous ses moyens dans la balance pour faciliter une sortie honorable à son valet Michel Martelly, dans le dessein de contrôler la situation. Il est bien évident que ce qui s’est passé le 7 février 2016 a, dans une certaine mesure, beaucoup de ressemblances avec le vécu du 7 février 1986. En vérité, seul le masque du pouvoir va changer de sorte que tous ces événements sont rattachés par un même lien historique : la domination néocoloniale.

Ne nous faisons aucune illusion ! Les acteurs haïtiens ont signé un accord de sortie de crise ; mais c’est seulement un accord pour la façade, un accord de la honte devrait-on dire qui a été mis en scène au Parlement le dimanche 7 février dernier. Ce n’est autre chose qu’un accord contre les aspirations du peuple concocté par les membres de la délégation de l’OEA sous les auspices du Core Group. Tout ce folklore se ramène à une volonté évidente, celle d’assurer par tous les moyens la pérennité de la domination impériale pour permettre aux vautours internationaux de satisfaire leur soif inextinguible de pillage des richesses de notre pays.

Dans le contexte du gouvernement provisoire que le Parlement aura à nous présenter, le politicien idéal sur lequel les forces impériales comptent miser pour la présidence provisoire est déjà connu dans les couloirs des chancelleries occidentales. Il s’agira simplement de dicter son nom aux parlementaires contestés pour qu’il soit validé. L’on se souvient que le sénat haïtien, après le début de l’occupation américaine en 1915, avait voté pour élire  Philippe Sudre Dartiguenave, parce que bien avant le vote, Washington leur avait indiqué qu’il avait porté son choix sur Dartiguenave.

En ce sens, l’équivalent de Dartiguenave en 2016 ne sera pas tout à fait différent de son prédécesseur, ni dans ses options, ni dans ses objectifs. Les prochains acteurs ne seront autres que des acolytes qui vont tout simplement changer de noms sans pour autant modifier leurs conceptions du pouvoir, la manière de l’exercer en conformité avec la doctrine politique telle qu’elle prévalait sous le régime corrompu déchu de Martelly, vassal des puissances exploiteuses. Ils reposeront sur un élément qui a toujours guidé l’action des dirigeants fantoches : la consolidation de la stratégie fondamentale des puissances tutrices.

Ils ne seront donc que des avocats de l’accord de la honte au détriment des revendications populaires qui demandent encore l’annulation complète des deux mascarades électorales. Position que ni le G8, ni Fanmi Lavalas ne font siennes ; vu qu’ils sont encore à la recherche d’un compromis avec le Parlement et l’Exécutif. Cependant jusqu’à maintenant, la démarche de l’opposition n’est pas cohérente, elle est plutôt  contradictoire, vu que leurs parlementaires qui n’ont pas été élus, c’est-à-dire qui ont été sélectionnés, siègent confortablement au Parlement. Ils ont été même présents au cérémonial du départ de Martelly , et de fait certains d’entre eux sont actuellement membres de la commission bicamérale chargée d’établir les procédures et d’étudier les dossiers des candidats à la présidence provisoire de la République. En laissant faire ainsi, il n’y a vraiment pas de différence notable entre ce que réclame le G8 et l’accord concocté par Martelly et le Parlement aux ordres de Washington. C’est au fait légitimer cet accord.

Cette médecine de totale confusion que veulent administrer les barons du régime et ceux de l’opposition n’est qu’un cautère sur une jambe. Il nous faut éviter qu’elle fasse recette au sein de la mobilisation populaire.

Quand pour le G-8 « la trêve sollicitée passe préalablement par la reconnaissance formelle par les deux “assemblées parlementaires” de l’existence d’une crise électorale en Haïti et de la nécessité de mettre en place une Commission d’Enquête et de Vérification Electorale chargée de restituer la sincérité du scrutin ». Il s’agit en fait de trouver un moyen (bancal) susceptible de reconnaitre le 9 août et le 25 octobre comme s’il y avait eu des élections, alors qu’il n’en a pas eu.

Le G8 est même allé plus loin en faisant des yeux doux à la Primature puisqu’ayant fait référence à la « position moins tapageuse » « plus raisonnable invitant au dialogue» du Premier ministre de facto Evans Paul. Or les revendications populaires fondamentales sont loin d’être prises en considération ni par l’opposition ni par le pouvoir de facto. Alors que signifie cette trêve que réclament les protagonistes ? Elle ressemble davantage à ces accalmies précaires annonciatrices de lendemains orageux contre les masses populaires.

Bref, à l’ordre du jour, le moment n’est pas aux arrangements tortueux de classe, encore moins à la réconciliation, non plus aux danses populaires. Le départ de Martelly ne modifie en rien la menace qui continue de peser sur le peuple, sur ses aspirations et son combat.

Non ! Le moment n’était pas au carnaval, mais à la mobilisation pour faire face à ceux qui veulent défendre et réaliser le rêve des ennemis du pays, et les vaincre.

Un seul mot d’ordre reste l’annulation totale de toute la mascarade électorale. On  dansera plus tard, quand on aura fini par se libérer du carcan impérial et quand le dernier soldat de la force d’occupation, la Minustah, aura quitté le sol dessalinien. Un dicton haïtien résume on ne peut mieux les choses : nan pwen wout pa bwa.

Berthony Dupont Volume: 9 • No. 31 • Du 10 au 16 Février 2016

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