
La semaine dernière, l’ambiance politique était si tendue dans le pays que le mouvement de protestation annoncé a paniqué les autorités. Celles-ci se sont senties si menacées qu’elles se sont précipitées pour appeler la CARICOM à l’aide. Ce qui les a encore plus effrayées, c’est le soutien officiel de l’ancien commissaire de police Guy Philipe, chef du parti FREN (Force révolutionnaire pour l’entente nationale), très hostile au Conseil présidentiel de transition (CPT), à l’initiative. L’objectif était de marcher sur la Primature et sur le siège du CPT à la Villa d’Accueil pour exiger leur départ afin de remettre le pays sur de bons rails.
La population a été appelée à descendre dans la rue, armes au poing, pour chasser les occupants illégaux imposés par l’Occident à la Primature et à la Villa d’Accueil. La proposition a été signée et approuvée par la majorité des citoyens conscients et conséquents. Le jour J, une foule immense, nombreuse, inestimable s’est mobilisée. Plusieurs milliers de personnes sont venues de toute la capitale, notamment des camps de déplacés internes. Ils sont venus de Canapé-Vert, Bois-Verna, Turgeau, Debussy, Carrefour-Feuilles, Pétionville, Bourdon et Débrosse, pour ne citer qu’eux, pour participer à cet événement majeur et apporter leur contribution. Dès quatre ou cinq heures du matin, des barricades avaient déjà été érigées sur la route du Canapé-Vert par les manifestants.

Pour semer la confusion et déstabiliser la marche, le gouvernement a commencé par publier un communiqué affirmant : « Le CPT et le gouvernement mobilisent les forces de l’ordre pour contrôler les criminels qui cherchent à troubler l’ordre public dans le pays.» Pour tenter de discréditer le chef de la brigade du Canapé-Vert, surnommé Commandant Samuel, membre de l’Unité de sécurité générale du Palais national (USGPN), le gouvernement l’accuse déjà de tout et de rien concernant les revendications populaires qu’il a reprises. Dans une interview accordée à Rudy Sanon, un subordonné de Pierre Espérance sur les réseaux sociaux, le présentateur a bien joué son rôle en servant la classe politique traditionnelle corrompue en informant Samuel Joasil que vous manifesteriez ce matin. Vous savez que les bandits et les gangs seront aussi dans les rues. Est-ce que ça veut dire que vous êtes de mèche avec eux ? demanda-t-il à Samuel.
Il poursuit : « On dit que vous travaillez pour Dimitri Hérard, Jimmy Cherizier et Guy Philippe. Est-ce vrai ?» lui demanda-t-il. « Pouvez-vous me répondre à cette question ? Samuel n’est allié à aucun gang, ni bandit ?» Enfin de compte, Rudy Sanon lui conseilla même de reporter la manifestation.

Malgré cette campagne de diffamation, la population se rassembla en masse au point de rassemblement, prête à en découdre avec le conseil présidentiel. Malgré qu’il ait plu tout le monde est resté sur pied de guerre, presque, comme des soldats en poste attendant l’ordre d’attaquer. Pour une grande première en Haïti, la pluie n’a pas dérangé les haïtiens. Tout cela explique combien le peuple est décidé à mettre un terme à ses cauchemars politiques

En réalité, cette interview prépara la capitulation de Samuel, qui suivit l’ordre à la lettre en annulant la marche. Il abandonna la marche vers la Villa d’Accueil, prétextant vouloir éviter des pertes humaines dans une embuscade planifiée. « Près de 300 individus ont été mobilisés par des politiciens corrompus pour massacrer la population », déclara-t-il vaguement. Le peuple paie le prix de l’absence d’une organisation cohérente et sérieuse. Malgré leur déception, les citoyens ont tout de même manifesté dans les rues de la capitale pour dénoncer l’insécurité généralisée et exiger le départ du Conseil présidentiel de transition (CPT).
Il ne sera pas facile d’expulser ces fossoyeurs de la direction du pays, car ils ont l’argent nécessaire pour acheter les naïfs, les indécis et les opportunistes, et surtout, ils bénéficient du soutien des pays ennemis d’Haïti. Mais un jour viendra où le peuple les poursuivra de toutes ses forces, les balayant comme des ordures.