Il est évident pour tout pays normal que la loi est un besoin fondamental des sociétés pour garantir les droits fondamentaux de leurs citoyens et organiser la séparation des pouvoirs. Certes, dans notre pays, particulièrement, la loi existe et a toujours existé ; cependant, ce n’est qu’un ensemble de règles établis pour définir les fonctionnements d’un régime politique.
Notre dernière constitution date justement de l’époque qui a suivi le départ du pays des régimes dictatoriaux duvaliéristes. Depuis lors, aucune amélioration des conditions de vie des masses populaires n’est en vue. Tout a empiré au contraire !
Et c’est cette charte-là que les sirènes du pouvoir en place, les puissances dominantes et à la rigueur même l’opposition traditionnelle rêvent coûte que coûte de changer, sans doute sous prétexte de transition, ou d’élections démocratiques ; mais c’est pour mieux gérer les masses, tromper l’opinion nationale de sorte que l’Etat bourgeois soit plus effectif dans son rôle aux services des classes dominantes capitalistes.
Aussi surprenant que cela puisse paraitre, il existe dans le pays une loi mère, mais la garantie des Droits n’est jamais assurée pour autant, c’est la loi de la jungle qui régit toujours et de tout temps notre société. Et ce n’est pas par hasard, si la sagesse populaire haïtienne se fait sienne le dicton : La Constitution, c’est du papier. Les Baïonnettes, c’est du fer.
Une nouvelle constitution est un autre moyen de continuer à envoyer de la poussière aux yeux des masses. b
Voilà dans quelles conditions le pays fonctionne et c’est la raison pour laquelle aucune loi mère n’a été respectée. La Constitution impériale de 1805 n’a pas reconnu de coup d’état mais elle n’a pu cependant empêcher d’être violée par des réactionnaires qui ont fomenté un coup mortel contre le fondateur de la Nation Jean-Jacques Dessalines.
La Constitution de 1987 symbolise le passage de la dictature à la démocratie, n’empêche, sous son égide, le pays a connu deux coups d’état, en 1991 et en 2004. Mais ce n’est pas tout, qu’est-ce qu’elle a apporté d’autre, si ce n’est que la corruption, le népotisme, l’incompétence et plus de malheur, de misère et de pauvreté ?
D’aussi bizarres survenues semblent un fait inévitable et de toute l’histoire du pays, aucune constitution, élection voire transition n’a jamais assuré ni démocratie, ni développement ni paix. Mais alors, quelles sont les raisons concrètes pour lesquelles les dirigeants de la classe politique toutes tendances confondues ont hâte de revoir entièrement la loi mère, de recourir à une quelconque transition et assurément pour organiser des élections ?
Tous ces projets renforceront sans doute leur pouvoir mais n’impliqueront guère une nouvelle mentalité aux personnages politiques qui ne sont que des conspirateurs contre la Nation. Une nouvelle constitution est un autre moyen de continuer à envoyer de la poussière aux yeux des masses. Le peuple doit finir par savoir que toute Constitution, certes est un acte juridique, mais qui n’infuse jamais une dose de conscience nationale, progressiste aux dirigeants politiques.
Présentement, ce n’est pas nécessairement d’une nouvelle constitution, de nouvelles élections ou d’une quelconque transition dont le pays et le peuple en général ont faim ou soif. Le peuple est à la recherche d’une autre alternative de lutte pouvant marier ses aspirations sociales à un changement fondamental de façon à garantir une véritable amélioration de ses conditions d’existence. Le pays a besoin d’hommes et de femmes dotés d’une conscience politique nouvelle, progressiste, pour assurer l’avenir des générations futures, et non pas de serviteurs de l’impérialisme.
Le peuple est à la recherche d’une autre alternative de lutte pouvant marier ses aspirations sociales à un changement fondamental
Tout projet qu’il soit constitutionnel ou pas, qu’il vienne du pouvoir en place ou de l’opposition traditionnelle ne sera qu’éphémère, inefficiente, s’il ne répond à des valeurs plus humaines et plus universelles consacrées à une lutte authentique de libération nationale et aux aspirations socialistes des masses en souffrance.
Il est vraiment opportun de démystifier d’une façon rigoureuse et révolutionnaire la trahison de la classe dirigeante haïtienne par un grand coup de balai populaire. La grande révolution à laquelle aspire et pour laquelle combat le peuple exploité, humilié, c’est celle qui viendra débarrasser le pays du système corrompu générateur de constitutions hypocrites et erronées, de vaines promesses électorales et de transitions à n’en plus finir, facilitant ainsi le recyclage des avocats d’une pourriturocratie au service de l’impérialisme.
Toute la politique menée depuis le parricide de Pont-Rouge à nos jours n’aura donc servi qu’à affaiblir les forces populaires qui finalement n’en tirent aucun profit. L’unique solution à cet inlassable attrape-nigaud politique reste la mobilisation organisée des masses pour canaliser le mécontentement populaire vers l’action nécessaire non seulement pour faire tomber du pouvoir tout laquais des impérialistes tel un fruit mûr ou pourri, mais aussi pour mettre en place des structures agissantes, efficientes de lutte populaire, à la façon du MAS bolivien, qui, sur le long terme, puissent finalement déboucher sur une authentique « révolution citoyenne » par le peuple et pour le peuple.