Le pas est fait. Le contact est directement établi entre la soi-disant opposition et le gouvernement. Quelles que soient les motivations de la Passerelle qui coiffent l’Alternative consensuelle ou les calculs des fossoyeurs à la solde d’un Déjean Bélizaire, ce qui se passe actuellement n’est pas simplement le fruit d’un déséquilibre politique mais une manifestation en bonne et due forme d’une lutte de classe avérée.
C’est pour éviter une situation catastrophique dans le sens « agir avant qu’il ne soit trop tard » que ces deux accords fantoches ont pris naissance. L’accord de Marriott sans trop de frais a engendré celui du Kinam.
Marriott n’est qu’un mythe qui s’est effondré justement avec la dispersion de tendances qui le composaient. Tout cela ne contribue-t-il pas, tant s’en faut, à clarifier que cette petite bourgeoisie opportuniste reste l’ennemi déclaré des masses défavorisées ?
Marriott et Kinam, deux couteaux des élites dirigés essentiellement contre les masses laborieuses des campagnes et celles des villes exclues du système. Leur projet principal est celui d’une modernisation cosmétique, aspirant à un changement de régime sans la transformation sociale de la société haïtienne.
Marriott et Kinam, deux couteaux des élites dirigés essentiellement contre les masses laborieuses
Marriott et Kinam : bonnet blanc, blanc bonnet. Ces individus qui parlent au nom du peuple et dont les mains sont liées au régime décrié par solidarité de classe. Deux complices conscients et avoués dans un même élan de désorganisation des classes populaires de façon à les empêcher de développer l’alternative sociale au pouvoir de l’oligarchie corrompue.
Marriot et Kinam : deux entreprises ayant un même patron mais vendant un produit ayant de label différent mais au fond identique, destiné à la consommation populaire. Leur but est complémentaire, tout d’abord rétablir et affermir le statu quo archaïque et pourri dans tous les domaines économique, politique, social et ensuite affaiblir la résistance populaire par leur présence comme avant-garde qui n’est que de la poudre aux yeux des masses.
Pour comprendre Marriot et Kinam, il faut remonter au mois de juillet 2018. Quand la majorité des membres actifs de cette opposition fictive n’avait pas approuvé le soulèvement des 6, 7 et 8 juillet. Certains avaient même ouvertement apporté leur soutien à la bourgeoisie en dénonçant et condamnant les actions revendicatives des masses comme de la violence.
La vérité têtue, révolutionnaire s’est finalement imposée comme nous n’avons cessé de le dire : l’alternative de libération nationale à laquelle aspire le peuple ne saurait venir de cette opposition démagogique. Il s’agit d’empêcher systématiquement le développement d’un mouvement populaire radical qui déstabiliserait leur plan et leur naturel antipopulaire.
Ces forces de l’opposition se sont constituées en un front à deux têtes pour la défense et la consolidation de la démocratie à l’impérialiste. On ne pouvait en effet s’attendre à d’autres considérations. Précisons, la majorité de ces politiciens sont des instruments au service de la réaction capitaliste pour sauvegarder intact l’appareil de domination.
La tension qui résulte entre la Passerelle et l’Alternative consensuelle qui force André Michel à déclarer que « le mandat de la Passerelle est terminé depuis 2 semaines » est de bonne guerre. Ce ne sont que des luttes fractionnelles, de petits conflits pour le contrôle exclusif de la chose politique, dépourvus de tensions capables de faire éclater le système.
Nous sommes loin d’un point de rupture avec le passé. A cette situation spécifique, doit répondre et correspondre une lutte qui tient compte de la volonté populaire des dominés et des exploités qui ne voudraient et ne veulent plus le rester. Ce qui ne peut se concrétiser que par la mise en œuvre d’un vrai Parti populaire et révolutionnaire de classe.
Les espoirs ne doivent pas s’effondrer face à ces accords fantoches élaborés aux hôtels Marriott et Kinam, deux accommodements de classe qui retarderont ou reculeront l’échéance triomphale du peuple.
Voilà pourquoi le seul choix demeure : la résistance populaire, la poursuite et l’intensification de la lutte organisée pour gagner le soutien des masses et conduire le combat jusqu’à la victoire finale et inévitable.