Haïti : Il faudrait rétablir la peine de mort pour les crimes économiques et financiers graves commis dans la Haute fonction publique!

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Si les fonds PetroCaribe avaient été bien dépensés, bien utilisés, les centaines de milliers de jeunes formés à l’université et dans les écoles de métiers n’auraient pas senti la nécessité de s’exiler volontairement…

« Vous qui voyagez avec le vent, quelle girouette peut diriger votre route? »
Khalil Gibran

Sommes-nous aujourd’hui aux portes d’une Révolution au niveau des structures sociétales de l’État haïtien? Cette problématique mérite bien d’être formulée, surtout lorsque l’on considère les événements qui ont secoué la capitale et les villes de province pendant ces derniers jours. Les masses haïtiennes ont-elles finalement et effectivement compris que la responsabilité incombe à elles-mêmes de chercher et de trouver la route qui garantisse le Bien-être social, la Sécurité économique et le respect  des Droits civil et politique? Un nouveau concept émané des filières de résistance et de militance anti-impériales est en train d’être stratégisé dans la lutte révolutionnaire des couches marginales de Cité Soleil, de la Saline, de Cité de Dieu, de Raboteau, de La Fossette, etc. Un mouvement politique radical commence à bourgeonner dans les quartiers bidonvillisés, avec l’intelligence et l’apport organisationnel des étudiants progressistes, foncièrement révoltés, fatigués des attitudes opportunistes des politiciens traditionnels, faiblards, peureux et inconsistants. Le slogan circonstanciel gagne tous les coins de la République, et traverse même les frontières : « Où est passé l’argent PetroCaribe (Kote kòb PetwoKaribe a)? »

Ce constat est rassurant pour les camarades qui rêvent de voir la République d’Haïti mettre le cap sur le développement durable, afin de garder l’espoir d’accéder, comme tant d’autres pays, au statut d’État émergent. La population, pressée comme des citrons mûrs par la misère, s’est brusquement déléthargisée. Elle se questionne sur la provenance douteuse des  fortunes colossales de certains énergumènes qui s’activent au sein ou gravitent autour du Parti haïtien Tèt kale (PHTK). Ces Fernando Sancho, ces siphonneux, ces écorcheurs, ces Lee Van Clef sont devenus aussi riches que Crésus en quelques minutes. 3 milliards 800 millions de dollars ont coulé comme le Titanic. Et encore ce n’est pas vrai. Car l’on a au moins retrouvé les épaves du bateau qui a valu cette majestueuse réalisation cinématographique au Canadien James Cameron.

Les Haïtiens ont juré de réhabiliter les institutions judiciaires, de placer à la tête des tribunaux des juges honnêtes et compétents qui seront capables de tenir un procès équitable contre tous les dilapidateurs des fonds concédés aux Haïtiens dans le cadre du programme socio-économique conçu par le Commandant Hugo Chavez en faveur des régions nécessiteuses de l’Amérique. Personne ne sera épargné.

La peur s’est déjà installée dans certains foyers. Des voix réduites au silence, qui jouissaient tranquillement, paisiblement devant leur cheminée, des fruits de leurs forfaits, s’élèvent de partout pour tenter de se disculper auprès des citoyens, avant même qu’elles soient officiellement et formellement accusées. Jean Marx Bellerive, Laurent Lamothe, deux anciens Premiers ministres, respectivement du défunt René Préval et du  « rossignol dépravé », le « roi des charognards », bavent sur toutes les chaînes de télévision et les stations de  radiodiffusion de la capitale  et des villes de province pour crier, clamer leur innocence dans cette saga de concussions, de rapines et de vols qui est devenue le plus grand scandale financier dans la Caraïbe au début du 21e siècle. Jude Célestin, lui-même, affrontera seul son destin dans cette affaire sordide qui n’épargne pas son nom et qui fait état de son implication directe dans ce festin de dilapidation, de détournements de fonds… Et même de meurtres. René Préval, par sa mort triste et regrettable, l’aura donc échappé belle.

La République d’Haïti n’a pas les moyens, les compétences professionnelles qu’il faut pour mener valablement une telle entreprise judiciaire. Dans ce dossier brûlant, il existe des implications nationales et internationales. Des acteurs locaux et étrangers. Un tel procès devrait se dérouler à la Haye, par-devant la Cour pénale internationale (CPI) : quoique cette institution soit loin d’atteindre un niveau de fiabilité satisfaisante. Il s’agit ni plus ni moins d’un « crime contre l’humanité », lorsque l’on détourne l’argent destiné à sauver un peuple de la disette et de la famine. Si les fonds PetroCaribe avaient été bien dépensés, bien utilisés, les centaines de milliers de jeunes formés à l’université et dans les écoles de métiers n’auraient pas senti la nécessité de s’exiler volontairement, de laisser le pays, de risquer leur vie, de s’humilier pour aller s’installer, dans les conditions que l’on sait, au Brésil, au Chili, au Mexique, aux États-Unis, au Canada… Les dirigeants haïtiens qui sont responsables de cette affreuseté, de cette monstruosité sont vraiment sadiques et méchants. Ils ont détruit des vies. Séparé des familles. Torpillé des foyers. Ces « voyous », d’une façon ou d’une autre, doivent répondre des actes de malversations économiques et financières qui leur sont reprochés.

Deux anciens Premiers ministres : Jean Marx Bellerive et Laurent Lamothe

La seule façon de parer à ces genres de dérive nauséeuse dans les coffres-forts de l’État, le trésor public, serait de revenir à la peine capitale pour certains crimes politiques, économiques et financiers. Certains diront que nous sommes en train d’effectuer des pas en arrière. Que de nombreux pays de la planète, dont le Canada et la France, ont aboli la peine de mort depuis longtemps. Ils nous parleront probablement du combat incessant mené par Robert Badinter pour détruire les guillotines, démolir les échafauds sur les places publiques de Paris. Nous leur répondrons que nous avons-nous-mêmes, dans le cadre de nos cours à l’université, réalisé un travail en faveur de l’abolition de la peine de mort. Nous y avons cité Victor Hugo qui déclara : « Pour un châtiment irréparable, il faut un juge infaillible. » Nous avons lu des ouvrages sur les grandes erreurs judiciaires qui ont  occasionné l’exécution d’un nombre incalculable d’individus reconnus pourtant innocents après plusieurs années. Malheureusement, le système est humain, par conséquent sujet à des erreurs. Et ne peut pas leur rendre la vie. Voler les biens de l’État, alors que des enfants ne fréquentent pas l’école, ne mangent pas à leur faim, ne boivent pas à leur soif, dorment dans la rue, se promènent en haillons, alors que des ouvrières et des ouvriers gagnent des salaires « tuberculosants », que des paysans n’ont pas de route pour transporter leurs denrées au marché, que les gens du peuple meurent sans soins médicaux, sans médicaments, quelles sanctions mériteraient les coupables dans le cadre de fonctionnement politique d’un État révolutionnaire?

Regardez autour de vous, observez le mode de vie des mercenaires qui sont impliqués dans le pillage des 3 milliards 800 millions dollars,   et dites-nous ce que vous feriez à la place des victimes de Préval, du PHTK et de Privert. Car, la probité intellectuelle nous commande de mentionner également ce dernier. Privert a dépensé plus de 50 millions de dollars pour organiser les élections frauduleuses qui ont livré la République d’Haïti pieds et mains liés aux félidés du Parti haïtien Tèt Kale (PHTK).

Vendredi 24 Août 2018, plus de 10 000 compatriotes ont pris part à un sit-in organisé devant la Cour supérieur des Comptes pour exiger la prise en charge du dossier de l’argent PetroCaribe par les autorités de la Justice. Au cours de cet attroupement massif, spectaculaire, à caractère fortement revendicatif, plusieurs chefs de groupements politiques se sont fait chahuter. L’ex-député Arnel Bélizaire, le nouveau dirigeant qui a hérité du mouvement politique de Lesly et Mirlande Manigat, le Rassemblement des Démocrates nationaux progressistes (RDNP), le « grand maître » des jeux de hasard, Éric Jean-Baptiste, pour ne citer que ceux-là, ont ramassé une déculottée, avant d’être bousculés et précipités en dehors du périmètre actif de l’événement. Nous avons appris en passant que le nom de Madame Mirlande Manigat circule depuis plusieurs jours sur la liste fantôme des éventuels ministres de Jovenel Moïse et de Jean Henry Céant, le fidèle notaire du « parti rose », le « démolisseur » des logements des petites gens du bas de la ville. Madame Mirlande Manigat dans le gouvernement du PHTK? On pourrait dire que ce n’est pas vraiment dans tous les cas que « l’âge amène la raison »!

PetroCaribe est-il en train de conduire notre pays là où les groupements politiques ont piteusement échoué depuis les événements de février 1986? Le seul acquis de cette période de tumultes et de grands bouleversements sociopolitiques demeure jusqu’à présent, à notre humble avis, une liberté de parole que l’on baptiserait même d’excessive. Vous nous dites, peut-être, que le qualifiant est inopportun, qu’il n’a pas sa place dans une réflexion qui se rapporte aux Droits naturels des individus. Nous vous référons tout de suite à cette atmosphère d’incongruité dans laquelle évoluent les réseaux sociaux : mensonge, grossièreté, arrogance, désinformation, médisance, calomnie, commérage… Ne sommes-nous pas tous les jours en présence d’une nuée de journalistes, de commentateurs de nouvelles, d’analystes politiques autoproclamés… qui crachent leur venin sur des gens paisibles, brisent des familles tranquilles, brassent toutes les sauces de ragots pour susciter de l’intérêt général, augmenter leur taux d’écoute et engraisser leurs revenus publicitaires? C’est cela aussi, l’héritage post jean-claudien. Trop parler n’est pas toujours le signe évident de la démocratie. Une Révolution sociétale doit prendre en compte tous les aspects des différents problèmes qui intoxiquent l’existence normale des citoyens honnêtes. N’importe quel minable « emberlificoteur », n’importe quel ennuyeux « palabreur » a aujourd’hui le toupet de s’improviser « leader de baratin » à la radio et à la télé.

Le philosophe politique Jean-Jacques Rousseau lui-même reconnaît : « L’homme est né libre, et partout il est dans les fers. » Nous sommes actuellement dans un carrefour où la question du « devenir de l’Humanité » doit être posée clairement. Et à travers la démarche explicative de la problématique, il faudrait que les gouvernements  de chaque pays en particulier prennent le temps de dégager le sens des responsabilités sociales, politiques, économiques et culturelles qui s’inscrivent dans le mandat global qu’ils se sont octroyé dans leur projet de société; celui qui leur a permis de  se présenter devant leur électorat pour obtenir finalement la  légitimation  de leur pouvoir et de leur gouvernance. Il ne faudrait surtout pas croire que les regards affolés de nos préoccupations sociopolitiques et économiques se tournent uniquement vers le Sud pillé, appauvri et affamé… Dans les pays du Nord, les conditions de vie arrivent à creuser des écarts étonnamment disproportionnés entre les nantis et les dépossédés

Les États puissants ont transformé la terre en une scène théâtrale immense où chaque individu offre l’impression bizarre d’interpréter un rôle tragique dans l’une ou l’autre de ces œuvres de Samuel Beckett : « Malone meurt », « Molloy »et « Murphy ». Seulement, entre l’asile et le mouroir, il sera toujours difficile pour l’être humain de faire un choix lucide et satisfaisant…

Lorsque, au milieu de l’aube fuyante, nous pensons aux masses haïtiennes, la seule image qui se forme dans notre  mémoire, c’est celle que nous inspirent  les conditions inhumaines d’incarcération du poète Jean Cayrol dans les prisons nazies. Elles étaient tellement dures que l’espérance de vie des détenus, en toute logique, ne pouvait pas aller au-delà de trois mois. Pourtant, Cayrol a survécu durant deux ans dans cette galère de cruauté. Sa survie ne tenait pas seulement du miracle divin, mais encore de l’entraide mutuelle et de la solidarité réciproque. « Chaque prisonnier français, raconte Cayrol, m’a donné une cuiller de soupe pendant plusieurs jours, ce qui m’a fait une assiette de soupe. J’ai pu survivre grâce à cela, parce que je pesais trente kilos à ce moment-là. »

Avec le temps et à partir de ce témoignage, nous sommes en mesure nous-mêmes de comprendre comment les citoyennes et les citoyens des pays défavorisés, comme Haïti, sont arrivés à résister à l’usure malfaisante de la disette criminogène et à survivre dans les jungles apocalyptiques  de l’appauvrissement criminel.  Dans les bidonvilles, les favelas, les quartiers interlopes, les individus ont appris à partager entre eux leurs maigres ressources alimentaires, à se nourrir mutuellement, tant soit peu, à tour de rôle : fractionner les petites portions de riz, de haricots, d’huile, de sel, etc. pour éviter que la faim tenaillante ne les emporte au cimetière les uns après les autres. Dans les ruelles empestantes, les corridors boueux, les « bols bleus » voyagent d’ajoupa en ajoupa, de taudis en taudis. Et avec un élan de générosité intense, inviolable et un sentiment de fraternité intarissable… C’est cette chaîne solide d’assistance mutuelle qui  empêche, jusqu’à présent,  la flamme de résilience des « misérables » de la planète, victimes de l’insatiabilité du « capital subjuguant »,  de s’éteindre brutalement.

L’université, dispensatrice des grands savoirs intellectuels, vulgarisatrice des brillantes connaissances théoriques sur l’évolution de la science et pour le progrès de la technologie moderne multidimensionnelle, a failli à la tâche noble du développement humain. La célèbre formule « E=mc2 » du physicien Albert Einstein, comme on le sait,  a servi à détruire, plutôt qu’à construire… Et, dans bien des cas, à rabaisser l’individu à un niveau  inférieur à celui de la « bête », plutôt qu’à l’ « ennoblir ». Les grandes facultés qui scintillent dans les poumons des universités de Harvard, Stanford, Tokyo, Toronto, Paris-Sorbonne, etc. classées les meilleures au monde, n’apprennent pas à leurs futurs diplômés de la Haute finance, comme on l’aurait présupposé, l’art de sauver, d‘améliorer la vie des nécessiteux, mais d’exploiter les masses ignorantes au profit du « capital mortifère ». Qui, selon vous, ont inventé les formules systémiques qui huilent les moteurs économiques des « États rapaces » et qui tablent sur les techniques de l’ « appauvrissement des pauvres »?  Où se trouvent les laboratoires qui  permettent aux « scientifiques serviles », pro-impérialistes, de  concocter malignement ces « méthodes inhumaines » d’aliénation et de subjugation? Ils passent leur temps à peaufiner le « mal »… Polir la « malfaisance ». Sculpter la « méchanceté » au millimètre près de la « perfection » ? Les seuls bénéficiaires des nombreuses recherches qui sont effectuées sur les techniques de fructification et de multiplication du « capital » restent et demeurent les 20% d’individus scélérats qui détiennent 80% des richesses de la planète. La dernière « invention maléfique » porte le vocable de « globalisation ».

Le soir du 12 janvier 2010 où Port-au-Prince s’est désintégré sous la puissance meurtrière du tremblement de terre, les « corporatocrates », pour adopter le concept de John Perkins, se sont frotté les mains. Ils ont vu dans ce terrible malheur qui a fait au-delà de 200 mille victimes, l’occasion alléchante de réaliser des milliards de profits sur le « capital ». Ce serait simpliste, même bête et idiot d’imaginer que les motivations des pays comme les États-Unis, la France, le Canada… accourus sur les lieux du désastre étaient totalement mues par un élan de philanthropie. Pour les « argentivores », les guerres et les catastrophes naturelles recèlent une logique cynique et une « sadicité » sordide: la capitalisation par n’importe quel moyen, à n’importe quel prix, et dans toutes les situations… Même debout sur les cadavres, les « tenants » de l’impérialisme omnivore cherchent, inventent, créent des occasions inusitées pour gonfler la panse de leurs finances.

L’éducation, couteau à double tranchant, eu égard à son mode d’utilisation, peut donc se révéler un instrument d’asservissement et/ou de conscientisation. Nous évoquons bien ouvertement le rôle précis que l’enseignement universitaire se prédispose, se réserve dans un contexte d’aliénation – qui est celui d’une dictature politique – ou de conscientisation – qui se réfère au processus d’une révolution quelconque dans l’environnement intrasociétal

En définitive, l’université forme des agents de perpétuation ou de reproduction des « systèmes ». Dans les deux cas, elle devient  l’« échiquier » sur lequel se glissent également – sans vouloir dire complètement – des pions marqués à l’encre invisible du statu quo : préserver ce qui est, sous le fallacieux prétexte de « choix idéal » pour le présent et l’avenir d’une nation… Néanmoins, rien ne peut demeurer statique sur une terre tournante.

Les mentalités évoluent. Les besoins se relayent. Les rêves s’accroissent. Les ambitions s’aiguisent. Les fossés inégalitaires s’élargissent. Les « nouveaux maîtres du  monde » sont piégés, juste pour le mentionner… C’est à ce carrefour que les intellectuels progressistes  – considérés comme des déviants  par les milieux conservateurs et réfractaires – tels que Lincoln, Castro, Sukarno, Lénine, Cabral, Trotski, Allende, Sandino, Zapata, Roumain, Alexis…  interviennent pour requestionner, redéfinir le rôle de l’université en tant que « outil » indispensable  de transfert des savoirs effilés, « courroie » fiable de transmission des connaissances aiguisées, et, en conséquence, repenser et adopter un « curriculum prescrit et réel » qui tienne compte des réalités politiques ambiantes, des nécessités économiques latentes, des revendications sociales urgentes, des aspirations culturelles et identitaires… qui émergent de la conscience révolutionnaire du peuple éveillé.

Cette dimension analytique échappe facilement aux ressources intellectuelles limitées des gens simples qui, en butte aux pressions lourdes des conditions existentielles de la quotidienneté, ne peuvent pas voir au-delà des nuages opaques, derrière lesquels se dissimulent les grands enjeux hégémoniques et néocoloniaux qui orientent, déterminent la politique intérieure et extérieure des « États » riches, kleptocratiques, arrogants, belliqueux…

Souvent, les individus s’unissent pour s’ériger contre des femmes, des hommes, des famillesdes groupes puissants, au lieu de se dresser contre un « système », objet complexe et résistant duquel résulte une dynamique politique et économique savamment inventée et mise en place pour les besoins de la cause de l’impérialisme monopolistique et monolithique. Les « dépossédés » de la terre doivent comprendre que, pour changer leur sort, il ne leur sera jamais suffisant de faire éclater leur colère dans la rue, marcher contre les châteaux et les palais, lancer des pierres contre les vitrines des magasins et les sièges des multinationales, enflammer des pneus sur les chaussées goudronnées, crier « à bas » jusqu’à l’épuisement de la corde vocale. Le grenier politique des pays émergents ou en voie de développement regorge de flagorneurs au service inconditionnel du «capital», et complètement subordonnés, nettement soumis au diktat des «États dominants». Dans les situations politiques explosives, la communauté internationale qui dirige l’orchestre politique mondial parvient toujours à trouver – et sans difficulté – un «piètre instrumentiste», «un rossignol des bois », un «vilain et médiocre sorbonnard» pour remplacer un «président fantoche ». Le président américain Franklin D. Roosevelt aurait déclaré ironiquement, en faisant allusion à la bamboche et orgie politiques somozistes : «Somoza est peut-être un fils de pute, mais c’est notre fils de pute…» En 1422, époque lointaine de Charles VII et du duc d’Uzès, pair de France, l’équivalence donnerait : «Le roi est mort, vive le roi…!»

De manière cocasse, Somoza hérita Somoza; Duvalier succéda à Duvalier; Kabila remplace Kabila… Et cela, même lorsqu’un poète révolté, comme Rigoberto Lopez Pérez, un 21 septembre 1956 au Nicaragua, décida de sacrifier son art pour accomplir un acte courageux, quoique le geste héroïque fût suicidaire et ultime. Il assassina le président Anastasio Somoza Garcia et fut abattu sur-le-champ. Poète, il avait 27 ans…

Aucune insurrection populaire, dans un contexte de changement, ne saurait atteindre ses objectifs spécifiques sans bénéficier du soutien d’un secteur de l’armée et de la police.

En 1789, les militaires se sont rangés aux côtés des insurgés français. Idem, en1917, pour la révolution d’octobre. 7 février 1986 en Haïti, l’observation ne repousse pas la logique…! Car, le « soldat famélique», le «gendarme mal fagoté», le « policier freluquet », tôt ou tard, ils se souviennent que ce sont les corridors sinueux qu’ils doivent longer en zigzagant pour aller retrouver leur épouse ou leur concubine, et leurs enfants! Et, sans surprise, ils refusent d’obtempérer aux ordres…!

Depuis 1976, année au cours de laquelle la talentueuse essayiste Susan George, à l’instar de nombreux autres, nous a révélé  « Comment meurt l’autre moitié du monde  », nous risquons – par l’inaction, l’immobilisme et la lâcheté – de devenir complices d’un « Crime grave » : la  destruction programmée des pauvres

Robert Lodimus 

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