En Haïti, le Kenya choisit la servitude impérialiste plutôt que la solidarité panafricaine

L’Alliance noire pour la paix (BAP) condamne dans les termes les plus fermes la proposition du Kenya de mener ce qui équivaut à une intervention armée étrangère en Haïti.

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Le président du Kenya William Ruto lors du défilé d'évanouissement au Collège National de Police

Le Kenya a proposé de déployer un contingent de 1 000 policiers pour aider à former et assister la police haïtienne, apparemment pour « rétablir l’ordre » dans la république des Caraïbes. Pourtant, leur proposition n’est rien d’autre qu’une occupation militaire sous un autre nom ; une occupation d’Haïti par un pays africain n’est pas du panafricanisme, mais de l’impérialisme occidental à visage noir. En acceptant d’envoyer des troupes en Haïti, le gouvernement kenyan contribue à saper la souveraineté et l’autodétermination du peuple haïtien, tout en servant les intérêts néocoloniaux des États-Unis, du Core Group et des Nations Unies.

Il existe un besoin urgent de clarté sur la question de l’occupation en Haïti. Comme décrit dans une récente déclaration sur Haïti et le colonialisme, Haïti est sous occupation continue. Aucun appel à une intervention étrangère en Haïti de la part de l’administration du Premier ministre nommé Ariel Henry ne peut être considéré comme légitime, car l’administration Henry elle-même est illégitime. BAP a souligné à plusieurs reprises que la crise d’Haïti est une crise de l’impérialisme. Le gouvernement impopulaire et non élu actuel d’Haïti n’est soutenu que par les dirigeants impériaux de facto d’Haïti : la confédération inconvenante des pays et organisations du Groupe central, ainsi que du BINUH (le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti), et une alliance lâche de sociétés et d’entreprises étrangères avec les élites locales.

Henry et l’ONU se sont moqués de la souveraineté en proclamant le slogan « Des solutions haïtiennes aux problèmes haïtiens », tout en trouvant la seule solution dans la violence à travers une intervention militaire étrangère. Après des tentatives infructueuses répétées d’organiser une force d’occupation pour protéger leurs intérêts et imposer leur volonté au peuple haïtien (y compris des appels à l’organisation multinationale, la Communauté des Caraïbes [CARICOM] pour des troupes), ils ont maintenant trouvé un complice volontaire au Kenya, un pays d’Afrique de l’Est avec ses propres problèmes internes.

Le BAP exige que le Kenya annule sa proposition d’envoyer 1 000 policiers en Haïti

Comme l’affirme Austin Cole, co-coordinateur de l’équipe BAP Haïti/Amériques : « Au mieux, le Kenya se laisse utiliser dans une ligne violente de marionnettes néocoloniales qui entraînera inévitablement davantage de morts et de pillage impérial pour les masses d’Haïtiens… Au pire, le Kenya y voit une opportunité facile de servir les « maîtres » coloniaux et de gagner les faveurs pour ses besoins politiques et financiers. »

En effet, qu’est-ce que cela rapporte au Kenya ? Une opportunité à la fois de former et d’augmenter les salaires des forces de police locales et de gagner une patine de prestige, ou du moins l’approbation de l’Occident. Et pour Haïti ? Les coups blancs d’une main noire et une nouvelle érosion de leur souveraineté.

Le BAP exige que le Kenya annule sa proposition d’envoyer 1 000 policiers en Haïti, tout en appelant le peuple kenyan à se joindre aux masses haïtiennes et aux voix radicales du monde entier pour condamner l’occupation et la gouvernance continues d’Haïti par le Core Group et l’ONU.

Non à l’occupation. Non à l’intervention étrangère. Non aux Noirs face à l’impérialisme. Oui à la souveraineté. Oui à une véritable alliance panafricaine entre les peuples d’Haïti et du Kenya.

BAP
3 Août 2023

 

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