Quelle leçon tirer du drame de Canaan?

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Il est certain que la criminalité s’est imposée et a atteint des niveaux insoutenables dans différents endroits de la capitale et même des villes de province. Elle affecte énormément la vie quotidienne des citoyens, vivant dans une peur constante due au climat d’insécurité dans lequel est plongé le pays.

N’est-ce pas une violation du droit élémentaire d’un citoyen de le tenir dans des conditions permanentes d’intimidation ? Surtout, quand il est sujet à être victime fréquemment d’abus de toutes sortes le portant jusqu’à fuir son domicile en quête d’un brin de paix ou d’une quelconque assistance.

Toute personne ou groupe de personnes qui se sent personnellement menacée doit agir pour se défendre. C’est de la légitime défense. En présence d’une insécurité généralisée et croissante et vu l’absence totale de politique de sécurité à l’échelle nationale, le pays sombre dans d’interminables cas de violence, aggravant la misère et la pauvreté. Ainsi, le samedi 26 août 2023, on a assisté au déclenchement d’une initiative citoyenne de la population décidée à affronter des criminels notoires lourdement armés logés à Canaan.

Alarmé par la flambée de violence qui s’amplifie dans le pays et à l’appel du pasteur Marcorel Zidor de l’église Évangélique Piscine de Bethesda, une pléiade de personnes, femmes et hommes de tout âge et tout particulièrement une majorité de jeunes, dans un esprit de révolte populaire se portaient volontaires pour aller combattre les gangs de la région de Canaan que dirige un certain Jeff dit « Général » régnant dans son fief en maître et seigneur. Les protestataires ont été tragiquement accueillis par des balles tuant et blessant plusieurs d’entre eux.

le peuple est appelé à redoubler ses efforts de coordination et d’organisation face aux délinquants pour combattre cette insécurité programmée.

Depuis le mois d’avril 2023, le peuple avec le mouvement Bwa Kale a décidé lui-même de prendre en main sa destinée sur le plan sécuritaire, dans la mesure où, le pouvoir de facto en place n’a montré aucune volonté, sinon, aucune envie d’établir la paix, vu que cette insécurité lui offre un moyen de se maintenir au pouvoir. En fait, il est plus qu’évident que cette situation fait l’affaire des puissances impérialistes qui pillent nos richesses en accord avec ses laquais locaux.

Au lieu d’organiser la sécurité du pays, le gouvernement de facto, pour tourner en dérision la population et de façon à laisser pourrir cette situation inédite de violence sociale, préfère, sous les diktats des puissances exploitantes recourir à une force militaro-policière étrangère, robuste, selon leur propre vocabulaire.

Le drame de Canaan illustre à lui seul l’irresponsabilité du régime et l’insouciance de tous les membres de l’appareil d’État face à la vie du peuple. Même quand la police n’aurait pas été informée de cette marche, – apparemment elle l’était – à la minute même que cette grande marée populaire gagnait les rues, par principe de précaution, une présence policière s’imposait et en grand nombre soit pour les accompagner et les sécuriser soit pour les dissuader à ne pas poursuivre leur activité.

Mais, comme c’est à Canaan, un endroit pauvre et abandonné qui ne trouble guère les entreprises bourgeoises, la police a laissé faire ou a vite pris la fuite.

Cependant si cette marche devait emprunter la route de l’aéroport, ou prendre la direction de la Résidence du Premier ministre comme l’a bien souligné l’activiste politique Rosemond Jean, la foule aurait été vite dispersée par la police à coup de gaz lacrymogène. En somme, le gouvernement a nettement encouragé une situation de « quasi-guerre civile » dans le pays, pour ne pas compromettre le complot interventionniste de la bourgeoisie. Mais c’est un fait, il existe dans ce pays des forces obscures qui encouragent des attaques contre les masses défavorisées pour les empêcher de revendiquer leurs droits.

D’autant plus, elles vont utiliser cette tragédie, non seulement pour forcer leurs patrons de la Communauté internationale à accélérer le processus d’intervention mais aussi à discréditer le mouvement populaire Bwa Kale. Cette réaction des criminels à l’égard du peuple prouve qu’ils ont été ébranlés et c’est la panique qui a pris le dessus. Si constamment et systématiquement ces différents foyers de gangs avaient été attaqués par les masses en révolte, ils finiraient forcément par être maîtrisés. Ce qui s’est passé à Canaan ne doit pas être synonyme d’échec pour le Mouvement Bwa Kale et non plus prendre ce naufrage comme un signe d’incapacité et de faiblesse. Il faut juste plus d’organisation, de stratégie et de sérieux avec des gens ou leaders plus responsables pour conduire ce Mouvement.

En toute lutte, il y a des revers mais c’est la pédagogie de la consistance et de la persévérance aux mesures collectives à prendre pour faire échec aux agresseurs. La marche du 26 août malgré ses faiblesses apporte des réponses permettant de tirer des leçons, comme à redoubler d’efforts avec des organisations sérieuses et conséquentes capables de s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité. Bwa Kale est un mouvement positif qui a grandement montré que le peuple en a vraiment marre de cette situation d’insécurité et se montre prêt à lutter jusqu’à mettre en péril sa vie pour essayer d’en finir avec cette calamité et combattre le chaos qui y règne.

Malgré les victimes au sein du peuple, qu’on déplore évidemment, c’est un début de combat à encourager et à structurer davantage de sorte que beaucoup plus de gens envahissent les rues pour dessiner la construction d’une grande lutte et revendiquer un autre environnement de vie.

Reculer devant ce devoir, c’est ouvrir la voie à d’autres aventures ignobles contre la population. Face à cette situation préoccupante, le peuple est appelé à redoubler ses efforts de coordination et d’organisation face aux délinquants pour combattre cette insécurité programmée. Un sursaut populaire « Grenadier à l’assaut », axé sur des informations concrètes peut en un clin d’œil tout changer, car nous ne pouvons pas laisser notre destin à la merci d’une force étrangère comme le souhaitent et l’espèrent les puissances tutrices.

Cette force d’occupation ne va rien résoudre, bien au contraire ! Notre situation s’empirera davantage dans la mesure où notre pays continue à sombrer dans d’interminables cas de violence, d’insécurité, de viols et d’instabilité politique de sorte que cette occupation puisse nous remodeler à son goût. Si d’aucuns ont échoué, c’est parce qu’ils avaient essayé. Alors, tant que le peuple n’essayera pas mille fois, il ne pourra pas s’affranchir de la domination impérialiste !

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