Sur les ruines du naufrage, une autre Haïti est possible !

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Que reste-t-il aujourd’hui des espoirs suscités par la chute de la dictature en 1986 et le départ pour l’exil du dictateur Jean-Claude Duvalier, parrainé par les Etats-Unis et qui avait contrôlé le pays pendant 29 ans en succédant à son père François ? Que reste-t-il de la prise du pouvoir en 1990 par un gouvernement populaire que Washington avait vite détrôné grâce à un coup d’Etat militaire sanglant pour sauvegarder et maintenir le statu quo?

Depuis le coup du 30 septembre 1991, le pays semble avoir perdu, une énième fois et cela pour de bon le contrôle de son destin. Cela fait plus d’une trentaine d’années, depuis que les pouvoirs se gargarisent de politiques économiques responsables des privatisations, de zones franches, de corruption, de népotisme au rythme voulu par Washington et au pas consensuel du  FMI (Fonds Monétaire International).

Le pays est aujourd’hui totalement déboussolé. Une détérioration des conditions de vie et une augmentation de la pauvreté dont les plus éclatants symboles demeurent le chômage endémique de jeunes des Centres urbains et de nos paysans sans terre. L’anomie a désormais atteint son paroxysme vers plus d’obscurantisme, plus de détresse, plus de désespoir, plus d’angoisse, plus d’insécurité et de terreur. Déjà, un grand nombre d’habitants éprouvent d’énormes difficultés à avoir un repas quotidien, voire des détenus qui meurent affamés dans les prisons du pays.

Les tenants du pouvoir ne s’adonnent qu’à dilapider les fonds du Trésor public dans de folles dépenses somptuaires et inutiles. Ils préfèrent bâtir des villas luxueuses et acheter des voitures de luxe sans aucun souci pour les travailleurs recevant un salaire de misère, sans compter les millions de chômeurs abandonnés à leur sort.  Le plus grand Centre hospitalier du pays est démuni du strict minimum quand l’hygiène sociale a atteint le niveau le plus bas.

Les tenants du pouvoir ne s’adonnent qu’à dilapider les fonds du Trésor public dans de folles dépenses somptuaires et inutiles.

Quelles sont les causes profondes de cette horrible situation d’inégalité criante entre les classes sociales ? Comment en sommes-nous arrivés là, avec des autorités échappant à leur devoir de responsables devant la population ? N’est-ce pas là le cynisme d’une bourgeoisie antinationale qui opprime et se fait le porte-étendard du néo-colonialisme, le tout couronné d’un système politique et économique capitaliste en opposition ouverte avec les aspirations des masses populaires.

Comble d’ironie, les Etats-Unis s’emploient depuis l’occupation militaire de 1915 à enserrer la domination du pays. Ils ont mis en place et appuyé une succession de régimes fantoches, anarchiques, corrompus et rétrogrades pour conduire le pays dans la voie du déshonneur et de l’échec. Dans ces conditions, on peut se demander si ces opérations criminelles n’annonçaient pas cette escalade poursuivie avec obstination et frénésie. Dans tous les cas, la main impérialiste dirige tout et en même temps brouille toutes les cartes et se complait dans les manœuvres et les complots de toute sorte avec une oligarchie gouvernante kleptocrate.

À quoi assistons-nous maintenant ? À une société empêtrée dans ses contradictions, figée dans la désespérance. La grande émancipation des masses populaires sur l’échiquier politique en 1986, et la percée populaire de 1990 a disparu au fil des troubles et bouleversements politiques.

Le pays au lieu de progresser, ne fait que régresser. Il est bien évident qu’une telle dérive  n’aurait pu arriver sans de puissants moyens et sans l’assistance et la complicité de la classe politique traditionnelle haïtienne alliée indéfectible de l’impérialisme. Par son inefficacité, sa médiocrité et son inconscience elle a donné au pays l’image d’un navire naufragé.

Nous assistons bien à quelque chose bien orchestré depuis le fameux projet américain pour Haïti. Projet néolibéral mis en place sous le gouvernement de Ronald Reagan visant à démanteler l’Etat, le rendre inopérant, inexistant jusqu’à sombrer dans ses ordures. Des tonnes d’immondices à chaque carrefour, chaque coin de rue dont la pestilence tend à devenir plus constante et cela ne dérange guère la classe dirigeante parce qu’elle a failli à sa mission. Quelle dérive ! Quelle honte ! Elle ne peut même pas ramasser les ordures qu’elle-même a accumulées.

Washington ne peut en même temps brandir d’une main le drapeau du renouveau et dans l’autre se faire le champion des idéaux des oppresseurs, des exploiteurs et des bourreaux du peuple haïtien. Signalons que tous les capitaines du navire ont été encouragés et patronnés directement par tous les gouvernements américains sous la forme la plus corruptrice du pouvoir et d’exploitation des masses haïtiennes.

C’est le naufrage des auteurs de nos malheurs, particulièrement, le chef de file, les Etats-Unis qui, sous la couverture des Nations-Unies avec ses différentes missions ne cessent de déstabiliser le pays. C’est le naufrage de la Communauté internationale avec ses officines diplomatiques baptisées de « Core Group ». C’est aussi le naufrage de la classe politique traditionnelle haïtienne qui n’est que l’instrument politique programmé pour servir la cause de l’étranger tout en réduisant le peuple à n’être qu’un inutile objet. Ce naufrage réside dans la politique moribonde de soumission mise en place par les dirigeants parasites pour garantir davantage les intérêts égoïstes des possédants qui se sont fabuleusement enrichis sur le dos du peuple.

Que par ce naufrage, le peuple haïtien se débarrasse une fois pour toutes de l’impérialisme et de ses valets locaux qui se sont manifestés,  toute honte bue, dans les Accords de Musseau, Montana-Pen-Greh et tout le reste pour se régénérer.

Nous invitons les masses prolétaires à serrer les rangs, à être vigilantes et prudentes, à se souvenir de cette sagesse très significative « Quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finira toujours par se lever. » Qu’elles continuent à s’organiser pour bâtir une autre Haïti réellement libre, prospère, indépendante et socialiste sur les ruines de ce naufrage historique.

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