Tandis que divers pays de l’Amérique latine sont le théâtre aujourd’hui d’un renouveau d’espoir de changement plus ou moins progressiste en comptant sur leurs propres forces organisationnelles, en Haïti, c’est tout le contraire. Au lieu d’avancer vers une amélioration de nos acquis démocratiques, c’est la débandade qui règne, sinon un retour en arrière. En témoignent les complots multiples et incessants que les forces obscures au service de l’oligarchie bourgeoise antinationale n’ont cessé d’ourdir pour continuer la déstabilisation du pays.
Sans vergogne et avec un cynisme qui caractérise les réactionnaires bien-pensants et sûrs de leur droit, ils nous ont fait ressembler à un peuple sans histoire, sans rêve, sans objectif, qui n’a aucun sentiment de honte. Pourtant, nous ne sommes pas ce peuple-là. Nous devons nous sortir coûte que coûte de cette éternelle répétition du cycle de déception dont la vitesse tend à s’accélérer de plus en plus ces dernières années.
Nous ne pouvons plus rester spectateurs impuissants de notre descente en enfer. L’histoire d’Haïti à elle seule peut servir de boussole pour mettre un terme à cette décadence ou projet de dislocation du pays. Que notre passé soit analysé et interprété avec les enseignements qu’il renferme afin de rebattre les cartes de façon à nous affranchir de la domination impérialiste. Ainsi, nous pourrions résoudre nos contentieux, nos problèmes sans aucune ingérence étrangère.
Comment expliquer que chaque élection ou n’importe quelle autre ouverture démocratique est une occasion de reconduire le pays à la case départ dans son malheur, voire de tomber encore plus bas ? Alors qu’il n’y a aucune volonté, aucun projet politique orienté vers la construction d’une nouvelle société ou d’un nouvel Etat.
Au point où en sont les choses, il n’est pas vain de chercher à combattre ce système basé sur l’exploitation brutale de la majorité laborieuse. Notre peuple peut et doit se libérer de cette mise sous tutelle américaine légitimée depuis plus d’un siècle par la bourgeoisie et la classe politique locale. Le système capitaliste doit enfin disparaitre afin de sortir le pays du long et profond tunnel d’abime dans lequel on l’a plongé. La démocratie et l’économie haïtienne peuvent être radicalement réorganisées par nous-mêmes pour nous permettre de reprendre le contrôle de nos vies et renverser les forces rétrogrades qui nous empêchent de construire une société libre, juste, égalitaire et prospère.
Une autre Haïti est-elle possible ? Peut-on et doit-on serrer les rangs et bâtir une alternative dans un même combat pour le droit à l’existence du peuple haïtien? Assurément oui. C’est notre devoir de le faire et on peut le faire concrètement ! Pour cela, une contre-offensive est donc impérative, dans la mesure où l’on parvient à s’adresser aux classes populaires défavorisées, à la jeunesse estudiantine, aux paysans pauvres et en organisant le peuple-travailleur. Tout en formant des cadres et des dirigeants de valeur conscients de leur condition de classe. C’est par là que nous devons commencer à tracer la voie ouvrière pour faire face à cette réalité qui s’empire.
Ce travail gigantesque sera l’œuvre d’un Parti, d’un Parti ouvrier révolutionnaire qui saura unir toutes les forces revendicatives autour d’un véritable projet de rupture avec les politiques néolibérales, autoritaires et racistes du système capitaliste destructeur. Il aura un objectif concret comme moyen de réaliser un vrai changement démocratique.
Seul un Parti des travailleurs, par les travailleurs et pour les travailleurs, avec des syndicats conséquents, peut élever l’unité, l’esprit combatif et la conscience de classe de la masse populaire. De sorte que, quand nous nous unirons pour nous défendre, nous commencerons à reconnaître notre propre valeur et nos capacités collectives. Pour y arriver, une direction révolutionnaire est nécessaire. Elle seule sera capable de mettre fin aux affrontements et à la violence des gangs dans les nombreux quartiers ouvriers et transformer les masses en une véritable armée révolutionnaire.
C’est à ce prix que pourrait naître un vrai espoir de changement pour les masses exploitées qui, à ce moment précis, signifierait en terme de rupture : changement structurel et transition au socialisme en vue de briser, une fois pour toute, les chaines de la domination impérialiste du pays.
La violence, la criminalité et la corruption des politiciens résultent de l’agonie actuelle du capitalisme qui ne recule devant aucune extrémité reflétant ainsi le mépris des dirigeants de ce système barbare pour les masses ouvrières. Voilà pourquoi nous, de l’équipe Haïti Liberté, sommes entièrement contre toute volonté de confrontations entre des groupes de bandits amplement programmées par les réactionnaires de la classe politique. Puisque les masses opprimées en sont les principales victimes.
Peut-on inventer une alternative ouvrière conséquente ? Oui nous le pouvons ! Osons-nous donc ! Telles sont les conclusions que tire Haïti Liberté à la lumière de la lutte de classe et de la confiance en l’avenir du peuple. Avec la volonté, la conviction et la confirmation de mettre en mouvement des actions concrètes de lutte, nous pouvons briser les forces réfractaires qui sommeillent au sein des masses populaires. Une fois délivrées des handicaps liés à un manque d’organisation et d’actions concertées, les masses laborieuses pourront enfin prendre en main leur destin, et lutter au nom du droit sacré à la liberté, au développement souverain et à la réalisation de leurs aspirations légitimes.