Le lundi 12 juin dernier, selon ce qu’ont rapporté les étudiants de la Faculté d’Ethnologie, le doyen Jean Yves Blot a fait rouler les pneus du mini bus de la faculté sur les jambes de l’un des étudiants. Il s’agit de Jean John Rock Gourgueder en troisième année de la faculté d’Ethnologie. Ce dernier fait partie des 19 étudiants controversés expulsés de l’Université d’Etat d’Haïti depuis le mois de Novembre 2016. Ces étudiants ont pour nom : John Andy W. ANTOINE, Christela CASIMIR, Frantz Guy CELESTIN, Maika RUTH CHARLES, Esther CLERGÉ, Pierre Walkens CLERISNE, alias Ti Pyè, Jean Gardy CLERVIL, Herwens DESIR, Sodwin DORMÉLUS, Jean John Rock GOURGUEDER, Fritz HONNEUR, Samuel MORANCY, Wedly MOZEAU, Bachelard NOEL, Walner OSNA, Jacques Steven PRIOLI, Luder PROVIDENCE, Mackenzie Toussaint SAINT-GILLES et Schill Péguy SULLY.
Ainsi au cours d’une Assemblée avec les dirigeants de la Faculté d’ethnologie, les expulsés de cette institution ont sollicité leur intégration soutenue par d’autres. Malheureusement, cette réunion s’est terminée sans aucune issue favorable. Les concernés sont allés rejoindre le doyen au parking pour lui parler, peine perdue. Quand le doyen au volant s’apprêtait à partir, 4 étudiants se sont allongés au sol comme des barricades pour lui barrer la sortie ou du moins pour le forcer à leur adresser la parole. Le doyen a accéléré, Gourgueder, stoïque et convaincu de son geste, est resté au sol alors que les autres étudiants s’étaient mis de côté. L’irréparable est arrivé : une roue de la voiture du doyen est passée sur une jambe de Gourgueder.
Cet acte malheureux a incité la colère des étudiants qui ont mis le feu à certains autres véhicules des responsables garés dans la cour de la Faculté et une partie du bâtiment a été également touchée par les flammes. Il a fallu l’arrivée de la police, notamment d’un camion du Corps d’intervention et de maintien d’ordre (CIMO et des sapeurs pompiers pour essayer d’éteindre le feu et calmer la situation.
Pendant ce temps, certains étudiants ont transporté la victime à l’hôpital pour les soins nécessaires sur fond de manifestation tout en exigeant « l’arrestation immédiate » du doyen, le professeur Jean-Yves Blot.
Vu la gravité de la situation le jeudi 15 juin, le Rectorat de l’Université d’Etat d’Haïti annonce « la formation d’une commission d’enquête chargée de faire la lumière autour de l’incident malheureux […]. ». Cette commission est formée des professeurs Laënnec Hurbon, Roland Louis-Charles, Odonel Pierre-Louis et Jaccamnn Charles.
Selon ce qu’a rapporté le quotidien le Nouvelliste le doyen a confessé qu’il n’a pas fait exprès « C’est regrettable ce qui s’est passé », a-t-il fait savoir. Est-ce cette déclaration de forfaiture du Doyen qui a incité des professeurs regroupés au sein de la Cellule de Réflexion pour la Nouvelle Université Etat Haïtien (CRNU) et du Syndicat du Corps Enseignant de l’UEH (SCE/UEH) à prendre position jusqu’ à manifester non seulement leur « solidarité à Gourgueder, mais à demander catégoriquement « l’arrestation immédiate du Doyen Jean-Yves Blot et de tous ses complices jouissant de la pleine impunité et de la complaisance des autorités concernées, ainsi que la poursuite judiciaire contre tous les auteurs et complices de la corruption et de l’administration malsaine au rectorat de l’UEH ».
Une grande marche des universitaires a été organisée en solidarité avec la victime pour continuer à dénoncer le Doyen jusqu’à ce que le commissaire du gouvernement fasse le nécessaire, soit l’arrestation du Doyen.
Tandis que des organisations populaires tels que : MODEP, Sèk Gramsci, GRAD, MOLEGHAF, le syndicat des normaliens UNNOH, GREPS, LAKOU, KRD et FRAKKA apportent leur soutien à l’étudiant, une autre organisation « Ayiti Djanm » tout en saluant la victime, apporte par contre son plein soutien au Doyen qu’elle indique être un de ses membres : « n ap salye tou kanmarad konba nou Jean Yves Blot ki viktim kwazman kontrenati yon tandans gochis ak sèten eleman ladwat pou ouvè yon veritab kanpay destriksyon moral ak sosyal kont kanmarad nou Jean Yves Blot.».
L’ex-président Michel Joseph Martelly n’est pas resté indifférent. Il a rejoint le camp du Doyen en fustigeant l’étudiant en ces termes sur les antennes de Scoop FM le mercredi 14 juin : « Une voiture peut être une commodité, un abri ou une arme. (…) Dans le cas de l’autre jour, quand on explique que le monsieur courait parce qu’on l’envahissait (sic), c’était un outil de sauvetage. Quelqu’un qui essaie de sauver sa vie, ne pense pas s’il y a quelqu’un devant sa voiture. C’est vous qui devez savoir qu’il ne faut pas vous mettre devant la voiture quelque soit ce qui arrive ».
Pour ajouter ensuite « Il y a beaucoup de façons de se battre. Il est temps que les jeunes garçons et jeunes filles commencent à se tenir droits et fassent en sorte que les gens cessent de les exploiter. On exploite la jeunesse, on lui fait faire des choses qui n’ont aucun sens. Ils sont jeunes, ils peuvent penser que ‘tout voum se do’. Ce n’est pas vrai ‘tout voum pa do’. Quand on est jeune on ne fait pas n’importe quoi ».
« Se coucher volontairement devant une voiture ne fait aucun sens ; mais, si vous choisissez de mourir pour une cause, ça c’est autre chose » a-t-il fait savoir.