Vertières 217 ans plus tard : Lettre de rappel de Jean Jacques Dessalines !

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Le monument des héros de Vertières au Cap-Haitien

Une lettre de rappel pour une décolonisation totale du pays par le Général Jean Jacques Dessalines en ce 18 novembre 2020


À l’occasion de la commémoration de 217 ans de la bataille de Vertières, je vous écris, petits fils de colons, de Rigaud, de Pétion, de Geffrard aussi bien qu’aux nouveaux riches venant d’horizons divers, pour vous rappeler que le 18 novembre 1803 fut un acte fondateur pour Haïti. La bataille de Vertières est source d’inspiration pour les opprimés, mais pas une opportunité pour les oppresseurs d’imposer leur nouveau joug de déshumanisation de notre race. Sur ce, je ne tolérerai pas que des oppresseurs viennent opprimer mon peuple pour qui, dans la ligne verticale de mon idéal, mon sang a coulé.

Aujourd’hui, corruption, misère, pénuries, crise sociale et politique, insécurité, gangs armés, ingérence de l’étranger dans les affaires internes d’Haïti, villes paralysées par des barricades et des manifestations sont les grands titres d’actualité des journaux internationaux sur mon pays qui, autrefois, était un lieu d’accueil et d’hospitalité pour les opprimés. Face à ce constat accablant, je suis obligé, dans l’intervalle de quelques semaines, d’écrire encore une autre lettre. Mais cette fois ci, c’est à ceux-là qui ont le monopole de richesses dans le pays que je m’adresse. Qu’avez-vous fait de l’épopée de Vertières sinon qu’afficher votre totale indifférence face au sort des masses défavorisées ? Et ceux et celles qui croupissent dans les bidonvilles et dans divers coins de l’arrière-pays, n’auront-ils donc rien ?

217 ans après, il est inconcevable que les masses pataugent dans la misère la plus abjecte

Je tiens à vous rappeler, en dépit de l’absence de vos grands-pères et ceux de vos alliés aux combats de Vertières, en ma qualité de grand rassembleur, j’avais choisi d’offrir les mêmes opportunités à tous pour construire cette nation. Mais 217 ans après, il est inconcevable que les masses pataugent dans la misère la plus abjecte pendant que, comme des rapaces, vous avez accaparé toutes les richesses du pays. Du Panthéon ou veille encore mon âme rebelle et farouche, je scrute les menus détails de vos plans et complots macabres contre le bonheur du peuple haïtien. De plus, j’entends dire toutes sortes de critiques à mon endroit. A telle enseigne, ils sont nombreux ceux qui arrivent à cette conclusion que nous sommes tous coupables.

Il est inconcevable et ironique à la fois que des nouveaux riches, avec leur pouvoir d’argent et leurs accointances dans les médias locaux et internationaux se font passer pour des victimes, alors qu’ils sont en réalité de véritables oppresseurs des masses. Donc, moi, Papa Dessalines, le discours que nous sommes tous coupables ne me convaincra pas. Car, quand des familles à elles seules contrôlent toutes les richesses du pays pendant que le reste de la population n’a rien, donc tout le monde ne peut pas être coupable. S’il doit y avoir des coupables, ce sont vous les nouveaux venus aussi bien que les petits-enfants de ceux-là qui ont été absents au dernier combat à Vertières le 18 novembre 1803.

17 octobre 1806-18 novembre 2020

Cela fait deux-cent quatorze ans depuis ma traversée sous les balles assassines des ingrats et des traitres à la nation. J’ai l’impression que le temps s’est arrêté, et que nous sommes encore en train de vivre la même scène de jalousie entre les hommes de l’Ouest et ceux du Sud qui me haïssaient, et ceux qui encourageaient mon combat pour des lendemains meilleurs. Ces gens m’ont assassiné pour pouvoir empêcher mon idéal de prospérité pour les nouveaux libres d’alors, dont aujourd’hui, les petits-enfants vivotent dans les bidonvilles du pays.

Tant qu’il y a des familles dans les bidonvilles qui meurent de faim pendant que vous continuez, avec la complicité de la classe politique vassalisée à accaparer toutes les richesses du pays, moi Dessalines le Grand, je ne vous laisserai pas continuer votre projet de sabotage de mon idéal pour mon peuple.

Quand le cri de cette majorité de jeunes gens qui, chaque jour, sont derrière leurs barricades m’est parvenu comme au temps de l’esclavage, pendant que leurs jeunes sœurs sont exploitées sexuellement, donc il est de mon devoir en tant que père fondateur de cette nation, de réagir contre les oppresseurs.

Quand les autorités ne sont pas les exploiteurs directs de ces jeunes filles, dans bien des cas, avec des fortunes faites de corruption et dilapidation des fonds du trésor public, elles organisent un véritable viol collectif de la société haïtienne. Donc, de là où je suis, je vous écris pour vous rappeler que si vos grands-pères avaient essayé de saboter le 18 novembre 1803, dans la foulée, je vous ne laisserai pas galvauder l’épopée de Vertières.

Depuis ma mort en 1806, vous, agents du système oligarchique qui monopolise tout le système économique du pays, je vous rappelle que la distribution de richesses et de services publics est mal orientée. Le système économique que vous imposez à mon peuple l’asphyxie tout simplement. Donc, en ce 18 novembre 2020, l’ordre vous est intimé pour que ce niveau d’inégalités cesse. Moi, Général Dessalines, je vous dis, halte-là, classe oligarchique, vous avez dépassé les bornes.

Si Rochambeau, par ses monstruosités racistes et son extrême cruauté avec des chiens dressés pour déchiqueter mes vaillants soldats, ne pouvait pas m’en empêcher dans la lutte pour libérer le pays des chaînes esclavagistes, donc ce n’est pas vous, petits-fils de ce commandant français et alliés de satellites internationaux au pays qui pourraient nous faire obstacle dans la lutte pour renverser un système corrompu et mafieux. Donc, comme le 18 novembre 1803, aujourd’hui, les petits fils de Capois La Mort, dignes héritiers de la race, doivent crier: en avant! en avant! pour une autre victoire de Vertières. Grenadiers à l’assaut, nous devons combattre et continuer de combattre jusqu’au dernier soupir pour la décolonisation absolue de notre pays. Peu importe le jugement de vos alliés nationaux et internationaux, nous le ferons pour notre pays et l’avenir de nos enfants.

Général Jean-Jacques Dessalines
Fait à Port-au-Prince le 18 novembre 2020

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