Un nouveau juge pour enquêter l’assassinat de Moise

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Le juge Garry Orélien est chargé d’instruire l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse

Le doyen du Tribunal de première instance (TPI) de Port-au-Prince, Me Bernard Sainvil vient, le vendredi 20 août 2021, de désigner un nouveau juge en la personne de Garry Orélien pour entamer l’instruction du dossier de l’assassinat du président Jovenel Moïse survenu dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, à l’intérieur de sa résidence privée située à Pèlerin 5, dans la commune de Pétion-Ville.

Il a pris au doyen 10 jours après la démission du juge Mathieu Chanlatte et le meurtre du greffier attaché à son cabinet d’instruction Frantz Lafortune, pour trouver quelqu’un non seulement ayant la capacité mais également la volonté d’accomplir cette immense tache de justice que la population attend de pied ferme pour faire la lumière sur cet assassinat lâche et crapuleux.

Le juge d’instruction Garry Orélien

Suite à cette nomination, le Ministre de la Justice et de la Sécurité publique Rockfeller Vincent n’a pas tardé à prendre les mesures allant à la sécurité du juge. Ainsi, il affirme dans un tweet : « Le Ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) a mis à la disposition du juge d’instruction Garry Orélien tous les moyens nécessaires à la bonne conduite du dossier de l’assassinat du président Jovenel Moïse. Que ceci soit clair : tous les efforts seront déployés pour arrêter tout individu impliqué dans ce crime ».

Sans doute pour matérialiser cette démarche, il a adressé une lettre au Directeur Général a.i de la Police Nationale d’Haïti, Léon Charles, datée du 23 août 2021,  en ces termes: «  Je m’empresse de vous enjoindre de passer les instructions fermes et nécessaires à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) afin que tous les moyens logistiques, financiers et coercitifs dont dispose la Police Nationale d’Haïti soient fortement mobilisés en vue d’aboutir à l’exécution des mandats émis par le Commissaire du Gouvernement contre tous ceux et toutes celles qui ont une implication dans l’assassinat de son Excellence Monsieur le Président Jovenel Moïse.

Par ailleurs, j’attire votre attention sur la nécessité de mettre en place un dispositif sécuritaire spécial dans les cellules logeant les colombiens et les autres personnes concernées par cette affaire et détenues à la prison civile de Port-au-Prince. Cette démarche participe à l’idée de minimiser tous les risques encourus par ces derniers dans l’intention de les réduire au silence. J’attends, Monsieur le Directeur Général a.i que la permanence maximale soit décrétée et maintenue sur ce dossier dont l’avenir de la démocratie et de la Nation en dépend…

Le Ministre de la Justice et de la Sécurité publique Rockfeller Vincent

Enfin, je vous rappelle qu’il est fait obligation à la Police Nationale d’Haïti d’accompagner et de déférer à toutes les réquisitions du magistrat instructeur qui sera désigné pour enquêter en profondeur sur cet acte crapuleux qui ne cessera de choquer la conscience nationale ».

Alors qu’un nouveau juge d’instruction vient d’être nommé pour instruire l’assassinat du président Moise, le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) que dirige  Me Gedeon Jean a dans un rapport publié le samedi 21 août 2021 fait montre de certaines inquiétudes quant à la tournure que prend le dossier de l’assassinat de Jovenel Moise au niveau de la justice haïtienne. Selon le CARDH) « seul un tribunal spécial peut réaliser le procès »

Dans la même veine, un rapport du RNDDH sur l’assassinat de Jovenel Moïse affirme que l’un des suspects du crime Joseph Félix Badio a parlé au premier ministre Ariel Henry le soir même de l’attaque contre la résidence du chef de l’Etat. Le rapport de l’organisation des droits de l’homme n’a toutefois pas précisé le contenu de cet entretien entre les deux hommes.

Bien que le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) du fameux directeur exécutif Pierre Espérance ait la renommée de produire des rapports entachés d’irrégularités et de mensonges, pour l’essentiel, il revient au Premier ministre de clarifier cette accusation par des explications claires et nettes.

Au cours d’une interview accordée à la radio Magik9,  le 24 août, Espérance a fait savoir que l’actuel ministre de la Justice et de la Sécurité publique constitue un frein à l’avancement de l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse: « Ce dossier ne pourra pas progresser tant que Rockfeller Vincent, ministre de la Justice, sera en poste, parce qu’il n’a pas contribué à faire arrêter Joseph Badio, l’un des cerveaux du crime, qui est également son bras droit »

Le fugitif Joseph Félix Badio

Il nous faut rappeler que le 4 août dernier, sur son compte twitter, le ministre Vincent avait indiqué : « Joseph F. Badio, ce fugitif activement recherché par la PNH, n’a jamais été formellement membre de mon Cabinet particulier, ni un proche, encore moins un ami. J’apporte un démenti formel aux rumeurs et demande à la PNH d’intensifier les recherches afin de l’appréhender »…. «J’ai eu des relations de travail avec lui, lorsque j’étais Directeur Général de l’ULCC, de janvier à juillet 2020. Il (Badio) était alors employé de l’Institution. Bien avant, il avait travaillé pour le compte du MJSP… Inutile de tenter de brouiller les pistes…», a clarifié Rockfeller Vincent.

Dans la foulée, n’est-il pas évident de rappeler qu’au cours d’une interview avec le journaliste Garry Pierre Paul Charles sur Scoop FM, le premier ministre Ariel Henry avait essayé de plaider l’innocence de Joseph Félix Badio en déclarant tout bonnement « je ne crois pas que Badio ait participé dans cet assassinat », avait-il laissé entendre. Comprenne qui pourra…

 

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