Comme il était facilement prévisible, l’arrêt des manifestations des syndicats d’ouvriers pour favoriser le dialogue, n’a rien accouché d’autre qu’une rencontre le lundi 5 juin entre les syndicats, le patronat et le gouvernement organisée à l’initiative de la commission sénatoriale des affaires sociales ; puis le mercredi 7 Juin, au Palais national, le Président de la République, Jovenel Moïse en profita pour installer un nouveau Conseil Supérieur des Salaires (CSS) qui dans son optique « doit faire des recommandations dans le plus bref délai tout en prenant le temps d’écouter les acteurs et de bien analyser les secteurs d’activités économiques. Et de prendre des mesures pour permettre à nos entreprises et à nos industries de continuer à fonctionner pour la satisfaction des travailleurs et du patronat »
Cette cérémonie a eu lieu en présence des membres du Gouvernement et du Parlement ; des membres du Syndicat des Travailleurs et du secteur patronal. Ce jour là Jovenel a fait d’une pierre deux coups, vu qu’il a su installer la Commission Nationale pour la Modernisation du Transport en Commun qui de son côté « travaillera, à la professionnalisation du système du Transport en commun en Haïti. Elle doit proposer des normes en vue de permettre aux citoyen(ne)s de voyager dans de bonnes conditions », a indiqué Jovenel. Il encourage cette Commission « à produire son rapport dans les délais fixés ; ce qui permettra à son administration de mettre en place le Bureau National du Transport Routier (BNTR) qui sera l’autorité régulatrice du transport routier »
En effet les 9 membres du CSS ont été nommés par arrêté présidentiel. Il s’agit des représentants du ministère des Affaires sociales et du Travail : Renan Hédouville, Guerline Jean-Louis et Louis Pierre Joseph ; Gilbert Durand, Hugo Élien et Jean Max Bazin représentent le secteur patronal tandis que Pierre Joseph Polycarpe, Fritz Charles et Saint-Éloi Dominique représentent le secteur ouvrier.
Renan Hédouville, le président du Conseil supérieur des salaires déclara dans son discours de circonstance « Nous avons une lourde responsabilité. Les yeux sont fixés sur nous et nous devons agir vite ; mais avec professionnalisme, clairvoyance, loyauté, sens de l’honnêteté et du patriotisme… ». De bien belles paroles sans fond pour mieux amadouer les naïfs.
L’installation du nouveau CSS ne fait que non seulement semer la discorde au sein des syndicats, mais annuler sans aucun doute le rêve des 800 gourdes des travailleurs ; puisque les principaux membres du CSS n’iront pas dans le sens des revendications des ouvriers car ils sont tous, sous l’obédience du patronat et du gouvernement. Ainsi, certains syndicats essaient de résister. Ils contestent ouvertement la nomination de Pierre Joseph Polycarpe et Fritz Charles deux personnalités qui ont été désignées par UTL et CFOH, alliées du patronat en tant que leurs représentants. Ils les dénoncent et c’est dans cette optique que Dominique St. Eloi, lui, n’a pas participé à la cérémonie d’investiture du CSS afin de protester contre la nomination de Polycarpe et de Charles.
A présent les syndicalistes ne savent quoi faire. Ils ont ignoré les forces populaires et aujourd’hui ils se confient à Jovenel Moise, le président de la République, un allié historique des patrons vu que lui-même fut membre de la Chambre de Commerce et de l’Industrie du Nord-Ouest (CCINO) et ensuite Secrétaire général de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Haïti (CCIH). Dans une lettre à lui adressée, ainsi qu’au ministre des affaires sociales et du travail (Mast), Roosevelt Bellevue, les syndicats de la Plate forme Syndicale Usine -Textile Batay Ouvriye (PLASIT-BO), Central National des Ouvriers Haïtiens (CNOHA) et le Groupement Syndical des Travailleurs, Travailleuses pour la réexportation Assemblage GOSTTRA/CTSP exigent le remplacement des deux représentants Pierre Joseph Polycarpe et Fritz Charles au sein du CSS.
Par ailleurs le lundi 12 juin des ouvrières et ouvriers avaient organisé un sit-in devant le Parquet près le Tribunal de première instance de Port-au-Prince, pour exiger la libération de leur collègue Williamson Fertile arrêté par la police depuis le 22 mai 2017 lors du mouvement de mobilisation des syndicats.
Le mot d’ordre des 800 gourdes qui faisait du sens est censé tombé dans l’oubli !