Un nouveau compte à rebours électoral

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Le Conseil Electoral Provisoire vient de publier son calendrier pour les prochaines joutes suivant les prescriptions de la Commission de vérification. D’ores et déjà, le pays est, en effet, entré dans une nouvelle conjoncture aux tenants et aux aboutissements qui seront justement difficiles à cerner puisqu’il reste toujours le théâtre permanent de contradictions programmées, téléguidées et de luttes internes à n’en plus finir.

 

En tout état de cause, cette nouvelle conjoncture se caractérise surtout par une ré-introduction du facteur d’honnêteté et d’un brin d’idéal, de façon à sauvegarder notre dignité et à rapatrier notre souveraineté. Cette échéance si elle n’est pas temporaire, va-t-elle vraisemblablement marquer un tournant décisif dans l’évolution de la situation ? En d’autres termes, ces semences porteront-elles prochainement de grands et de bons fruits sur le chemin du peuple en lutte qui attend de pied ferme qu’une lueur d’espoir se mette à briller ?

Certainement !

Bien que par conviction, nous du journal, nous ne saurions jamais agréer que les Législatives et les Municipales sont légitimes. Elles devraient tout bonnement être annulées à l’instar des présidentielles. Quoiqu’il en soit, nous applaudissons la résistance du régime provisoire aux diktats des forces tutrices qui en tout temps tendent imposer leur propre agenda de continuité dans la corruption.

 

Cependant le volte de face inattendu du Core Group qui maintenant « exhorte  les acteurs haïtiens à respecter scrupuleusement ce calendrier électoral afin d’organiser des élections transparentes et équitables d’une manière impartiale, permettant aux Haïtiennes et aux Haïtiens d’élire le Président de la République, les représentants parlementaires ainsi que les autorités municipales et locales, tel que prévu par la Constitution haïtienne » en dit long. C’est un signal clair qu’il va se mettre de la partie en commençant par financer les élections, de là à s’en approprier le contrôle jusqu’à même récupérer la situation politique.

A ce stade, nous devons tenir compte de l’inféodation de la classe politique traditionnelle à l’impérialisme international dont l’influence sur le cours des événements se manifeste de plus en plus. Un tel constat réclame que nous devrions éviter les forces qui tirent les ficelles et minent les organisations démocratiques en les infiltrant.

Si les dirigeants haïtiens, pour une fois, tiennent bon en n’acceptant aucun conciliabule d’«aide» des puissances impérialistes, s’ils ne laissent pas non plus primer leurs propres projets au détriment du pays et de la collectivité, sans aucun doute le laboratoire faillira dans sa sale besogne d’infiltration et de corruption. C’est dans ce contexte qu’il convient de tracer une importante ligne de démarcation à savoir: ne pas continuer sur la même lancée d’avant en nous accommodant du fait de l’occupation, en oubliant la domination impériale qui nous tient sous une implacable dépendance. Jetons-nous dans la bataille et faisons en sorte que soient dans nos mains tous les leviers de décision relatifs à la souveraineté de notre territoire national!

En l’absence d’une volonté unitaire de clarification des idées capable de faire la lumière sur l’état actuel des choses tout en amenant un projet national avec, chaque parti ou chaque secteur, malheureusement, se trouvera conduit à privilégier ses préoccupations particulières comme s’ils vivaient dans un univers différent. Toute notre énergie se perdra dans des luttes de personnes, dans un certain dualisme d’anarchie groupusculaire et individualiste qui ne favoriserait que l’opportunisme et la démagogie. Essentiellement, tous ceux qui craignent de perdre leurs privilèges et leurs propres intérêts ne seront guère à même d’établir une véritable indépendance nationale et une politique qui réponde aux profondes aspirations du peuple haïtien.

Ces élections à venir devraient, en effet, s’accompagner d’un « modus vivendi » intelligent qui ne manquerait pas d’avoir des répercussions positives sur les différentes forces politiques agissant sur la scène haïtienne. En effet, il ne suffit pas seulement de changer les cadres sans un travail en profondeur de réhabilitation progressiste.

Sans un tel sine qua non, il ne serait pas surprenant que les prochaines joutes accouchent des mêmes bêtises d’avant et reviennent avec les mêmes égarements. A ce compte, les masses populaires ne devront placer leur confiance que dans un mouvement national qui parvienne à dépasser les déchirements internes.  Autrement, ce nouveau compte à rebours électoral ne fera  non seulement qu’épuiser la dynamique d’efforts des masses, mais encore, les divisera dans des querelles stériles qui affaibliront leurs capacités de résistance, de combat et de victoire.

Il est sans aucun doute, temps, pour nous de cesser d’agir en éternels dupes. Maintenant, tout le monde disserte sur la crise électorale, sans admettre pour autant que la vraie solution doive passer par la mobilisation des masses populaires autour d’un nouveau projet de société national et progressiste, seul capable d’instaurer, la stabilité et  la libération totale de notre pays.

 

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