Un rapport sans aucune surprise

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Nous ne nous attendions pas, à ce que le rapport  de la Commission soi-disant indépendante de vérification des élections frauduleuses de l’ancien régime crée tout un chahut politique. D’ailleurs, tout indiquait déjà, que quelque soit le résultat, il serait contesté, au point d’aller fatalement faire éclater au grand jour de profondes contradictions.

N’est-il pas significatif, à ce nouveau carrefour,  que le ton sans précédent dans lequel ce rapport officiel à propos de la mascarade électorale a été conçu a réussi à établir l’étendue et la gravité des malversations ; mais il n’a pas tout à fait avancé d’un iota de plus d’aucun des secteurs politiques.

Au contraire, cette grande comédie ne fait que consolider particulièrement le Parlement qui avait facilité le président du Sénat d’alors, Jocelerme Privert, en le hissant outrageusement à la tête de l’Exécutif haïtien par un vote au second degré. Parmi ses déshonorables  collègues parlementaires nombre d’entre eux sont contestés pour n’avoir pas été élus, mais choisis ou achetés au prix fort leur mandat.

En vérité ! Ce rapport de Ponce Pilate ne va laisser que trouble et confusion, puisque au lieu de trancher catégoriquement pour annuler tout bonnement la honte qu’on avait qualifiée d’élections, la commission a choisi plutôt de passer la balle aux pieds du Conseil électoral provisoire que préside Léopold Berlanger. Lui-même n’a pris aucun engagement, puisqu’il  n’a pipé mot au cours de la cérémonie de la remise du rapport.

D’ailleurs, pouvons-nous oublier qu’auparavant Berlanger avait déjà pris la précaution d’indiquer à la presse «  que les recommandations de la Commission ne seront pas imposables au CEP ! »

« La boucle est bouclée. Il revient maintenant à son destinataire, le Conseil électoral, d’en faire bon usage », a fait savoir Privert. Comme quoi tout est bien qui finit bien, alors que la crise vient à peine d’éclore pour une autre phase.

En fait, les réalités de la situation politique nous autorisent à demander à qui profite ce rapport fait sur mesure,  quand le candidat de Pitit Desalin, Moise Jean-Charles, avec quelques inquiétudes, l’applaudit aussi bien que Fanmi Lavalas ; alors que ce qu’ils réclamaient et exigeaient de la Commission, ils ne l’ont pas encore trouvé, à savoir la mise à l’écart des fraudeurs ! Cependant, rien n’a changé au point que  la classe politique gesticule à vide dans une indifférence résignée, apeurée, cynique ou spontanée d’une commission qui qualifie tous les candidats à la présidence de mesquins, de fraudeurs  pour les envoyer dos à dos au vestiaire. O ironie ! Elle a même recommandé que le processus soit repris pour les présidentielles comme l’a bien indiqué le président de la Commission François Benoit.

Evidemment, ces mesures de la Commission ne suffisent ni pour établir finalement de quelle façon le pays entend sortir de l’instabilité chronique qui le ronge, ni pour conjurer cet outrage qui justifie sa mise sous tutelle depuis 2004.

Un inventaire honnête et rigoureux reste encore à faire pour débrouiller le fil de cet imbroglio, pour retrouver le fil d’Ariane qui aurait pu nous aider à retrouver notre vrai chemin.

Mais comment s’y prendre quand des politiciens de tout poil se reprennent déjà à rêver d’un prochain processus électoral avec ces mêmes acteurs corrompus qui écument l’appareil de l’Etat dans ses échelons les plus élevés.

A ce point odieux, en effet, ce que la commission a signalé ne nous étonne point !

Nous le savions et c’est dans cette perspective que nous avions en maintes fois souligné dans nos colonnes: Pas d’élections crédibles, honnêtes et souveraines possibles, sous occupation ! Pas d’élections avec  Martelly ! Ce sont les candidats fantoches, les opportunistes qui, de tout temps, dès qu’ils entendent les sirènes électorales, courent aveuglément après elles.

Ce rapport ne fait qu’ouvrir largement la porte pour légitimer convenablement les élections municipales et législatives.  Devant ce danger, nous exigeons l’annulation totale de la mascarade électorale qu’elle soit du 9 Aout ou du 25 octobre 2015 et le retrait immédiat des forces occupantes de la Minustah qui ce 1er Juin entame leurs 13 années d’occupation de notre territoire, véritable malaise qui nous enveloppe dans cet abime d’instabilité chronique.

Pourtant, pour le G-8 ou le G-1 de Madistin le pays n’est pas encore dans le chaos et pour cela il « appelle aujourd’hui à un compromis politique historique impliquant les trois pouvoirs de l’Etat, les acteurs de la société politique, de la société économique et de la société civile avant le 14 juin 2016 pour éviter que le pays ne sombre dans le chaos et l’anarchie »

Cette situation de pompiers ne peut durer plus longtemps. Les symptômes d’un bouleversement en profondeur se multiplient. Les uns le craignent et se préparent à la réconciliation pour ne pas dire une alliance pour barrer la route au changement !

Alors que nous autres du mouvement populaire et progressiste nous le souhaitons pour laver l’humiliation de notre pays.

C’est à nous de donner l’exemple d’une unité davantage plus forte et solide de façon à vouer à l’échec les complots des forces impérialistes.

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