Transition politique en perspective, confusion et division dans l’opposition! (3)

(3e partie)

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Les responsables de la Direction Politique de l’Opposition Démocratique

Les tentatives pour trouver un consensus politique entre les multiples formations de l’opposition se poursuivent. Comme nous l’avons déjà souligné, ces initiatives se font dans la perspective de la transition politique à venir au départ du Président Jovenel Moïse. C’est ainsi que depuis le jeudi 15 octobre 2020, le pays dispose d’une nouvelle structure politique collégiale mise en place par un ensemble de partis politiques de l’opposition plurielle, entre autres, le Secteur Démocratique et Populaire (SDP). L’objectif étant de constituer une force représentative face au pouvoir et de lancer un message fort à l’opinion publique tant nationale qu’internationale. Mais, malheureusement, toutes ces démarches ne font qu’engendrer encore plus de confusion, de division et de trahison au sein de l’opposition qui, à force de tourner en rond, va finir par se perdre en conjecture. Surtout qu’à chaque initiative venue de cette opposition qui semble être à court d’idées, le pays découvre que la plupart des chefs de l’opposition ne parlent vraiment pas le même langage.

Comme disait un de ses membres : c’est le retour de la tour de Babel. C’est comme si, en effet, il existe un vrai problème de communication entre ceux qui devraient être en parfaite concorde avec leurs collègues. Durant tout le mois d’octobre 2020, le pays a assisté, effaré, à une polémique dont la seule utilité est de conforter la ligne de défense du régime issu du PHTK qui, lui, cherche en silence à briser la ligne d’attaque du groupe adverse. Si l’opposition continue à se chamailler ainsi, ses leaders peuvent déjà dire adieu à la prise du pouvoir même dans le cadre du Pouvoir de transition qui se mettra en place au départ du Président de la République. Il ne pourrait en être autrement ! Et là personne ne pourrait rendre responsable l’intervention de la Communauté internationale dans les affaires internes d’Haïti en vue de réguler la situation qui prévaudra. Précédemment, nous avons évoqué l’absence de leadership déclaré au sein de l’opposition tout en prenant le soin de dissocier les chefs autoproclamés qui se croient autosuffisants pour prendre la tête de l’opposition sans aucun mandat de leurs pairs ni des militants.

L’histoire l’a prouvé. Dans le cadre de la lutte politique démocratique, rares sont ceux qui réussissent quand ils font cavaliers seuls en voulant passer au-dessus de tout le monde pour atterrir au pouvoir. De Jean-Claude Duvalier à Michel Martelly, tous ceux qui ont pris ce chemin ont échoué. Alors, pourquoi recommencer dans la même stratégie qui n’est indiscutablement pas la bonne ? Au rythme que vont le conflit et la lutte interne au sein de l’opposition, les Jovenel Moïse, Michel Martelly et consorts peuvent dormir tranquilles, tout n’est pas perdu pour eux en 2021 ou en 2022. Surtout si le locataire du Palais national arrive à imposer sa nouvelle Constitution dont un Comité consultatif indépendant de cinq (5) membres : Me Boniface Alexandre, l’ex-général Hérard Abraham, Jean Emmanuel Eloi, Mona Jean et Louis Naud Pierre, travaille déjà à son écriture. Il nous paraît quasi-impossible dans cette confusion que la population puisse comprendre quelque chose ou voir plus clair. Même si par la force des choses un « Pouvoir de transition » sera installé le 7 février prochain ou en 2022 suivant la conjoncture, il est presque certain que l’opposition sera absente de cette transition à laquelle elle aura tant contribué dans la meure où ses chefs auront tout fait pour  s’exclure d’eux-mêmes lors de sa mise en place.

Dans le cadre de la lutte politique démocratique, rares sont ceux qui réussissent quand ils font cavaliers seuls en voulant passer au-dessus de tout le monde pour atterrir au pouvoir.

Ce serait franchement un comble. Mais, ils l’auront cherché. D’abord, comme nous l’avons évoqué précédemment, les chefs de l’opposition, en tout cas les plus radicaux face au Président Jovenel Moïse, refusent de s’entendre sur les modalités et les clauses à respecter avant le départ du locataire du Palais national dont ils demandent, paradoxalement, le départ depuis bientôt 4 ans. En créant chaque jour et à la longueur de semaines des polémiques pour cause de leadership, tous les responsables de l’opposition radicale se tirent une balle au pied tout en laissant le champ libre à des seconds couteaux qui n’auront ni le mérite ni la capacité de porter ce trophée pour lequel ils n’ont pas vraiment mouillé leur chemise.

Mais, il y a pire. C’est l’infantilisme dont font preuve pratiquement tous les vrais leaders de l’opposition, ceux qui ont porté sur leurs épaules depuis des années la lutte contre le régime du parti de l’ex-Président Michel Martelly, PHTK et de Jovenel Moïse. De manière unanime et solidaire, ils déclinent dès maintenant toute participation, donc tout rôle de premier plan dans le futur Gouvernement de transition qui aura à gérer l’après Jovenel Moïse. Cette décision laisse sans voix les observateurs politiques et surprend du côté de la Communauté internationale qui se demande ce que veulent vraiment les dirigeants de l’opposition qui font tout ce dont ils sont capables de faire pour empêcher Jovenel Moïse de diriger le pays. À pratiquement quelques mois de la « Liberté » ou de la « Victoire », ils se dégonflent comme un mauvais soufflé sous prétexte qu’ils ne cherchent point le pouvoir. En effet, dans un Communiqué datant du 19 octobre 2020, soit quatre jours après avoir formé une « Direction politique de l’opposition démocratique », les trois plus virulents responsables de l’opposition plurielle de la branche dite « Secteur Démocratique et Populaire » : Me André Michel, Nènel Cassy et Marjorie Michel surprennent certains en renonçant formellement à assumer leurs responsabilités politiques au nom de la collectivité nationale.

Ces enfants terribles de l’opposition haïtienne et cauchemars du Président Jovenel Moïse déclarent « Prennent devant la nation tout entière l’engagement personnel de ne pas participer au gouvernement de transition qui sera installé dans le pays au départ de Jovenel Moïse. Nous veillerons cependant, comme des chiens de garde, à l’exécution parfaite de la feuille de route du gouvernement de transition pour que cette transition soit effectivement la dernière transition qui doit permettre de casser le système d’exclusion mis en place dans ce pays depuis l’assassinat du Père Fondateur de la Patrie, le 17 octobre 1806. Les signataires de la présente note veilleront, avec vigilance, à ce que les couches populaires, la diaspora, les organisations paysannes, les socioprofessionnels, les étudiants et les militants politiques, toutes tendances confondues, se reconnaissent dans la transition ». En voulant se donner le beau rôle, les chefs de l’opposition, entre autres André Michel, Marjorie Michel et Nènel Cassy, s’imaginent sortir à bon compte en fuyant devant leur devoir de servir le peuple.

Ces leaders oublient vite que renoncer à prendre part au futur « Gouvernement de Transition », c’est une forme de lâcheté devant les difficultés de gouverner et de mener les affaires publiques surtout dans un pays comme Haïti où être aux responsabilités n’est pas du tout une sinécure. Bien au contraire ! A quoi bon alors lutter pour ses idées, ses convictions et surtout si l’on veut marquer la différence par rapport à ses prédécesseurs dans le domaine de bonne gouvernance ? On a toujours su que gouverner c’est passer de la théorie à la pratique et se confronter à la réalité de la gestion des choses publiques. Surtout gouverner est l’occasion d’appliquer la politique à laquelle on croit et qui serait la meilleure pour ses concitoyens. Être dans l’opposition et être dans l’action gouvernementale sont deux mondes diamétralement opposés. Me André Michel, Marjorie Michel et Nènel Cassy en s’abstenant dès à présent de venir porter leur contribution dans le cadre de la « Refondation d’Haïti » à laquelle ils ont tant contribué laissent certains perplexes.

Dans la mesure où le changement de l’ordre des choses dans ce pays ne se fera point ni sur le macadam de Port-au-Prince, de Delmas ou de Pétion-Ville ni dans les médias mais bel et bien dans les Palais de la République. Oui, c’est au sein des Ministères et autres institutions qu’on va décider de ce qui est bien ou non pour le peuple et surtout, aujourd’hui, en prévision de la « Nouvelle société », le « changement de système » dont parlent tous les acteurs sociopolitiques en prévision de ce Gouvernement intérimaire qui devrait être, selon eux, la dernière de la longue « Transition » qui se dessine pour une durée d’un an ou deux. Mais, en Haïti, l’on n’est jamais à une contradiction près s’agissant des femmes et des hommes politiques. Finalement, l’on commence à comprendre pourquoi à chaque chute d’un régime autoritaire ou dictatorial ce ne sont pas ceux qui ont chassé le régime décrié qui héritent du pouvoir ni par voie intérimaire encore moins par voie électorale.

Le plus curieux, sinon le plus surprenant, dans cette démission de ces trois chefs de l’opposition devant leurs responsabilités historiques au moment où la Nation cherche à se reconstruire et se refonder, c’est que quelques jours avant, les mêmes, en compagnie d’autres leaders de l’opposition, ont mis en place une nouvelle structure justement dans le cadre de la préparation de la prise du pouvoir après le départ du chef de l’Etat. Après des mois de discussions plus ou moins discrètes et de concertation, un terme fort au sein de l’opposition, le 15 octobre 2020, à l’hôtel Le Plaza, situé à deux pas de la présidence haïtienne au Champ de Mars, plusieurs organisations et partis politiques s’étaient donné rendez-vous en vue de présenter à la Nation ce que les responsables appellent la : Direction Politique de l’Opposition Démocratique. Cette direction est censée là pour en quelque sorte coordonner les Pourparlers inter-opposition.

Selon l’omniprésent Me André Michel, cette nouvelle structure, la « Direction politique de l’opposition démocratique » n’a que deux missions : (1) Discuter avec les Secteurs de la société pour proposer un plan de sortie de crise ; (2) Intensifier le mouvement visant à contraindre le chef de l’Etat à quitter le pouvoir le 7 février 2021 au plus tard. Plusieurs partis et formations politiques ont porté sur les fronts baptismaux cette direction collégiale de l’opposition dans la perspective du Gouvernement intérimaire qui s’installera le jour du départ du Président Jovenel Moïse.

(A suivre)

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