Des propositions se sont succédées. Des accords ont été signés promettant une quelconque sortie de crise. Pourtant, aucune lueur de changement n’est à l’horizon. Jamais le pays n’a été si abandonné et au bord de l’abîme. Pas un geste, pas une initiative concrète qui aurait pu laisser entrevoir une possibilité d’espoir. Au contraire, en guise d’une amélioration, la situation s’empire.
Conditionnée, manipulée ou aux ordres, la classe politique haïtienne en complicité avec ses patrons internationaux, ne fait qu’exploiter la crise multidimensionnelle pour renforcer l’asservissement colonial. Tout en semant la discorde, organisant des complots, mais sans perdre leur boussole, ils continuent à détruire méthodiquement les droits des travailleurs et l’espoir des jeunes à avoir une vie décente.
Dans l’histoire du pays, on n’a jamais vu un gouvernement si impopulaire que celui de l’actuel Premier ministre Ariel Henry. On n’a jamais vu un gouvernement aussi illégitime, anticonstitutionnel, minoritaire, discrédité, rejeté, mais également aussi insouciant à poursuivre sa gouvernance réactionnaire, avec une telle aisance de paix, de facilité d’action et sans aucune inquiétude.
On ne peut qu’être effaré devant l’ampleur de ce phénomène, ce d’autant que ces représentants notoires de la classe politique, au mépris de toute logique, continuent leur sale besogne qui consiste à sauvegarder de façon durable les intérêts de la bourgeoisie haïtienne. Bien entendu, leur démarche est frappée du sceau de la classe sociale qu’ils représentent. Cette politique démasque clairement le gouffre séparant les masses en souffrance de ces charlatans qui imposent leur domination économique, politique et idéologique au pays.
C’est vraiment regrettable, à la fois écœurant et scandaleux, voire une injure, mais c’est l’approche classique de l’arrogance de toute bourgeoisie, surtout celle capitaliste de reformer l’Etat à son profit tout en exploitant, humiliant les masses opprimées. Cette position de classe ne peut donc mieux s’exprimer. A ce stade, quelle doit être alors l’attitude du mouvement populaire dans son ensemble à l’égard des initiatives de cette classe politique alliée naturelle des puissances impérialistes ?
Dans l’histoire du pays, on n’a jamais vu un gouvernement si impopulaire que celui de l’actuel Premier ministre Ariel Henry.
Qu’on ne vienne pas nous dire que le peuple n’est pas encore prêt. Que les travailleurs, les paysans, les jeunes ne sont pas préparés à affronter leur ennemi de classe. Ce discours néfaste, défaitiste vient des faux progressistes, jouant double jeu. Ceux qui refusent d’organiser les masses mais qui sont toujours présents dans toutes sortes de conciliabules, d’accords, de négociations, de propositions avec la bourgeoisie destinés d’ailleurs à accentuer l’affaiblissement de la lutte populaire.
Il est évident que si le problème est de classe, la solution doit être également de classe. L’histoire vient de nous montrer une fois de plus que les masses populaires haïtiennes, grâce à leur génie et à leur esprit combatif hors du commun peuvent faire des merveilles. Elles sont prêtes à consentir les plus grands sacrifices à fin de sortir de leur nuit pour forger leur propre avenir. La résistance tenue dans la construction du canal sur la rivière Massacre jusqu’à forcer le gouvernement de facto et la classe politique marionnette de l’impérialisme à adhérer même timidement ou hypocritement au projet illustre une défaite des fossoyeurs de la nation.
C’est l’exemple d’un combat glorieux d’une portée historique aux dimensions éclatantes. Les masses imposent leur volonté, leurs aspirations et sont prêtes à se sacrifier pour les tenir. Ce peuple est prêt à défendre sa cause, ses intérêts. L’essentiel, il doit se mettre en action de sorte qu’il soit acteur de sa propre révolution, de sa propre émancipation comme il est acteur de son propre Canal dans la plaine du Maribaroux à Ouanaminthe. Le choix impératif est de se battre au lieu de s’apitoyer sur son sort ; de combattre plutôt que de s’accommoder de l’inacceptable ; de résister, de mobiliser plutôt que d’attendre la faveur d’autrui.
Le mot d’ordre : le canal ne s’arrêtera pas ! KPK Kanal la Pap Kanpe !, n’est pas juste un slogan de circonstance. Mais c’est le slogan de l’heure. C’est le cri de ralliement exprimant la volonté révolutionnaire d’un peuple face à la rhétorique raciste et colonialiste de la classe dominante de la République dominicaine.
Seul le peuple pouvait gagner cette bataille. D’une pierre, il a fait deux coups. Grâce à la solidarité agissante venue de partout et surtout de la diaspora, il a fait reculer le Président dominicain Luis Abinader, et a résolument fait avorter toutes les manœuvres du gouvernement haïtien et sa clique d’affairistes, vendeurs de patrie. Il n’est pas nécessaire de recourir à la psychanalyse pour décoder la victoire des paysans du Maribaroux sinon de tout le peuple en général. Cette démarche explique que la force du mouvement populaire ne réside que dans un projet collectif.
Cet exemple d’unité nationale exprimé à travers ce projet national, est une condition nécessaire à la construction d’une nouvelle société unie autour d’un mot d’ordre de résistance populaire généralisée.
Avec une telle conscience politique affirmée et confirmée, la reconstruction du Palais National ne pourrait plus constituer un obstacle. Une telle conscience collective pourrait constituer le vivant symbole de la future révolution haïtienne pour la libération nationale du pays.
Un mouvement ouvert à tous les patriotes conscients et conséquents où le peuple joue le rôle de dirigeant dans une alliance solide : ouvriers, paysans, patriotes, intellectuels, travailleurs révolutionnaires dont les intérêts de classe coïncident. La situation ne sera, certes pas facile, mais elle peut se retourner rapidement car le peuple est présent et exprime chaque jour sa volonté d’ouvrir la voie du combat. Il suffit de lui octroyer un cadre organisé.
Il n’y a pas d’autre issue, que le peuple se mette en action ! Vu la nature de l’impérialisme et les classes bourgeoises haïtiennes, seul le peuple par une lutte constante peut exiger et imposer le changement. Le seul héros est le peuple haïtien ! Tout le pouvoir au peuple !