Qui sont les traitres à la patrie haïtienne ?

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Si l’on examine les différents faux pas politiques de l’administration Moise-Lafontant, on remarque à l’évidence qu’ils prêtent d’eux-mêmes le flanc non seulement à des critiques acerbes mais aussi à des manifestations permanentes exigeant en quelque sorte des organisations sérieuses de lutte. Pour une raison ou une autre, en ce qui concerne la dite opposition haïtienne,  son hostilité à l’égard du pouvoir a vite été noyée, diluée, chloroformée faudrait-il dire par la frénésie générée par la Coupe du monde de football.

Cela n’est pas dû au hasard. La situation concrète renvoie à un choix politique montrant l’aspect secondaire du caractère éminemment politique de la lutte que devrait mener une catégorie d’hommes et de femmes. En effet, des émissions très prisées d’analyse politique ont choisi de se consacrer seulement à diffuser  les mêmes rencontres de foot  au lieu de continuer à  dénoncer les insuffisances démocratiques du régime,  ne laissant ainsi aucun autre choix à leurs auditeurs.

Quel répit sur le chantier de la lutte des classes ! En fait, à cause d’une moyenne de 3 à 4 matches de foot par jour, le pays est politiquement complètement fermé.  Outre les parlementaires qui ont abandonné le Parlement, la vie nationale est bloquée, à cause de «circonstances atténuantes» oseraient-ils même dire. Ces aveuglements n’ont d’ailleurs malheureusement que trop de tendance à se reproduire et ces erreurs à se répéter sans savoir que ces dernières ne sont pas simples, d’autant qu’il n’est pas dit que la fin doive toujours justifier les moyens !

à cause d’une moyenne de 3 à 4 matches de foot par jour, le pays est politiquement complètement fermé.

Le petit marchand des rues ou celui qui se promène partout cherchant les moyens de joindre les deux bouts de la vie ne peut pas se permettre le luxe de rester chez lui. Sans quoi, ses enfants n’auront rien à manger. Les ouvriers bourriquant dans les usines de la sous-traitance n’ont même pas le loisir de rester à domicile, puisque les patrons ne donnent pas congé pour les matches de Coupe du monde et même à la cafeteria, il se peut qu’il n’y ait même pas un téléviseur. Une telle situation correspond à une position de classe. C’est vraiment regrettable,   écœurant et scandaleux pour ne pas dire que c’est un affront même à une Nation aux abois.

Des sélections nationales comme le Brésil et l’Argentine sont plus populaires dans le pays que la cause haïtienne elle-même. C’est un fait indéniable, irréfutable. Il peut nous paraitre paradoxal, mais c’est un constat sans appel. Des sacrifices que nombre de gens ont entrepris pour manifester leur fanatisme à l’endroit de ces deux pays latino-américains laissent complètement en déroute un esprit rationnel. On n’a jamais vu, ni observé autant de passion assimilable à la foi religieuse en plein dans une lutte pour le changement censée être sans merci.  Et on se demande alors, comment conscientiser un peuple qui se démobilise lui-même, en d’autres termes qui n’a pas pris conscience de sa propre condition au point de se laisser dominer, subjuguer par des  activités sportives. A bien considérer, le football, un sport populaire, finalement fait complètement l’affaire pour ne pas dire le bonheur du système capitaliste et des puissances maffieuses de l’argent qui gouvernent le monde.

Les traitres à la cause du pays ne sont pas uniquement ceux-là qui collaborent avec les forces obscures internationales, dans la seule optique de tenir intact le statut quo. Ce n’est pas seulement cette bourgeoisie marchande de l’import-export vendant le pays en catimini aux étrangers qui est en cause. Ce sont également ceux ou celles qui ont la capacité et la faculté de lutter ou d’organiser les masses dans un sens ou dans un autre et qui ont failli à cette tâche de hanter le sommeil des patrons et des potentats pour s’engager dans une aventure à caractère de distraction. Alors, comment donc les appeler ? Ne sont-ils pas manipulés et dressés de façon à rester indifférents, dans un silence de mort, au renforcement d’un régime hostile à la grande majorité de la population ?

Ils paraissaient sans imagination, lors même qu’ils ne sont même pas capables d’utiliser le foot pour mobiliser les masses à bon escient.  Celui ou celle qui,  au moment opportun, trouve mille excuses pour ne pas attirer l’attention des masses sur un quelconque danger au détriment de leur condition humaine est foncièrement irresponsable. Comment doit-on appeler ceux ou celles qui font appel à l’unité, certes une aspiration profonde et légitime des masses et un slogan populaire, mais qui n’y croient pas vraiment ? Que sont-ils en réalité ? Sinon des gens irresponsables et coupables, et même plus coupables que les vendeurs de patrie.

Dans l’état de délabrement politico-social et économique que vit le pays,  les responsables ou dirigeants politiques devraient trouver le courage et avoir l’honnêteté nécessaire de dire la vérité aux masses exploitées. Ne rien dire ou faire semblant de ne rien voir, de ne rien comprendre se ramène  en quelque sorte à cautionner le piteux et tragique état des choses. Alors, que sont-ils, si ce ne sont pas des traitres à la Nation ?

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