Ce n’est pas une farce, mais une tragédie qui s’est déroulée le vendredi 15 Juillet dernier, suite à la représentation théâtrale avec jeux de discours et de poignées de mains savamment médiatisées aux Nations-Unies. Le Conseil de sécurité a une fois de plus, renouvelé pour une année le mandat du Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti (Binuh).
Initiative, qui, à notre sens, manifeste un profond mépris à l’égard du peuple haïtien et de son histoire. Puisque à chaque fin de mandat, un prétexte quelconque a toujours été trouvé pour le prolongement de cette mission politique controversée, en fait haïe de la population, et responsable de la liquidation de toutes nos institutions.
Faisant d’une pierre deux coups, cette résolution adoptée à l’unanimité constitue une entrave de plus aux libertés les plus élémentaires du peuple haïtien. Elle n’est pas de nature à changer, voire modifier, en quoi que ce soit la manœuvre fondamentale et les objectifs à la fois tactiques et stratégiques des experts de Washington. Bien au contraire ! Cette démarche politique consiste à rassurer la classe politique. Par une telle néfaste entreprise, ces experts entendent renouveler leur confiance aux acteurs locaux à l’heure où le pays sombre dans de lugubres et dramatiques situations de violences, de continuité dans le chaos.
Ce qu’il faut toutefois retenir : « Cette résolution a réitéré la nécessité pour toutes les parties prenantes haïtiennes de parvenir à un accord urgent sur un cadre durable, assorti d’un calendrier communément accepté pour un processus politique dirigé par les Haïtiens afin de permettre l’organisation d’élections législatives et présidentielle inclusives, pacifiques, libres, justes et transparentes dès que les conditions de sécurité et les préparatifs logistiques le permettront ».
Le Binuh, tout comme cette classe politique de pleutres, est un instrument qu’utilisent les Etats-Unis pour vaincre leur ennemi, le peuple haïtien
Cette sinistre mascarade mérite d’être soulignée pour mieux comprendre les prochaines étapes de négociations dilatoires des deux protagonistes d’Accord moribonds, mystificateurs et démagogiques que sont : Musseau et Montana-Pen-Greh reflétant les positions d’une même classe sociale et politique. Ils sont les représentants authentiques de la bourgeoisie corrompue prétendant vouloir réformer l’Etat pourvu que ce soit à leur profit et que soit assurée leur hégémonie. Cette résolution a tout mis en œuvre pour faciliter les opportunistes patentés qui révèlent leurs qualités de manœuvriers n’hésitant pas à pêcher dans les eaux puantes des franges politiques indécises, indécentes et inconséquentes.
On ne peut qu’être effaré, quand on voit qu’il n’y a eu aucune réaction conséquente contre cette infâme résolution. Même de la part de ceux qui prétendaient militer et manifester contre le renouvellement du mandat du Binuh. On peut même dire et personne ne pourrait nous dire le contraire, que ces gens ne faisaient que jouer le jeu de l’impérialisme. Car, alors qu’ils brandissaient hypocritement le drapeau de la protestation et lançaient des propos acerbes contre la cheffe du Binuh, Helen La Lime, en réalité ils souhaitaient la reconduction du Binuh que secrètement ils appelaient ardemment de leurs vœux. En effet, leur honteux et lâche silence à l’annonce de la résolution est là pour le prouver.
Comment donc expliquer après le vote de la honte, qu’il n’y ait eu le moindre signe de mobilisation pour dire « Non » à l’inacceptable ? Attitude qui aurait pu laisser entrevoir un semblant de résistance. Or, ils ont tous plié l’échine, baissé la tête à l’instar des grands bénéficiaires de Musseau et de Montana et alliés en gardant un silence honteux, capitulard. Ce silence vise certainement à accepter le langage de la soumission, selon lequel la solution de nos problèmes serait entre les mains d’une grande puissance.
Ce lâche comportement de lèse-patrie, lourd de cynisme a montré avec beaucoup de clarté la véritable nature et l’objectif réel des manifestations antérieures. S’agissait-il de manœuvres qui n’avaient rien de sérieux et de cohérent ? S’agissait-il d’un rideau de fumée pour cacher la hideur politique de tutelle du pays par une puissance qui a pillé notre patrimoine national, spolié nos richesses et est encore et toujours à l’origine de toutes les souffrances que nous connaissons, hier et aujourd’hui ?
Entretemps, la situation s’empire. L’impérialisme et ses agents locaux sont déterminés par leur capacité de destruction massive sans égal à nous imposer leurs quatre volontés. Ils perpétuent leur domination de manière à toujours doter le pays d’un président ou d’un gouvernement de marionnettes conditionné et manipulé, voué à leur service de sorte que rien ne change.
Le Binuh, tout comme cette classe politique de pleutres, est un instrument qu’utilisent les Etats-Unis pour vaincre leur ennemi, en l’occurrence, le peuple haïtien et son refus obstiné de l’inacceptable. Leur politique destructrice va continuer à mettre le pays à sang, à feu et en cendres au rythme du chaos marqué au coin d’une rare sauvagerie, le tout assorti d’une flambée de misère sur fond d’orgie et de violence. Ce catalogue de désastres, évidemment, justifiera que le peuple haïtien est incapable de s’entendre, de parvenir lui-même à un vrai accord politique. Il doit être guidé par une main étrangère, la main sans doute « providentielle » des Etats-Unis, les seuls à pouvoir incarner et indiquer la voie à suivre, en somme la voie de la gabegie et de la corruption qui continueront de régner de plus belle.
Ce renouvellement du mandat du Binuh n’apportera autre chose que davantage de pauvreté, de spoliations, de maltraitance, de peur, de paniques, d’injustices, de répression et d’exploitations des masses. Ce sera beaucoup plus de honte, d’amertume pour empêcher que la colère des masses travailleuses n’explose, que celles-ci n’assument leurs responsabilités historiques de transformer cette catastrophe en une lutte révolutionnaire.
Nous de Haïti Liberté, dénonçons énergiquement cette énième prorogation du Binuh et nous sommes convaincus que le peuple haïtien triomphera et vaincra. Quelles que soient les circonstances, c’est lui qui aura le dernier mot.