On a vraiment l’impression que l’équipe gouvernementale haïtienne ne fait jamais cas de la situation difficile des citoyens haïtiens vivant en République voisine. Les derniers événements nous obligent à poser de bien malencontreuses questions, quant à ce que préparent ce gouvernement et également ceux qui se réclament d’être les leaders de l’opposition concernant les traitements infligés à nos compatriotes !
On ne saurait toutefois cacher cette profonde inquiétude qui n’en finit pas d’agiter et de paniquer nos immigrés en République Dominicaine, quoique ne touchant quand même pas toutes les couches de la société ; il n’en reste pas moins que c’est une manifestation au grand jour d’une guerre silencieuse visant catégoriquement la classe travailleuse afin de l’influencer et ainsi l’exploiter davantage.
Il fut un temps, où l’on faisait seulement la chasse aux infortunés travailleurs illégaux ; mais désormais même nos étudiants n’ont pas été épargnés. Une vidéo de la chaine de télévision dominicaine CDN 37 ne montrait-elle pas de jeunes dominicains armés de machettes forçant quelques jeunes haïtiens à déchirer un drapeau d’Haïti !
Par cette énième forfaiture, quelles démarches ont été entreprises par les dirigeants haïtiens auprès de leurs homologues ? Jusqu’à l’heure où nous écrivons ces lignes, il n’existe pas de véritables protestations, voire diplomatiques allant dans le sens de porter un quelconque secours à ces concitoyens. Pourtant, au mois de Février dernier, une délégation de plus de 20 parlementaires haïtiens n’a-t-elle pas été voir le président dominicain pour affaire amicale les concernant ! Pourquoi donc l’un d’entre eux n’élève-t-il pas la voix sur ce sujet ? Non ! Ils sont tous muets!
Nous pensons qu’il est du ressort et même du devoir des dirigeants haïtiens de rompre ce silence complice, ce silence de mort. Nous en avons assez également de leurs dialogues bilatéraux qui ne sont que de véritables artifices pour tromper davantage leurs victimes de sorte qu’ils continuent tranquillement leur sale opération.
Les échanges commerciaux entre Haïti et la République voisine évoluent dans une proportion de plus de 1.000 pour 1 en leur faveur.
Les contradictions accumulées dans cette crise sont immenses ; pourtant l’amertume qui s’ensuivit se transforma en une vive appréhension, lorsqu’au lendemain des atrocités graves contre les haïtiens, le gouvernement dominicain par l’entremise du Ministre de la Défense, le Général Rubén Darío Paulino Sem, a réitéré que : « […] les citoyens haïtiens illégaux doivent rester dans leur pays et ceux qui sont autorisés à traverser la frontière les jours de marché doivent retourner chez eux une fois le marché fermé ».
Le Marché ! Faut-il rappeler à ce propos qu’Haïti demeure le deuxième marché d’exportation pour les produits de la République dominicaine et les travailleurs haïtiens constituent l’un des piliers de leur économie. Les échanges commerciaux entre Haïti et la République voisine évoluent dans une proportion de plus de 1.000 pour 1 en leur faveur. Ce n’est pas par hasard, qu’au début de l’année 2018, le ministre dominicain des Affaires étrangères, Miguel Vargas Maldonado, avait déclaré dans les colonnes du quotidien Listin Diario « que la République dominicaine allait tripler le volume des exportations que réalise actuellement son pays vers Haïti ».
Comment concevoir qu’un pays qui développe une politique aussi hautaine et basée sur le racisme à outrance contre l’autre ne vit que sur l’exploitation du marché de ce même pays à travers un commerce à sens unique. Voyez. La moindre remontrance haïtienne allume leurs maladresses et leur opportunisme puisque l’arrogance de ce monde de nantis n’a rien de fondamental. Il suffit qu’il conserve leurs privilèges économiques. Le lundi 19 mars écoulé, M. Enrique Ramirez Paniagua, directeur général des douanes dominicaines, n’a-t-il pas supplié les autorités haïtiennes de lever l’embargo sur les 23 produits alimentaires et industriels dominicains interdits d’entrée sur le marché haïtien !
A la lumière de ces données, il est clair que la bourgeoisie dominicaine exploite collectivement un pays autant que sa main-d’œuvre asservie, très avantageuse qui passe pour un facteur de véritables bénéfices pour ses nombreuses entreprises établies par le capitalisme rapace.
A ceux qui auraient pu l’oublier, nous disons que les déchainements de cette crise, à laquelle notre pays est en train de faire face ne s’arrêteront jamais tant que nous n’aurons lancé un défi cinglant au système d’iniquité qu’est le capitalisme qui maintient au pouvoir des régimes de complicité avec la bourgeoisie dominicaine.
Et ce ne sont pas par des manœuvres stériles qu’on pourra parvenir à démanteler la prédation impérialiste, si ce n’est que par la solidarité comme l’expriment certaines organisations progressistes dominicaines et surtout dans un combat sans merci, avec la persévérance des forces vives du pays pour construire et maintenir une alternative viable, une société révolutionnaire et socialiste qui seule peut garantir aux masses haïtiennes une existence de paix et de stabilité politique et économique.
Non à la complicité du régime quant aux attaques intentionnelles contre les travailleurs haïtiens !