Quelle rentrée Judiciaire ?

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L’ouverture officielle de l’année judiciaire 2020-2021 à la cour de Cassation, le lundi 5 octobre 2020

C’est dans l’enceinte de la Cour de Cassation, le lundi 5 octobre 2020, qu’a eu lieu la cérémonie marquant l’ouverture officielle de l’année judiciaire 2020-2021. Cette activité traditionnelle s’est déroulée en présence d’un ramassis de sinécuristes d’un régime pourri dont le président Jovenel Moise, le Premier ministre Joseph Jouthe, le ministre de la Justice, Rockfeller Vincent, le protecteur du citoyen, Renan Hédouville, de l’inspecteur général en chef de la PNH pour ne citer que ceux-là.

Suite à une minute de recueillement, on en a profité pour rappeler l’assassinat du juge Antoine Luccius, le 7 janvier dernier à Tabarre 52, celui du substitut du commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Fritz Gérald Cerisier, le 19 juin 2020 au centre-ville, et l’assassinat crapuleux du bâtonnier de la capitale, Me Monferrier Dorval, le 28 août dernier dans sa résidence à Pèlerin 5.

Me René Sylvestre, président de la Cour supérieure du pouvoir Judiciaire (CSPJ) et de la Cour de Cassation

Le président de la Cour supérieure du pouvoir Judiciaire (CSPJ), également président de la cour de cassation Me René Sylvestre, nommé par Jovenel, a profité de cette circonstance pour étaler un discours démagogique cousu de mensonges et gonflé d’hypocrisie. Il a rappelé que la justice est un service public dont les travaux des différents acteurs doivent contribuer à rendre notre État beaucoup plus fort et beaucoup plus efficace, tout en exhortant tous les responsables, à savoir les justiciers, à adopter un comportement citoyen, pour commencer cette nouvelle année sur de nouvelles bases.

Il a également eu une pensée spéciale pour tous les avocats assassinés dans l’exercice de leur fonction, ce qu’il a attribué au banditisme généralisé ou à quelques autres facteurs en particulier, une façon de plus pour tromper la vigilance de l’opinion nationale. « On doit dépasser la frontière des discours pour poser des actes tendant à rassurer la population et traquer les hors-la-loi » a-t-il fait savoir.

Le bâtiment de la Cour de Cassation

Ce passage dans le discours de Me Sylvestre est très significatif, car il semble vouloir montrer  précisément dans quel sens que la justice haïtienne va orienter le dossier de l’assassinat du Bâtonnier Me Monferrier Dorval, celui d’un meurtre  simplement lié à une quelconque insécurité ou au banditisme.

Au cours de son intervention, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Me Rockfeller Vincent a poursuivi  sur les traces de Sylvestre en faisant savoir qu’aucun effort ne sera ménagé afin que justice soit rendue aux membres de l’appareil judiciaire emportés cette année par la machine infernale de l’insécurité. Une façon de dédouaner les complicités criminelles au sein de l’appareil d’Etat.

Une vue de l’assistance à la Cour de Cassation

Par ailleurs, cette ouverture a eu lieu sans les greffiers puisqu’ils sont en grève sur tout le territoire du pays réclamant de meilleures conditions de travail.

Les avocats du barreau de Port-au-Prince n’ont pas assisté également à la cérémonie  puisque l’accès au bâtiment de la Cour de Cassation leurs ont été interdits par les agents de l’USGPN pour ne pas dire par les autorités gouvernementales.

Quant à Me Robinson Pierre-Louis, secrétaire du barreau de Port-au-Prince, il accuse les juges de la Cour de Cassation d’être en complicité avec le pouvoir exécutif, les principaux responsables de l’écart des avocats de l’ouverture de l’année judiciaire.

De gauche à droite, première rangée : Premier ministre Jouthe Joseph, Président Jovenel Moise et le ministre de la Justice Rockfeller Vincent

La Bâtonnière a.i., Me Marie Suzie Legros a elle-même été obligée de prononcer son discours en pleine rue devant les locaux de la Cour tout en demandant justice pour le bâtonnier assassiné au mois d’août dernier.

Comme une manifestation des avocats avait été déjà programmée en cette occasion,  les hommes et femmes de loi se sont concentrés sur leur marche partie des abords de la Cour de Cassation pour se rendre devant le cabinet de Me Montferrier Dorval à la rue Rivière.

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