L’évolution de la situation politique au cours de ces dernières semaines montre que le secteur dénommé « Rassemblement du secteur démocratique et populaire » est en train de fourbir ses armes sans doute dans une certaine conférence nationale, parallèle à celle des Etats généraux sectoriels du régime, de façon à lancer prochainement une mobilisation.
Il opérait discrètement dans les coulisses et est même parvenu à une position conjoncturelle négociée, c’est-à-dire un compromis, attendant maintenant comme cadeau que le régime augmente le prix du carburant qui révoltera sans aucun doute le peuple. Ainsi, il en profitera pour se relancer dans un mouvement qu’il qualifie de « changer le système » de façon à repartir le pays sur de nouvelles bases.
De belles paroles, certes, mais tel n’est pas le cas dans la réalité, puisque l’angle sous lequel il envisage les nouvelles manœuvres n’est guère différent puisque cette opposition est un amalgame de partis à options ouvertement pro-occidentales assorties d’une démagogie populiste et électoraliste de tous les instants.
Reste maintenant à savoir si ces luttes souhaitées par le secteur qui se déclare démocratique et populaire apporteront la solution aux revendications réelles des masses populaires en lutte dans le pays. Peut-il résoudre la contradiction principale qui oppose le peuple haïtien à l’impérialisme?
A entendre les opinions de certaines personnalités de ce courant, on peut déduire tout bonnement les limites de cette entreprise. Ce partenariat de candidats à la présidence n’arrivera jamais à galvaniser les masses populaires ni à placer sur la défensive le gouvernement réactionnaire de Moïse/Lafontant. Leur irresponsabilité première se manifestera par l’absence tout d’abord d’une véritable indépendance politique et économique de la plupart de ces acteurs déjà sous l’influence dominante de l’USAID et ensuite des classes dominantes exploiteuses du pays.
On ne peut pas construire un mouvement populaire sans avoir le courage de réconforter les masses trahies, désorientées et démobilisées, sans leur dire au moins un peu de la vérité. Et la triste vérité, c’est que cette opposition ne croit pas vraiment dans la force populaire. Elle s’organise mais cela ne signifie pas qu’elle le fait pour assurer le bien-être des masses ouvrières et paysannes. C’est ce qui explique à l’heure actuelle, qu’elle lui manque bien de slogans, d’idées et même d’imaginations. Ce secteur n’a même pas entendu que les travailleurs de la sous-traitance revendiquent un salaire de 1000 gourdes depuis le 1er mai, jour des travailleurs. Alors que c’est l’unique mouvement, s’il est organisé, qui peut modifier fondamentalement l’équation politique, influencer l’équilibre des forces de classes. Seule la lutte des travailleurs unis possède actuellement les moyens de résoudre la grande contradiction de classe qui ravage le pays au bénéfice hégémonique de l’élite macouto-bourgeois dirigeant le pays.
A ce compte, tout citoyen conscient et conséquent, dans les conditions où le pays se retrouve, se doit de pousser un cri d’alarme devant les événements bouleversants qui se déroulent actuellement. Nous du journal Haïti Liberté, nous pesons nos mots car nous n’hésitons pas à écrire et à dire que les conditions dans lesquelles vivent les masses populaires sont un crime de guerre inimaginable.
Cette opposition est une monstrueuse absurdité de persuasion, de propagande, de folie tendant enfin à perpétuer malgré son inadéquation de plus en plus évidente des inégalités sociales et inhumaines. En dépit de tout, elle refuse de comprendre la réalité de ses échecs flagrants pour essayer au moins d’en tirer des leçons. A considérer les actes criminels dans leur gravité et avec le maximum d’objectivité, on voit mal, en effet, en quoi consiste l’attente de cette opposition parasite, si ce n’est que des élections, encore des élections, toujours des élections. Elle espère déjà, si les élections auront lieu, qu’il ne lui faut pas leur laisser contrôler le Centre de Tabulation ; telle est leur véritable inquiétude. Ainsi, avec une telle opposition, une telle mentalité, comment pourrait-il en être autrement ?
Le constat est que rien n’a changé d’une constitution à une autre, d’une élection à une autre, d’un président à un autre. Sauf qu’un jour viendra, où la colère des travailleurs finira par éclater sous la direction d’un parti révolutionnaire qui seul pourra mettre un terme aux siècles de misère, de faim, d’exploitation et d’humiliation des déshérités du sort.