L’imposition des États-généraux à la nation peut-elle contribuer à résoudre les problèmes polymorphes auxquels elle est confrontée?

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Est-ce du pur hasard que le président Jovenel ait emprunté un vocabulaire issu du temps de la royauté française « les États généraux » en vue de ''rassembler ‘‘, dit-il, toutes les tendances actives de la scène politique

L‘État/nation haïtien a toujours été confronté à des problèmes polymorphes d’ordre structurel et conjoncturel. Aucune analyse sérieuse d’une situation politique ne peut se faire sans s’adresser à la formation sociale d’un pays. Sans se vouer à un déterminisme quelconque ou à un holisme béat, il est  indispensable de questionner sa structure pour bien comprendre la conjoncture dominée par la lutte des classes et la réaction des gouvernements. Car, les évènements d’aujourd’hui, si l’on fouille bien leurs causes et leurs conséquences, maintiennent une certaine relation entre eux et avec ceux du passé. C’est pourquoi nous nous adressons constamment aux éléments structurels de notre formation sociale pour une meilleure interprétation historique des batailles en cours.

La formation sociale haïtienne a des racines enfouies dans l’époque coloniale

Si cette formation sociale est politiquement constituée dès l’aube de notre indépendance en 1804, elle  a des racines enfouies dans l’époque coloniale. Le discours des vainqueurs pour masquer la composition de la nouvelle société en classes sociales antagoniques a construit un vocabulaire à caractère potentiellement neutre: “anciens libres” et “nouveaux libres”. Pourtant, les premiers dont la plupart étaient déjà de grands propriétaires terriens et même d’esclaves du temps de la colonie, se sont constitués en nouvelles classes dominantes et dirigeantes. Ce sont eux qui vont occuper, en s’appropriant le pouvoir politique, les meilleures terres et la direction des appareils administratifs publics. Les deuxièmes qui avaient contribué au succès  de la révolution comme  forces motrices pour répéter Mao Tsé-toung, ont formé désormais la classe des petits paysans. Les nouvelles classes dominantes n’ont jamais abandonné leur rêve de faire de ces derniers leur chair à canon et leur bassin de main d’œuvre servile.

« La révolution de St-Domingue a liquidé  les classes dominantes et possédantes- les colons, propriétaires d’esclaves et d’habitations coloniales- et les a remplacées par une minorité regroupant certains anciens esclaves qui au cours de la révolution ont fait leur ascension dans l’armée et qui sont devenus généraux, gérants ou propriétaires d’habitation et, certains affranchis, propriétaires et commerçants, qui ont participé à la lutte pour l’exclusion des anciens propriétaires. Ces groupes après la révolution vont dominer la politique, l’économie de la nouvelle société et définir les orientations générales du nouvel État: exclusion des paysans et des femmes de la vie politique et par ainsi s’arroger tous les droits et privilèges. On peut donc les considérer comme une oligarchie; une minorité de privilégiés, exclusivistes, élitistes, aristocratiques, etc. … Les nouveaux dirigeants ignorent la situation malheureuse des masses, veuillent accroître leur richesse et consolider les avantages politiques, économiques et sociaux, avantages acquis avant la révolution ».(1)

La formation sociale est fortement marquée de l’empreinte des puissances impérialistes qui ont tenu la souveraineté nationale en otage avec la complicité de l’oligarchie et de ses suppôts de la classe politique traditionnelle. Leur influence n’a jamais manqué de s’étendre sur les grandes décisions politiques, économiques, sociales et culturelles. La première invasion armée américaine en 1915 a ouvert les portes de l’occupation physique de notre territoire. L’impérialisme a aujourd’hui utilisé l’ONU, le FMI, la Banque mondiale, pour perpétuer sa domination qui n’affranchit aucun espace de l’administration de l’État. « L’état, en accord avec Leslie Péan,  tel qu’il s’est forgé en Haïti est la résultante d’un accord tacite des instances dirigeantes avec les maîtres du monde consacrant leur reconnaissance à condition de na pas remettre en question l’ordre social. »(2)

A l’Arcahaie, le mercredi 16 mai dernier, le comité de pilotage des États généraux sectoriels de Jovenel Moise

Cette brève considération tient lieu de cadre idéologique pour nous aider à mieux saisir l’aspect principal de la conjoncture qui n’est rien d’autre que le dénommé ” États généraux sectoriels de la nation” convoqué par le président de la République et qui a mis en sourdine ladite caravane du changement sans l’avoir abandonné.  C’est ce qui nous a invités à porter davantage notre attention sur cette demande sans ignorer pour autant tous les autres éléments comme l’insécurité, la cherté de la vie, l’appauvrissement de plusieurs couches sociales de la petite- bourgeoisie entre autres qui défraient aussi l’actualité.

Est-ce du pur hasard que le président Jovenel ait emprunté un vocabulaire issu du temps de la royauté française  ” les États généraux ” en vue de ”rassembler ‘‘, dit-il, toutes les tendances actives de la scène politique. Il pense par ce raccourci être capable de questionner les grands obstacles qui obstruent le décollage national et de leur apporter des solutions adéquates. Pourtant l’idée de  ” Conférence nationale souveraine ” qui a  réuni un certain consensus dans le milieu politique, poursuivait depuis un certain moment son petit bonhomme de chemin. Il est vrai que jusqu’à aujourd’hui, il n’est jamais dégagé de cette idée de conférence nationale un contenu qui lui soit propre. Cependant, nous supposons qu’elle viserait un rassemblement de toutes les forces, notamment progressistes du pays,  en vue d’arriver à un pouvoir autonome, affranchi de toute influence impérialiste et de l’oligarchie locale.   Les différentes démarches entreprises par le président pour faire accroire les bonnes marches de sa dite caravane de changement ou pour inoculer la pensée du Parti Haïtien Tèt kale- si pensée il y en a- par ses discours empreints de promesses mirobolantes au sein de la population, ont révélé son égocentrisme. Le chef de l’État est toujours en quête de sursis pour noyer ces promesses dont la plupart sont chimériques. Ainsi s’est-Il  mis sur le tracé des rois  qui régnaient, d’après eux, grâce au droit divin.

A bien lire les objectifs qui sont accolés à une telle initiative, l’on se demande ce à quoi elle peut arriver, si ce n’est qu’une tentative de légitimer ce régime qui nage dans les bas-fonds de son impopularité. Est-ce une formule pour offrir de nouveaux espoirs à la majorité que le président ” appelle silencieuse”, cette majorité qui souffre d’une détérioration inédite de sa situation? Sa misère est tellement présente qu’elle ressemble à une pénurie d’un pays en état de guerre.

La mauvaise performance de l’exécutif Moïse/Lafontant nous a montré que ces derniers ignorent les règles du jeu les plus élémentaires de notre saupoudrage démocratique. Des grèves éclatent dans presque tous les secteurs des appareils publics, au sein des secteurs organisés et non organisés de la population et dans certains milieux de la classe ouvrière, et ceci, dès le premier jour de la composition du gouvernement jusqu’à aujourd’hui. Le simulacre de remaniement du cabinet ministériel récemment présenté nuitamment au public au lieu d’apaiser le courroux des administrées et administrés, a obtenu l’effet contraire. Ses proches alliés au Parlement qui s’attendaient à un partage supplémentaire du gâteau sont sortis déçus toujours dans l’optique que:

« Le pouvoir politique est vu comme une machine à calculer arithmétique pour additionner plus vite les ponctions sur la caisse publique »(3)

Le remue-ménage domestique n’a pas éteint les foyers de mécontentement qui s’allument à travers les dix départements du pays. Voyons comme preuve ce qui s’est passé le mardi 8 mai dernier. Le président de la république alors qu’il prononçait son allocution, s’est heurté à l’agitation bruyante des femmes élues lors de l’ouverture de leur premier forum qui s’était tenu au Karibe Convention Center. Elles l’ont traité de menteur.

Et, pour la grande majorité de la population, ce n’est même pas de la poudre aux yeux puisqu’il s’agit de l’affermissement de son parti politique, le PHTK.

il s’avère nécessaire de détruire le système qui sert de milieu naturel aux actrices et aux acteurs qui s’y abreuvent comme classes sociales.

L’on se demande s’il n’ y a jamais eu de gouvernements qui ont vécu autant de turbulence ou ont survécu à autant de grogne pendant leur passage au pouvoir à l’exception des Duvalier qui ont dû mater avec une extrême violence toutes les tentatives d’invasion et de soulèvements ourdis à l’intérieur du pays. Ce constat va à l’encontre de la thèse de l’inexistence de l’État ou de l’État faible. Il y a deux éléments compatibles qui permettent à ce gouvernement de surmonter jusqu’à maintenant sa débilité. C’est la force de cet État en tant qu’appareil au service, en dernière instance, des classes dominantes qui engrangent depuis plus de deux cents ans les masses populaires et leur mépris envers la classe politique traditionnelle. Le comportement  antipopulaire, exclusiviste, subjugué par les forces extérieures  de cette dernière au pouvoir tend à les éloigner de la politique. Ce qui ne signifie pas pour autant leur dépolitisation. Elles exercent par la négative ce que Lénine appelle ” leur instinct de classe” et n’hésitent jamais de se manifester à toutes les occasions qu’elles le croient nécessaire.

Ces mouvements auraient pu avoir un caractère subversif non seulement pour le régime mais aussi pour le pouvoir de classes dominantes si le camp révolutionnaire était déjà arrivé à essaimer dans toutes les couches populaires. Ces mouvements n’auraient pas ce caractère d’isolement les uns des autres qui les empêche d’interroger le système politique et simultanément les classes et couches sociales qui le soutiennent. C’est pourquoi tous ces élans de désapprobation sont perçus par le grand public en général et par la presse en particulier comme de simples soubresauts dont la problématique de la corruption apparaît comme le noyau responsable.  Le président de la République pour pallier ou résoudre toutes les contradictions inhérentes au système, vieux de plus de deux siècles, a désigné une commission. Quelle est la nature de cette commission?

Le comité garant des États généraux sectoriels parviendra-t-il à apporter un souffle nouveau à la santé socio-économique du pays plongé dans une léthargie pluriséculaire?

Le président Moïse que son omniscience a rendu omniprésent sur tous les terrains, a choisi  à l’insu du grand public les membres de ses États généraux  qui sont, dans une large majorité, logés à la même enseigne idéologique que lui, alors que des nuances au niveau politique, ont déjà préparé  le terrain à des frictions prêtes à fendiller ce comité en de petits pools partisans. La problématique de la corruption est devenue tellement prégnante que le comité ne saurait ne pas lui accorder un regard spécial parmi tous les autres freins qui immobilisent la machine étatique. Des politiciens l’ont accaparée pour la mettre au service de leurs ambitions avouées ou non encore avouées. Le peuple aimerait la fin de cette pratique qui lui enlève le droit au bénéfice des services de base comme la santé, l’éducation. Donc, aux yeux de plus d’un, la corruption s’inscrit comme le principal mal qui paralyse la marche de la barque nationale. Les États généraux sectoriels sont obligés de proposer la réponse à son traitement.

La problématique de la corruption

Depuis le déroulement de la dernière campagne électorale, la problématique de la corruption a été soulevée comme une arme politique pour barrer la route à Jovenel Moïse dans sa course à la présidence. Ce combat à l’allure sourde au début, a dépassé de nos jours avec l’affaire Pétro Caribe, les cercles politiques locaux et ladite communauté internationale pour couvrir l’espace national. Tout le monde en  parle. Par une malencontreuse coïncidence, on tend à surdéterminer le rôle de la corruption dans le marasme social et économique du pays et même à faire accroire que si l’argent du Pétro Caribe était bien géré, les masses populaires connaîtraient un meilleur sort. L’affaire Pétro Caribe pousse à faire oublier ou à sous- estimer tous les détournements des fonds publics qui enrichissent cette clique très puissante, tapie dans les trois sphères républicaines- l’exécutif, le judiciaire, le législatif-  qui a subjugué le pouvoir politique. Sans nier l’effet pervers que le pillage des caisses de l’État et le gaspillage de plus de trois milliards de dollar américain que nous sommes en train de rembourser au Venezuela, exercent sur la situation difficile du pays, il est faux qu’ils soient les seuls responsables de la condition abjecte de ces masses. Cependant, cela ne nous interdit pas de reconnaître sa vraie nature.

Les problèmes que le comité des États généraux évoquera ne seront que la palissade

« L’analyse de la corruption d’après Leslie Péan, ne saurait se borner à la sphère économique mais doit aborder tout le système social. En effet, il n’y aurait pas une corruption économique et financière qui aurait des frontières nettes avec les autres instances de la vie dans une société » (4)

C’est cette frontière qu’aucune politique de droite ne peut transgresser. Il est inutile de s’attarder sur l’identité des personnalités qui forment ce comité en dépit du poids de l’apport individuel de chacune et de chacun deux, ce pour éviter de porter l’accent sur le secondaire au détriment du principal. Ce système politique prédateur a ses exigences et ses codes. Il ne permet à ses administrateurs que de polir sa surface et leur enlève tout droit de toucher à son essence. Seules les masses populaires encadrées par leur parti politique autonome sont capables dans un soulèvement révolutionnaire d’accomplir cette dernière tâche.

Comment ces personnalités vont-elles s’attaquer au dossier de Petro Caribe qui est une expression majeure de la corruption qui, elle, est consubstantielle au capitalisme et à tous modes de production dominés par la propriété privée des moyens de production dont Haïti n’en est qu’un maillon? Est- il possible de toucher à la malversation de ce fonds sans toucher tous les autres paliers tels que la contrebande et autres pratiques illicites que renferme la corruption en tant que concept inhérent à un système politique ?Les États-Unis d’Amérique, la première force impérialiste au monde, toute proportion gardée, n’est pas épargnée de cette plaie qui les ronge aussi. Le vice- président Al Gore s’était contenté occasionnellement d’évoquer ses effets sur le système et la secrétaire d’État Mme Albright de lui donner une certaine explication.

{Le vice-président américain Al Gore a sonné l’alarme le 24 février 1999 à une grande conférence sur le thème de la corruption internationale organisée par la Banque mondiale en disant que « la corruption dans un pays peut avoir des répercussions dans le monde entier ». A cette occasion, le secrétaire d’État des USA, Madeleine Albright, déclara que  « la corruption n’est pas un produit naturel du capitalisme mais plutôt sa perversion » }(5)

Ce n’est pas le démenti de Mme Madeleine Albright qui nous convaincra du contraire. Car, elle n’a pas pu démontrer pourquoi la corruption comme simple perversion du capitalisme n’a jamais été nulle part  éliminée même là où le capitalisme s’est érigé en mode de production dominant ou émergeant. D’ailleurs, ce sont dans les pays du capitalisme émergeant que la corruption a le plus le vent en pourpre. Cette évidence observée dans le bloc constituant le BRICS a donné raison à la thèse de  Karl Marx de l’accumulation primitive du capital.

La corruption qui s’est érigée en mode de gouvernance a connu ses premiers moments dès la création de l’État

Pour Leslie Péan: « Si la gestion des finances publiques et tout ce qui rapporte à l’exécution des dépenses et des recettes publiques pose problème depuis l’indépendance, il importe d’éclairer ce qui, dans la formation sociale haïtienne, bloque le passage à d’autres pratiques. On montrera que l’indépendance n’a pas éliminé les pratiques fiscales de l’ancien régime. Au contraire, elles sont restées en vigueur et se sont perpétuées au cours des ans. La corruption prend donc sa source dans le système colonialiste raciste qu’Haïti a répudié comme pour mieux en assurer la continuation sous les formes du mulâtrisme et du noirisme. Avec tout ce que cela comporte d’absence d’institutions, de pouvoir absolu et personnel, et de négation de la société civile. » (6)

L’exemple des condamnés du procès de la Consolidation qui, sans avoir purgé légalement leur peine, se sont, en moins d’une génération et grâce au concours des donneurs de leçon démocratique et de la bonne ” gouvernance” occidentaux, hissé à la première magistrature de l’État, consiste bien à expliquer le phénomène de la corruption. Les cas sont légions à travers toute notre histoire de peuple. La différence ne se trouve pas dans leur nature mais dans leur intensité. Aujourd’hui la corruption fortement alimentée par l’impunité, s’est répandue dans toutes les classes et couches sociales.

« Le conservatisme des propriétaires fonciers féodaux mobilisant leur clientèle paysanne dans des bandes armées nommées Cacos a été l’ultime stratagème des forces d’archaïsme pour barrer la route à Anténor Firmin en juillet 1911 en lui préférant le corrompu Cincinnatus  Lecomte. La société haïtienne faisait le choix de prolonger dans une corruption sans remède avec le soutien des puissances internationales du moment (L’Allemagne, États-Unis) qui appuyèrent l’arrivée au pouvoir de Lecomte. L’adoption définitive des valeurs de corruption sera démontrée par la nomination ultérieure comme Présidents de la république de deux autres condamnés du Procès de la Consolidation c’est-à-dire Tancrède Auguste en 1912 et Vilbrun Guillaume Sam en 1915. » (7)

Que faut- il faire pour débarrasser le pays de ce fléau endémique?

Pour débarrasser le pays de ce fléau endémique, il s’avère nécessaire de détruire le système qui sert de milieu naturel aux actrices et aux acteurs qui s’y abreuvent comme classes sociales. Pour éradiquer la malaria, il faut éliminer les moustiques et les gîtes qui les abritent. La corruption étant un épiphénomène, tout gouvernement progressiste et soucieux d’une bonne utilisation des deniers publics possède suffisamment de moyens pour pallier certains de ses effets délétères. Sa solution définitive ne peut être que l’œuvre des masses populaires en mouvement révolutionnaire. Les problèmes que le comité des États généraux évoquera ne seront que la palissade car, ces problèmes sont connus de toutes les classes sociales. Cependant, il sera très difficile à ce comité de proposer une voie alternative à ces problèmes à cause de ”la détermination structurelle de la classe sociale” du comité en nous référant à une abondante étude de Nicos Poulantzas dans son livre” Les classes sociales dans le capitalisme aujourd’hui”.

Nous concluons notre essai avec les deux citations suivantes: « Dans la mesure où l’intolérance est liée au pouvoir et à sa conception, il n’y aura pas mieux pour en faire l’autonomie que d’analyser le pouvoir, ou plutôt le rapport au pouvoir, dans la société haïtienne. La préoccupation excessive pour la présidence, l’utilisation de tous les moyens dans la compétition pour le pouvoir, l’extrême violence comme stratégie contre les adversaires politiques sont d’importants indicateurs de cette disposition à imposer aux autres ses propres convictions… Le cas historique du procès de la Consolidation, par de-delà sa dimension symbolique, permet de comprendre l’histoire du pouvoir et les multiples figures d’intolérance qu’elle génère. Loin d’être résiduelle et marginale, l’intolérance se révèle essentielle, centrale pour monnayer le pouvoir et reflète une vision particulière d’un style de vie ». (8)

« On peut adopter les lois que l’on veut contre la corruption, les affaires et les privilèges, mener toutes les enquêtes possibles, on peut même diminuer et limiter leur importance, mais on ne peut pas les éliminer. Car leur existence et celle du capitalisme sont tellement imbriquées l’une dans l’autre que l’on ne peut supprimer l’une sans éliminer l’autre. Les lois et les mesures prises pour lutter contre la corruption ne sont que des paravents derrière lesquels la bourgeoisie dissimule ses forfaits. Le problème n’est donc pas l’existence de la corruption, des scandales financiers, des affaires et autres privilèges, mais celle du capitalisme qui les engendre. Il y a eu dans le passé des scandales, il y a aujourd’hui des scandales et il y aura dans l’avenir d’autres scandales tant que ce système existe. Le véritable scandale, c’est le capitalisme lui-même » (9).

Notes

1 Jean  Roger Petit-Frère: La révolution et la période postcoloniale. La naissance d’Haïti.1803-1804  Editions Pédagogie. P.69

2 Leslie J.R.Péan. Économie Politique de la corruption Tome II. L’État marron9 !870-!915).Maison neuve -Larose. P 349.

3 Leslie J.R.Péan. Économie Politique de la corruption Tome II. L’État marron9 !870-!915).Maison neuve -Larose. P.307

4 Leslie J.R.Péan. Économie Politique de la corruption. De Saint Domingue à Haïti 1791-1870. Éditions Mémoire. P 11.

5 Leslie Péan ibid. P 10

6 Leslie J.R.Péan. Économie Politique de la corruption. De Saint Domingue à Haïti 1791-1870. Éditions Mémoire. P. 28-29.

7 Leslie J.R.Péan. Économie Politique de la corruption Tome II. L’État marron9 !870-!915).Maison neuve -Larose. P 355

8 Leslie J.R.Péan. Économie Politique de la corruption Tome II. L’État marron9 !870-!915).Maison neuve -Larose. P 269

9  Mohamed Belaali: Qu’elle est jolie la république bourgeoise ! (Acte 2). Disponible sur ” https://www.legrandsoir.info/qu-elle-est-jolie-la-republique-bourgeoise-acte-2.html”

Marc-Arthur Fils-Aimé
12 mai 2018

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