Le bluff est une arme politique aussi vieille que la politique elle-même. Toutes les actions et ce que disent certains dirigeants de la classe politique haïtienne, ne correspondent pas forcément à ce qu’ils ont en tête. On nous avait présentés l’Accord du 30 août dit Accord de Montana comme le plus crédible parmi les différents Accords pour trouver une solution haïtienne à la crise. Pour mieux le vendre, on l’avait même baptisé en grande pompe avec caractère de propagande : Transition de rupture.
Sachant que ces acteurs de la classe politique ont plus d’une carte dans leurs poches suivant leur position de classe, à maintes reprises, dans ces colonnes, nous avions démontré qu’il n’y avait aucune divergence fondamentale au sein de cette classe politique : Accord de Montana – Accord de Musseau « Bonnet blanc et Blanc bonnet ». Aucune contradiction profonde sauf de simples mésententes insignifiantes.
De plus, nous avions démontré que dans l’ADN de cette classe d’hommes et de femmes politiques qui s’allaitent tous, à la même source corruptrice et à la mamelle du système capitaliste d’exploitation, il n’y a rien qui correspond aux revendications des masses laborieuses. Voilà pourquoi, nous ne pouvons faire confiance à ces fossoyeurs qui ne cessent de trahir les profondes convictions et aspirations des masses populaires haïtiennes pour le changement.
Par naïveté ou par faiblesse politique, nombreux sont ceux qui avaient, de près ou de loin, vu un quelconque intérêt à l’opération. Ainsi, ils se sont accourus pour s’agripper au char de la sinistre Transition qui passe, la qualifiant même d’alternative indispensable à la crise. Des commentateurs s’en sont donné à cœur joie pour en mettre en évidence le ridicule, surtout avec l’appui de l’ambassadeur Daniel Foote, qui a disparu soudainement de la circulation politique haïtienne depuis. Il y a eu explosion de joie et de démagogie tous azimuts dans cette affaire.
Doit-on déduire que tout ce que les protagonistes de Montana entreprenaient était du simulacre d’opposition ?
L’ex-sénateur de l’Ouest, Pierre Paul Patrice Dumont, par exemple, avait même osé déclarer que « la signature de l’Accord de Montana est le troisième événement historique du peuple haïtien ». Il éleva l’installation du Conseil National de Transition (CNT) du dimanche 12 décembre 2021, au niveau de la signature de l’Acte de l’indépendance du pays. Quelle absurdité !
Cet œuvre n’est qu’un gigantesque marché de dupes monté avec ces politiciens, instruments dociles, conscients et mercenaires de la stratégie laborieusement mise en place par les chancelleries occidentales. Les dernières réactions critiques affichées par le groupe de Montana face au Consensus du 21 décembre du Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH) et de la Primature ne sont pas réelles. Selon nous, ce ne sont là que des simulations. Ce qui se présente comme le rejet total de l’Accord du 21 décembre, n’est donc en réalité qu’un énorme coup de bluff.
Justement, ce n’est pas par hasard avant l’installation du Haut Conseil de Transition (HCT), le 6 février 2023, que Steven Benoit a spectaculairement démissionné le lundi 30 janvier comme Premier ministre élu de l’Accord de Montana. Selon ses propres termes, il l’a fait afin de faciliter un dénouement à la crise, en fait pour des négociations futures avec d’autres «secteurs vitaux» de la société.
Pour le renforcer, Jacques Ted Saint-Dic, l’un des membres influents du Bureau de Suivi de l’Accord de Montana (BSA), a pour sa part indiqué au quotidien Le Nouvelliste : « cette décision n’a pas été prise au hasard. Cette action est concertée. Steven Benoît estime que la situation doit être débloquée et qu’il ne doit pas constituer un élément de blocage ».
Pour rendre le scénario encore plus plausible, le mercredi 1er février 2023, Saint-Dic n’a trouvé d’autre échappatoire pour montrer que le vers était déjà dans le fruit. Il lâche tout bonnement, comme si de rien n’était «Montana n’est pas une force d’opposition mais de proposition». Que veut-il dire par là ?
Cette déclaration doit être examinée dans une vision plus large aussi bien sous l’aspect de ses implications politiques. Car on sait que toute opposition est une fonction de contre-pouvoir, et désigne l’ensemble des mouvements qui contestent les décisions des détenteurs du pouvoir en place. Quand on n’est pas opposé à un pouvoir, peut-on alors le combattre ?
Doit-on déduire que tout ce que les protagonistes de Montana entreprenaient était du simulacre d’opposition ? Des négociations fantoches pour la galerie de façon à tromper les masses. Toute la polémique Montana-Musseau n’a été tout simplement que pour proposer sans doute certaines pistes qui ne sont pas de nature à modifier quoi que ce soit de la stratégie fondamentale des puissances impérialistes. C’était de la poudre aux yeux destinée à masquer leur paradoxe monstrueux.
L’atmosphère politique apparemment calme régnant depuis l’installation du Haut Conseil de la Transition, veut-elle dire que tout est bien qui finit bien ? Mission accomplie pour les deux branches de la classe politique ?
Quelle désinvolture et quel cynisme ! Finalement, toutes ces négociations, n’ont été qu’un simulacre d’opposition politique n’ayant qu’un objectif, qu’une seule visée concrète, inavouée : barrer la route au peuple. Freiner toute mobilisation populaire !