Préval-Bellerive : La continuité du néolibéralisme

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Yves Christallin

Dans un temps record, le Premier ministre Jean Max Bellerive, désigné pour remplacer la défunte madame Michèle Duvivier Pierre-Louis a été ratifié par les deux Chambres ainsi que la déclaration de sa politique générale.

En effet, le lundi 9 novembre 2009, au milieu de 11 ministres du gouvernement déchu et de 7 nouveaux recrutés parmi les amis du chef de l’Etat, le Premier ministre ratifié, Jean Max Bellerive, s’est présenté par devant l’assemblée des sénateurs. Un vote de confiance a été attribué à sa déclaration de la politique générale, par 22 voix pour et 4 abstentions sur un total de 27 sénateurs réunis.

Quels sont les grands axes fondamentaux de cette déclaration de politique générale du nouveau gouvernement Préval/Bellerive ? Rien de nouveau sous le soleil de la politique gouvernementale haïtienne ! Se situant dans la lignée des gouvernements conservateurs : Préval/Alexis, Préval/ Pierre-Louis, le gouvernement Préval / Bellerive s’inscrit d’emblée dans le néolibéralisme. C’est dire dans la continuité et non dans la rupture. Le dialogue, la santé, l’éducation et l’emploi, selon monsieur Bellerive, constituent les priorités principales de son gouvernement. Comment parviendra-t-il à atteindre cet objectif : la création d’emplois ? Par l’augmentation des recettes de l’Etat, a-t-il déclaré. « La lutte contre la fraude et l’évasion fiscale, le renforcement des bureaux de douane, la poursuite de l’installation du système douanier informatisé (sydonia) dans les douanes de provinces. »

Le financement de la création d’emplois, selon le Premier ministre passe par le combat contre la corruption, c’est une évidence. Cependant, un gouvernement qui applique le néolibéralisme, c’est-à-dire qui priorise des objectifs purement bourgeois et impérialistes, ne peut qu’appliquer la loi Hope pour renforcer la soustraitance et non créer des emplois productifs dans une perspective d’intégration économique et sociale. Le Premier ministre Bellerive a affirmé : « L’action du nouveau cabinet reposera sur le budget déjà voté par le parlement. Le Parlement doit nous donner du temps à mon équipe pour analyser le budget voté et voir dans quelle mesure il est possible d’apporter certaines rectifications ».

Au cours des interventions à la tribune, certains sénateurs souhaitent qu’une modification soit apportée dans la vision et dans les actions du nouveau gouvernement. Est-ce que cela signifie que les parlementaires s’accorderont à combattre le néolibéralisme pour l’application d’une nouvelle politique économique axée sur les problèmes fondamentaux du pays et sur les revendications des masses ? Malheureusement, nos sénateurs, se situant au-delà de cette vision socio-économique, sont absolument préoccupés à défendre les intérêts de la bourgeoisie et de l’impérialisme, ne peuvent exiger l’application d’une politique économique d’intégration sociale. Le Premier ministre dit vouloir poursuivre sur le chemin de la consolidation des acquis : sécurité, cadre macroéconomique, etc.

Bien entendu, dans le cadre d’une vision socio-économique axée sur le néolibéralisme, les gouvernements antérieurs ont à leur actif de nombreux acquis. En ce sens, le Premier ministre Bellerive peut s’enorgueillir de pouvoir continuer sur les bases de ces solides acquis : consolidation de l’occupation, enrichissement des minorités, liquidation des entreprises nationales, processus accéléré de marginalisation et de paupérisation des masses populaires.

Sur la question des élections qui auront lieu dans le pays, monsieur Bellerive a déclaré : « L’organisation des élections est de la responsabilité du Conseil électoral provisoire. Le gouvernement, que je vais diriger, ne pourra seulement apporter qu’un appui technique, administratif et faciliter l’acheminement des fonds ». Ce sont toutes des paroles à faire dormir debout les enfants.

Le gouvernement Préval/Pierre-Louis a exclu, de concert avec le CEP de Verret au non de la « démocratie », la majorité nationale des dernières sénatoriales. Pour maintenir les structures de mise sous tutelle du pays, structures qui condamnent les masses à la misère et à la mort, le gouvernement Préval/Bellerive, sans nul doute, avec le CEP replâtré, concoctera des magouilles pour exclure la majorité nationale. C’est une évidence que ni Préval, ni Bellerive ne peut nier, condamnés qu’ils sont à maintenir les structures d’asservissement qui étranglent le peuple haïtien. D’ailleurs le nouveau Premier ministre, n’a même pas fait état de l’occupation d’Haïti par les impérialismes qui, maintiennent des troupes dans le pays, violant, niant du sénat-coup la souveraineté nationale.

Le nouveau Premier ministre a affirmé sa volonté de bonne coopération avec le Parlement. « Essentiellement, le gouvernement à venir aura à renforcer sa collaboration avec les parlementaires. Mais, ce qui me préoccupe, ce sont les limitations et la précarité des ressources ».

S’agit-il d’une collaboration qui annulera le contrôle parlementaire sur les décisions et les actions du gouvernement ? Comme c’est devenu une coutume, des pots de vin et des privilèges ont tissé les relations avec le Parlement, depuis l’instauration du gouvernement Préval/Alexis. Tandis que la constitution proclame solennellement la séparation des pouvoirs et le contrôle parlementaire du gouvernement, les structures de mise sous tutelle entraînent les deux pouvoirs dans une pure collaboration pour maintenir la continuité. Il est impératif de comprendre le caractère conservateur de ce nouveau gouvernement, qui en réalité respire l’ancien.

Onze (11) ministres du gouvernement Préval/Pierre-Louis gardent leur portefeuille, les 7 nouveaux ont déjà été inféodés au projet du conservatisme et du maintien de la mise sous tutelle du pays : Marie Michèle Rey Ce aux Affaires étrangères, Ronald Baudin à l’Economie et aux Finances, Jocelyne Colimon Féthière aux Commerce et Industrie. Ces ministères d’importance ont été enlevés au clan Pierre-Louis, renforçant ainsi le clan Préval qui, aux dires des mauvaises langues, était en porte-à-faux par rapport aux 197 millions de dollars détournés sous le gouvernement Pierre-Louis et aussi les millions de narcodollars pillés à Lavaud, Port-de-Paix.

Sans crainte de se tromper, ce nouveau gouvernement connaîtra le même sort que ses prédécesseurs, dans la mesure oú le but qu’il poursuivra est le renforcement du pouvoir et des intérêts des conservateurs d’ici et d’ailleurs.

La misère s’accélèrera et les tensions sociales se transformeront en conflits au fur et à mesure que le temps des élections approche ; que les traditionnels vautours magouillent pour s’accaparer du pouvoir. Le gouvernement n’est même pas encore installé que les magouilleurs professionnels commencent à répandre des rumeurs, qu’il s’agirait d’un gouvernement lavalas, parce que tout simplement des sinécuristes, qui se disaient être proches de l’Organisation politique majoritaire ont été jobés par Préval.

Voici la liste complète du nouveau gouvernement Préval-Bellerive: Marie Michèle Rey (affaires étrangères), Marie Laurence Jocelyn Lassègue (culture et communication), Marjorie Michel (condition féminine et droits des femmes), Joceline Colimon Féthière (commerce et industrie), Paul Denis ( justice et sécurité publique), Ronald Baudin (économie et finances), Yves Christallin (affaires sociales et travail), Père Edwin Paraison (Haïtiens vivant à l’étranger), Paul Antoine Bien-Aimé (intérieur et collectivités territoriales), Jonas Gué (agriculture, ressources naturelles et développement), Jacques Gabriel (travaux publics, transports et communications), Evans Lescouflair (jeunesse, sports et action civique), Jean-Marie Claude Germain (environnement), Joseph Jasmin (Ministre délégué auprès du premier ministre chargé des relations avec le parlement), Dr. Alex Larsen (santé publique et population), Patrick Delatour (tourisme), Joël Desrosiers Jean-Pierre (éducation nationale et formation professionnelle).

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