Ce qui a été fait est fait, désormais nous devrons lutter pour l’avenir de sorte que « d’un mal devrait sortir un bien » voulait-on croire.
Mais pas en Haïti, puisque le pays ne cesse de faire marche arrière ; les exemples ne manquent pas et ne peuvent laisser indifférent aucun patriote responsable épris de liberté.
Être libre c’est d’avoir le droit de faire ce qu’on doit faire et ne pas être obligé de faire ce dont on ne voulait pas, simplement pour satisfaire le choix politique sinon la volonté d’une certaine puissance au grand mépris du peuple.
C’est dire que nous ne sommes pas maîtres de notre destinée, nous ne sommes pas libres alors que nous devrions à la file indienne nous présenter aux salons diplomatiques de certaines ambassades pour être auditionnés par un quelconque envoyé spécial.
Toutes ces activités sont la négation même d’une politique de libération nationale qui consiste à mettre en échec les aspirations populaires. Ce qui est bon pour les Etats-Unis ne doit pas nécessairement l’être pour nous autres. Ainsi, le nouveau pouvoir politique haïtien tient un discours qui a pour seule obsession de répéter à l’infini que les élections sont uniquement le seul moyen pour satisfaire la nouvelle donne politique. Ce discours cherche évidemment à faire ressortir que les dirigeants haïtiens sont des moutons serviles que l’impérialisme peut mener là où il entend.
De toute manière, quelle que soit la décision que l’on choisira d’adopter, il s’agirait de la soumettre aux appréciations des puissances tutrices. Il y a plusieurs courants allant même à cette nouvelle structure; prenons en exemple la « Commission pour la recherche d’une solution haïtienne à la crise » ; bien qu’elle est soi-disant contre l’ingérence étrangère, elle cherche également la bénédiction de Washington, de Paris ou d’Ottawa, mais pas celle des misérables masses vivant dans les ghettos.
S’affranchir de la domination occidentale devrait constituer le préambule de tout projet national. Pourtant, ces organisations ne cherchent que l’aval des puissances tutrices. En réalité, en cherchant à entrainer la lutte dans cette voie, on n’arrive à rien d’autre sinon déséquilibrer davantage, briser la dynamique des masses populaires de façon à faire coûte que coûte obstacle aux changements fondamentaux dont elles sont les seules porteuses.
Ce qui est en train d’être construit par la bourgeoisie et la petite bourgeoisie n’est pas pour séduire les masses. Jamais elles n’ont été invitées à leur réunion. Au fond des choses, ce sont d’autres camps au sein des classes dominantes qui sont en train d’être dessinés.
Notre pays ne renouera pas avec la stabilité tant que les conditions actuelles demeurent inchangées dans les quartiers défavorisés. Les ghettos, ces lieux où jeunes et vieux humiliés sont plongés dans la dépersonnalisation, la misère et la honte, torturés dans leur chair et leur esprit doivent rester vigilants, se mobiliser de sorte qu’ils soient partie prenante de la lutte de libération nationale. Seul un rassemblement populaire, organisé qui n’a rien à perdre peut réellement lutter et réaliser sous la direction d’un parti révolutionnaire de masse les changements sociaux fondamentaux que veulent les masses laborieuses.
Il faut tout d’abord retenir un élément essentiel, les slogans appelant au redressement ou à un quelconque projet de développement ne sont que pure et mensongère projection de l’imaginaire des diseurs de bonne aventure pour tromper davantage les masses populaires, les naïfs et les indécis.
Il ne nous faut donc rien attendre de cette classe politique prête à faire n’importe quoi sur la scène, même à exploiter certains besoins et aspirations populaires si cela est nécessaire pour plaire aux desideratas des puissances impérialistes.
Le mouvement populaire haïtien est d’essence patriotique et anti-impérialiste, il n’y aura pas de changement fondamental interne qui n’implique la rupture de la dépendance et de la domination impérialiste.
Les membres de la classe politique cherchent un consensus entre eux-mêmes, une sorte d’alliance de classe dans une perspective de partager le gâteau politique en laissant le contenu de leurs poubelles aux masses travailleuses.
Il ne faut s’attendre à rien de cette classe d’insignifiants imposteurs. Pourquoi ? Parce que leurs pratiques dominantes sont le népotisme, la fuite devant les responsabilités, le détournement du trésor national vers leurs comptes en banque et les paradis fiscaux, ainsi que la politique de complicité avec les puissances dominantes. Un jour ou l’autre, la volonté du peuple finira par triompher, et ils paieront chèrement tous leurs méfaits à son égard.