Pourquoi la mémoire du Libérateur Jean Jacques Dessalines est-elle effacée dans l’histoire de l’Amérique latine et du monde?

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Jean Jacques Dessalines

Le 17 octobre est le jour de la mort du général Jean Jacques Dessalines, le Libérateur de la République d’Haïti, le premier et seul pays à avoir réussi à faire, le 18 novembre 1803, la révolution sociale la plus complète de l’histoire du monde: une révolution antiraciste, anti-discrimination et anti-ségrégation. Ce grand stratège militaire haïtien a inspiré le cubain et révolutionnaire José Antonio Aponte, en 1812 et Francisco Mirando en 1806, ainsi que plusieurs dirigeants latino-américains. Un général du Vietnam a raconté qu’en 1970 il s’était inspiré de leurs stratégies militaires et que, grâce à ces dernières, ils avaient gagné la guerre contre les États-Unis. Même si, aujourd’hui, ses tactiques militaires font l’objet d’études dans de nombreux espaces académiques tant en Amérique du Nord, en Europe qu’en Asie, par conséquent, sa mémoire de héros a disparu des livres d’histoire du monde et des pays d’Amérique latine même en Amérique latine, en République dominicaine et en même temps continue d’être déshonorée par les gouvernements haïtiens. En ce jour très symbolique pour l’histoire d’Haïti et pour l’imaginaire du peuple haïtien, nous avons décidé de faire une analyse pour expliquer la raison pour laquelle notre libérateur continue d’être invisible.

Nous analysons ce fait de trois points de vue différents puisque nous appartenons à trois (3) champs disciplinaires différents. La première perspective est celle des relations internationales par Claudy Bastien, journaliste et étudiant avancé en relations internationales (EPyG-UNSAM) et l’autre est sociologique par le professeur Henry Boisrolin, anthropologue et enfin politique avec moi.

Jean-Jacques Dessalines: un héros victime des idéologies eurocentriques

Les historiens dressent souvent une liste de grands hommes qui ont marqué l’histoire du monde. Cependant, peu importe à quel point Napoléon Bonaparte était impérialiste, la cruauté de Léopold II de Belgique, le racisme d’Adolf Hitler ou l’autoritarisme de Franklin D. Roosevelt, leurs noms sont parmi les hommes les plus en vue. Mais qu’en est-il de Jean Jacques Dessalines, le général haïtien qui a démantelé le sophisme selon lequel il y a une race supérieure et a libéré les esclaves de Saint-Domingue?

En premier lieu, pour comprendre pourquoi le nom Dessalines reste dans l’ombre, et sans vouloir entrer dans un débat racial, la couleur de sa peau est l’un des éléments qui responsables de ce rejet systématique, légendaire. En effet, on sait que c’est l’Occident  qui a écrit l’histoire de l’humanité, souvent à tort. Aussi, il s’est permis de réécrire l’histoire de cet homme noir dont les actions éclatantes relèvent, à ses yeux, de faits empiriques. En deuxième lieu : sa victoire irréversible, son succès foudroyant sur la meilleure armée de l’époque que fut l’armée napoléonienne avec un groupe d’esclaves sans ressources, sans «formation et expérience militaires». Aussi, se basant sur les écrits négatifs et injurieux  de Charles Darwin sur la race, de la prétendue supériorité des Blancs sur les Noirs, l’Occident a préféré occulter l’histoire de ce   vainqueur noir de Napoléon.

Troisièmement, une perspective eurocentrique wébérienne qui déclare que la civilisation a commencé en Europe tandis que les pays de ce continent éclairé asservissaient le reste du monde jusqu’au jour où Dessalines avec un groupe de «barbares» mit un terme à cette pensée impérialiste et ouvrit la voie de l’indépendance à tous les peuples opprimés du monde. Quatrièmement, en plus d’être noir, il n’était pas un intellectuel. Beaucoup persistent encore à prétendre, méchamment, qu’il ne savait ni lire ni écrire. Garder sa mémoire vivante, l’honorer reviendrait donc à contredire la doctrine suprémaciste blanche pour qui le savoir est hellène et être noir est synonyme d’analphabétisme. Il faut également ajouter que de nombreux historiens ne veulent pas laisser de traces d’un inculte dans le musée des grands hommes.

Et enfin, on entend souvent dire qu’il était méchant, cruel, non seulement à cause du slogan koupe tèt, boule kay (couper les têtes, brûler les maisons) qu’il répandit pour éliminer ce qui restait encore sur l’île de pouvoir colonial potentiellement dangereux pour la jeune indépendance, mais à cause du massacre présumé de quelque 300 Blancs qui avaient des relations directes ou indirectes avec l’empire français dans l’espoir de rétablir l’esclavage sur l’île. S’il faut en croire ces dires mal intentionnés, supposons que Dessalines ait été cruel, que dire alors de l’amputation d’une main aux Congolais en guise de punition pour désobéissance au « roi bâtisseur », Léopold II de Belgique ? La réponse est simple : c’était un européen, un Blanc. Par conséquent, l’Histoire se devait d’écrire son nom et celui de ses pareils en lettres d’or.

Cependant, continuer à ignorer la geste libératrice de Dessalines laisse à soupçonner que l’Amérique latine a également hérité des pensées suprémacistes ou a été ou a été contaminée par elles, puisque, et sans exagération, peu de gens savent qu’Haïti fait partie de ce continent et connaissent même l’existence d’un certain Dessalines. Peut-être parce que lorsqu’ils ont étudié l’histoire générale, il n’y avait pas un seul texte sur la révolution haïtienne, le deuxième pays indépendant de toutes les Amériques. Cependant, ils ont lu de nombreux textes sur le siècle des Lumières, la révolution de 1789 ou la révolution bourgeoise américaine.

Enfin, on comprend mieux pourquoi la souveraineté d’un État ne dépend pas de la taille de son territoire mais de quels autres États sont prêts à le reconnaître, car si c’était pour la taille, le Vatican ne serait pas un État souverain avec 0,44 km2. Autrement dit, pour que l’on ait sa place dans l’histoire des grands on vaut peu ou même rien si on a été un libérateur, un symbole contre l’oppression parce que l’Occident ne le voit pas favorablement. Enfin, il est nécessaire de préciser que Dessalines n’était pas seulement un Haïtien, il était un homme universel qui recherchait la liberté pour tous les esclaves et opprimés partout dans le monde. C’est pourquoi il a dit que nenpòt moun ki te nan chèn ki pile tè sa, yo vin lib (quiconque était esclave, une fois en Haïti devient libre) et même a voulu acheter la liberté de nombreux Noirs aux États-Unis. En termes de relations internationales, il était réaliste, sans avoir lu le Léviathan de Thomas Hobbes, car il savait que les êtres humains par nature recherchent toujours le pouvoir. C’est pourquoi, lorsque Napoléon se proclama empereur des Français, Dessalines fit de même en Haïti en 1805 sous le nom de Jacques Ier pour équilibrer le pouvoir, éviter et se préparer au cas où le despote « éclairé » reviendrait.

Comme Karl Popper, dans un écrit pertinent pour l’Histoire, il est aujourd’hui plus que nécessaire que l’Histoire reconnaisse Dessalines pour ses réalisations, son humanité, sa vie et sa pensée, car parler d’égalité et de justice sociale n’a aucun sens si l’on ne parle pas du premier qui en a donné l’exemple.

Jean- Jacques Dessalines: validité d’un révolutionnaire

Plusieurs fois, vous pouvez lire des textes qui exaltent et justifient des figures telles que Toussaint L’Ouverture, Alexandre Pétion, Henry Christophe, racontant leurs exploits révolutionnaires; cependant, ils gardent un silence tonitruant sur Jean-Jacques Dessalines, celui qui a conduit à la victoire les esclaves de la colonie de Saint-Domingue. Même, pour différentes raisons, l’histoire écrite et diffusée sur les grandes figures de cette grande révolution anti-esclavagiste, anticoloniale, antiraciste, anticapitaliste triomphante, le 18 novembre 1803, est pleine d’ignominies, de mensonges, de diffamations et d’agressions à l’égard de Jean-Jacques Dessalines. Ils calomnient tellement ce grand révolutionnaire que plusieurs érudits autoproclamés du problème haïtien accusent Dessalines de la crise actuelle qui dévore le peuple haïtien, survivant dans des conditions inhumaines. Certains remettent même en question la forme adoptée – Koupe tèt boule kay (Les têtes coupées brûlent les maisons) – par Dessalines pour vaincre le système colonial d’esclavage. Il est incroyable, plus de 200 ans après son assassinat le 17 octobre 1806, de voir que la vérité n’a toujours pas été entièrement rétablie malgré quelques efforts louables, notamment de la part de certains historiens et intellectuels haïtiens. Dans ce cadre, il est donc un devoir et une obligation d’essayer de trouver des raisons capables d’expliquer une telle cruauté envers ce géant de l’histoire haïtienne. Géant parce que, parmi ses énormes mérites en tant que chef révolutionnaire, c’est lui qui a créé le drapeau d’Haïti le 18 mai 1803, qui a proclamé l’indépendance de la première république noire et indépendante du monde le 1er janvier 1804, qui a libéré les esclaves de la partie orientale de l’île qui était sous le joug colonial espagnol, qui a aidé Miranda, qui a essayé de mener à bien une réforme agraire révolutionnaire, qui a établi à l’article 14 bis de la Constitution de 1805 que tous les Haïtiens, tous, quelle que soit la couleur de leur peau seront connue sous la domination de Noirs.

Or, pour analyser correctement ce qui se passe avec Dessalines, il est essentiel d’appréhender le rôle néfaste de la pensée coloniale. Car le silence sur cette figure transcendantale et le rejet manifesté à plusieurs reprises contre lui, proviennent de schémas mentaux formatés et déformés par ce qu’on appelle la pensée coloniale dominée par l’eurocentrisme. Une telle pensée ne peut accepter qu’un ancien esclave de campagne né le 20 septembre 1758, se rebelle depuis l’enfance, qui a reçu des châtiments cruels pour cette rébellion qui l’a caractérisé tout au long de sa vie, qui était pratiquement analphabète selon ses catégories, aurait pu avoir vaincu une puissance coloniale européenne comme la France non seulement sur le champ de bataille mais aussi sur le plan des idées. Il faut souligner que Dessalines, lors de la lutte pour la pleine liberté, n’a pas adopté comme slogan: Liberté, Égalité et Fraternité, mais plutôt: Liberté ou Mort. Son slogan révélait une rupture totale avec une réalité, avec toute une série de paradigmes, et ouvrait la porte à une vraie libération en brisant les chaînes que les esclaves avaient aux pieds, aux mains, au cerveau et au cœur. C’est la suprématie blanche, le mythe de la «race» supérieure, qui a succombé et s’est brisée en Haïti sous Dessalines. C’est que Dessalines, au-delà de certaines erreurs en tant qu’être humain, en tenant toujours compte de la période historique dans laquelle il a dû agir, a rendu possible l’impensable et l’inadmissible, surtout pour les racistes. D’où la principale raison de le détruire de toutes les manières.

Statue de Dessalines sur la place d’Haïti à Quito, Equateur

Mais il y a d’autres facteurs à prendre en compte pour expliquer cette destruction permanente de la figure de Dessalines. Par exemple, contrairement à Toussaint qui a mis fin à l’esclavage à Saint-Domingue depuis 1793, mais qui a pensé et combattu pour l’autonomie, Dessalines a compris que la seule issue était l’indépendance arrachée à la France. Par conséquent, il comprit que les esclavagistes français devaient être exterminés. Et contrairement à Pétion, Dessalines a également défendu les soldats qui combattaient avec lui «dont les pères étaient en Afrique», comme il disait. Il ne faut pas oublier que Pétion était l’un des principaux responsables du complot qui a abouti au meurtre de Dessalines. Il était farouchement opposé à la réforme agraire de Dessalines. Les différences politiques, idéologiques et culturelles entre les deux héros de l’indépendance d’Haïti étaient notoires. En effet, Pétion était un affranchi (un mulâtre dans le jargon colonialiste) qui avait étudié en France et qui avait rejoint les troupes envoyées par Napoléon Bonaparte en 1802 pour restaurer l’esclavage. C’est après le développement d’une lutte de classe intense au milieu d’un processus révolutionnaire sans précédent que l’alliance entre Dessalines et Pétion a été établie. En ce sens, sans aucun doute, Pétion était une figure marquante de la lutte pour l’indépendance. Et avec son aide énorme et inoubliable à Simón Bolívar, Pétion est devenu un géant dans la lutte pour la liberté en Amérique latine.

Avant de conclure, il faut noter que tout au long de notre histoire et à ce jour, divers politiciens et dirigeants se sont approprié la figure de Dessalines. Encore une ignominie, car ce sont des traîtres qui n’ont rien à voir avec Dessalines. On n’a pas besoin de remonter bien loin, l’actuel président de facto d’Haïti, Jovenel Moïse, y fait souvent recours dans certains discours. Il s’avère que ce président accusé d’avoir participé au vol de plus de 4 milliards de fonds Petrocaribe, rejeté par la grande majorité de la population, principalement responsable de plusieurs massacres dans les quartiers populaires est celui qui a voté contre la République bolivarienne lors d’un forum régional pas trop éloigné, qui ment en permanence au peuple, qui est un fidèle vassal de l’impérialisme américain, qui survit au pouvoir grâce au soutien inconditionnel du gouvernement yankee, et qui tente parfois d’honorer Dessalines. Attitude perverse qui en confond plus d’un. Ce qui est dégoûtant, car Jovenel Moïse est simplement un meurtrier et un personnage infâme qui crache quotidiennement sur Dessalines et sur notre histoire.

Heureusement, ces dernières années, la figure de Dessalines occupe une place prépondérante au sein du camp populaire et révolutionnaire en Haïti, dans la lutte pour notre deuxième et définitive indépendance et pleine liberté. Ce type de liberté qui était fondamental pour Dessalines, où tous ceux qui ont subi la domination et l’exploitation les plus cruelles de l’histoire pour obtenir leur liberté doivent aussi jouir d’un bien-être total. Et pour cela, selon Dessalines, l’Etat doit jouer un rôle clé. Une autre position qui prouve le génie et la conviction révolutionnaire de Dessalines. Ils ont raison – contrairement aux individus qui, comme des imbéciles façonnés et déformés par l’eurocentrisme et l’impérialisme, répètent les mensonges et condamnent Dessalines – beaucoup de combattants et militants actuels de différentes organisations populaires utilisent de manière créative et critique la pensée et les actes de Dessalines. Ainsi, la validité de ce grand révolutionnaire est un fait incontournable qui impacte de plus en plus l’esprit, le cœur, la conscience de tous ceux qui luttent pour notre liberté, notre souveraineté et notre autodétermination.

Jean-Jacques Dessalines: une mémoire piégée par l’ingratitude, l’intérêt personnel et l’absence de politique historique des gouvernements haïtiens.

Tant pendant la guerre de la révolution haïtienne qu’après notre indépendance, le pays a été entièrement militarisé afin de se préparer à une éventuelle invasion de la France. J.J. Dessalines a été voté à l’unanimité par tous les chefs d’armée comme autorité suprême de la Nation. Il croyait à la répartition du pouvoir, décida de répartir le pays en trois (3) parties: Le Grand Sud, sous le pouvoir du général A. Pétion, le Grand Nord, sous le pouvoir de H. Christophe et le Grand Ouest sous son pouvoir. Il s’est également efforcé d’éviter la lutte fratricide au sein du nouveau pays comme cela s’est produit entre Toussaint et Rigaud ; il savait que tout conflit interne pouvait affaiblir et déstabiliser le pays et servir comme une opportunité ou une excuse pour les puissants colonialistes de l’époque d’envahir, il croyait au non-discrimination de couleur et de classe au point d’offrir à Alexandre Pétion la main de sa fille Célimène, mais Pétion n’avait pas accepté. Le pays était en paix et en sécurité jusqu’au jour où l’empereur a été victime d’un complot et assassiné, le 17 octobre 1806.

Au lendemain de la mort du fondateur de la Nation haïtienne, le pays a connu sa première crise politique. Exactement au deuxième anniversaire de notre indépendance, le 1er janvier 1816, une sanglante guerre civile pour le pouvoir intervient entre Alexandre Petion et Henry Christophe connue sous le nom de bataille de Sibert, qui divise le pays en deux (2) États. Dans l’imaginaire des Haïtiens, beaucoup ont tendance à penser que peyi nou modi depi lè nou sasinen papa nou, Desalin ! (Notre pays est maudit depuis le jour où notre Père, JJ Dessalines a été assassiné) mais analysant la situation en Haïti avec l’éthique à Nicomaque, VII d’Aristote nous pourrions rationnellement conclure que les crises politiques de notre pays ont un rapport étroit avec l’usage excessif du pouvoir et le manque de politique publique tel que défini par Roth (2007), c’est-à-dire que les décisions et actions à objectifs publics de restauration de la vérité et la mémoire tant en interne que dans la politique étrangère d’Haïti à travers les différents consulats et ambassades de la région sur nos héros reste un problème ou un besoin insatisfaisant selon les citoyens.

L’histoire offre trois (3) chemins: la tradition, les archives et la politique, mais Enrique De Gandía a également analysé que lorsque l’histoire est transformée en politique, tôt ou tard elle finira par se défigurer à cause de ceux qui profitent du nouvel environnement de liberté pour lancer leurs interprétations et théories.

La mémoire de J.J. Dessalines est réapparue dans l’esprit collectif à partir d’un discours prononcé en 1844 par le président provisoire haïtien Charles Rivières Herard avant la fin de son mandat quelques mois plus tard. Pendant tous ces moments, les pays d’Europe, la France, par exemple, en colère contre le génie qui avait néanmoins vaincu leurs systèmes racistes et esclavagistes, ont engagé des écrivains comme Jean Louis Dubroca pour décrire et caricaturer Dessalines comme une bête sauvage et cruelle afin de salir sa mémoire. D’autre part, à cette époque, les modèles politiques, sociaux et culturels de nombreux pays d’Amérique latine, dont la République dominicaine, étaient ceux des pays européens, il n’est donc pas surprenant que J.J. Dessalines soit également absent de ses livres et Mémoires.

Le régime champion dans l’utilisation politique de l’image de notre père J.J. Dessalines était celui de la tyrannie de Duvalier. Après la défaite de ce régime en 1986, une nouvelle constitution est née, la constitution démocratique du 7 février 1987, dans les 5 jours et jours fériés nationaux qui a établi cette constitution, le jour de la mort ou de la naissance de Dessalines n’est pas là. Aujourd’hui, tant l’opposition inexistante que le gouvernement actuel sans objectif ni idéologie utilisent souvent des héros dans leurs discours alors qu’ils inaugurent leurs portraits sur des panneaux publicitaires en plastique en mémoire de leurs souvenirs.

Le plus gros investissement réalisé par le gouvernement haïtien en Amérique latine dans la coopération culturelle pour commémorer Dessalines est la construction d’une place avec le buste de J.J. Dessalines en Équateur en 2015, qui ne coûtait qu’environ 40000 dollars. Il est à noter que, à la restauration du seul buste de Jean Jacques Dessalines existant à Cuba, aucun représentant de l’ambassade d’Haïti à Cuba n’a participé. Le 20 septembre de cette année-là, anniversaire de Dessalines, pas même un tweet n’a été publié par le gouvernement actuel pour honorer sa mémoire, ironiquement, le président du pays qui a voté contre lui à l’OEA était celui qui se souvenait de notre héros, l’actuel Président de la République bolivarienne du Venezuela, Nicolas Maduro.

Il faut noter que, dans la plupart des ambassades d’Amérique latine, il n’y a pas d’Attaché Culturel, le Ministère de la Culture d’Haïti n’organise strictement rien lié à la mémoire même des crimes commis par la dictature Duvalier, il devient une agence organisant des carnavals et finançant des «bowling» publics depuis des décennies.

Le déni de la mémoire et de la vérité par les gouvernements haïtiens, et le manque de politiques de réparations historiques contribuent non seulement à l’invisibilité de nos héros dans l’histoire mondiale comme le libérateur Jean Jacques Dessalines, mais condamne également le pays à vivre à plusieurs reprises la même erreur avec des pays étrangers telles que:

L’affaire Rubalcava, en 1861

L’Affaire Batsh, en 1872

L’affaire Gherardi, en 1891

L’affaire Luders, en 1897

L’affaire Emil Peters, en 1914 etc.

En conclusion, je crois la même chose que l’éminent poète et homme politique noir Aimé Césaire : la mémoire est un trésor que nous pouvons partager avec les autres, mais si le peuple le nie, c’est un peuple sans avenir ou plutôt comme le politicien britannique, Winston Churchill. «Un peuple qui nie son passé se condamne à le revivre».

* Étudiant avancé en politique et membre du programme de recherche et de vulgarisation sur les Afro-descendants et les études afro-diasporiques (UNIAFRO) (IDAES-UNSAM).

Résumé de l’Amérique latine 17 octobre 2020

 

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