Pleins Feux Sur : Théophile Jadotte

« La basse dégagée » | (P-au-P - ?)

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Théo Jadotte

La trajectoire de Théo ne prédisait pas un destin de musicien. Puisque c’est dans le football qu’il a surtout excellé dans son adolescence. En plus d’un flair inné pour la peinture qui l’a autorisé à être admis très jeune à l’Académie Des Beaux Arts. À ce point, il n’est qu’un jeune mélomane, sachant que la musique est latente, dans le sang. Avec une prédilection de chanteur et de batteur qui sont pour lui les plus attractifs membres d’un groupe musical. Les conjectures successives voulant qu’Haïti soit un lieu de passage pour diverses générations. Incluant celle de Théo qui doit aussi faire face à l’inévitable exode de la jeunesse en terre étrangère. Du fait, Théophile s’est retrouvé à NY au début des années 1980 où son sens musical commence à être manifeste dans les High School Band de la ‘’big apple’’, où il résidait avec sa famille.  Expérimentant la batterie, puis la guitare. Avant de s’adonner exclusivement à la basse. 

En fait, c’est l’époque dominée par les tonitruances des: Kòkò du « Skah-shah » qui l’a emballé par son groove pittoresque. Puis de Tinès Vincent son préféré dont il a hérité des tics et détours pluriels. De Tidòf dont il a admiré la sureté du tempo. Et de son oracle Joe Charles dont il vénère la profusion en musicalité et en réglage harmonique. Tout en étant aussi instillé des contemporains comme : Youyou Legagneur, Gérald Kébreau, Bobby Raymond  avec lesquels il a évolué plus étroitement. Autant d’influences qui vont tisser le tempo aspergeant et fluide du jeune bassiste; s’appliquant assidument à extérioriser les multiples approches de l’environnement sonore. Et conjointement, continue ses excursions de footballeur épatant au mythique Central Park de Manhattan, milieu de sa résidence. C’est en ce lieu qu’un autre gamin du coin, en l’occurrence Kenny Desmangles future vedette en son propre droit, est venu l’inviter à prendre part à la formation d’un nouveau groupe.

ce groupe qui avait la majorité des spectacles, fut dévalisé par Jojo Lorquet pour le compte de « Sweet MiCky»

À ce carrefour, c’est l’étape des associations universitaires de Hunter College pour Théo ; où se démène aussi un jeune étudiant et futur sénateur nommé Steven Benoit. Qui va être le manager de « Zouke », le premier groupe musical ; ayant permis à T. Jadotte de mettre son savoir en évidence. Mais, cette initiative d’un groupe de collégiens, fonctionnant au cœur de la cité qui ne dort jamais ne va être rien de plus qu’un passage transitoire pour Théo. Lequel a décidé d’emmener ses actes ailleurs, en allant s’installer dans les banlieues de Queens ; où il y a des oreilles plus réceptives au groove du konpa. Entamant ses journées d’adulte indépendant, de professionnel, de peintre et décorateur suffisant. Il prit part à la fondation du groupe « Rapadoo», puis de « Siwèl » avec Kenny Desmangles, Ralph Ménélas, Gérald Kébrau et autres. Apprenant ses sujets à travers les vibrations en vogue. Afin de se munir d’un style personnel.

A la phase subséquente, Théo rallie dans un bref ‘’stint’’ le « Zo de Ti-Lesly ». Lequel a dominé le milieu du synthé électro dont le « Top Vice » en est le premier pourvoyeur. Pourtant le « Zo » grâce aux connaissances de son maestro dans le domaine de la digitalisation allait faire des vagues dans les milieux du spectacle. Incluant une raclée sans précédent, administrée aux «Phantoms», lors d’un parcours carnavalesque sur Eastern Pway. Par la suite, ce groupe qui avait la majorité des spectacles, fut dévalisé par Jojo Lorquet pour le compte de « Sweet Miky» .Et Ti Lesly dégouté de cette épisode, s’est retiré illico du milieu du show-biz. Une occasion pour Théo de rejoindre le groupe « Lakol » de NY, emmené par Tantann, au sein duquel il a su trouver sa voie de bassiste intuitif, mettant à nu son phrasé mélodique. Tout en maintenant le tempo avec fluidité et justesse. Et ensuite, a joué avec les « Phantoms » dans une collaboration marquante, prouvant sa progression à travers quelques œuvres du groupe telles : ‘’Granmoun pa jwe’’, ‘’10 ans déjà’’, en plus d’une tournée européenne qui l’a installé sur les scènes du Zénith de Paris.

Une ascension qui l’a propulsé dans le collimateur du groupe « Konpa Kreyol » qui l’engage sur le champ. Pour venir étaler sa marque flamboyante dans ce brin de konpa charrié par une porte- voix anodine, celle de Joe Zenny. Auquel on a demandé de venir apporter de l’équilibre. S’imposant en fanfare comme l’une des vedettes de cette formation. Jusqu’à la débandade qui a causé le départ du maestro Dupoux. En renommant le groupe « Kreyol La », qui a scellé la prise en charge de TiJoe. En tous cas, entre les deux versions, Théo a joué environ deux décades. S’illustrant en pilier de cette formation à laquelle il a apporté une assise à la fois métronomique et d’aria. Distillant un toucher colorant comme s’il se sert de son intuition de peintre pour allier des touches incompatibles et les rendre symbiotiques. Il a aussi contribué à quelques compositions de l’ensemble telles : fanm kreyòl, move flannè, kore m la etc. A travers les productions : Gen, Gen, Gen…prélude à tant de chambardement social, ainsi que : Viktwa, Evolution entre autres.

après un certain sabbatique, Théo vient de rebondir avec son nouveau canevas, le groupe « Enkwayab »

Et finalement au comble d’un parcours qui l’a vu jeter son tablier à la troupe à ‘’Ti Joe’’ Zenny à laquelle il avait apporté tant d’assurance et d’exposition. Préférant aller sillonner d’autres avenues musicales plus compatibles à son âme d’idéaliste. Une expérience dont il dit qu’elle lui a permis de se rendre compte : ‘’… de l’absence de fair-play et d’intégrité dans le show-biz environnant. Et dénonçant l’hypocrisie et coup de couteaux dans le dos avec cet esprit de sauve qui peut et de bassesse qui sont la cause de ce manque de créativité dans la musique locale. Avec autant de préjudices et de destruction qui n’avancent pas la mission des artistes authentiques’’. Cependant, après un certain sabbatique, Théo vient de rebondir avec son nouveau canevas, le groupe « Enkwayab » qu’il dit mettre sur pied juste pour la relève. N’étant constitué que de jeunes et talentueux musiciens prêts pour représenter leur temps. Ayant eu le privilège d’auditionner l’un de leur vidéo introductif, disons que la bande à Théo n’est pas venue pour faire les figurants.

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