Pleins Feux Sur : Sherlee Skai

« Une chansonnière exaltée » | (Port-au-Prince - ?)

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Sherlee Skai

Sherlee elle aussi, comme la plupart de ses contemporaines est sortie du moule de la musique évangélique. Où elle a engrangé ses vibrations de chantre inné. Qu’elle s’est appliqué à étaler dans les espaces scolaires ; notamment chez les sœurs de Saint Louis à Bourdon que la jeune Sherlee Débrosse a alors fréquentée. D’où elle a fait part, parallèlement à ses performances académiques, de la gratification de sa voix excentrique comme ‘’teen idol’’. Ayant épaté dans ses performances condisciples et instructeurs. A cette étape, elle se réfère à tous les courants musicaux du terroir natal. Ainsi que dans la genèse des sonorités globales : jazz, rnb,negro spiritual, pop etc ; avec une prédilection pour des artistes comme Yole Dérose, Manno Charlemagne au niveau national ou encore Tracy Chapman et Lauryn Hill en dehors des frontières locales, parmi ceux qu’elle a émulés.

Une ascendance qui lui a permis de concocter son phrasé pluriel et prendre d’emblée les grandes compétitions de la ville : Miss Videomax, Ticketmax etc. En plus d’une prépondérance qui la met en position d’occuper la vedette dans des prestations aussi magistrales que: ‘’Maryaj Lenglensou’’, un opera populaire de Ipharès Blain et de Labuchin, et de la version haïtienne du musical ‘’Starmania’’ de Michel Berger et de J.L Plamondon. En plus d’avoir animé l’édition 2006  de ‘’Musique en Folie’’. Et d’autres sorties spectaculaires qui l’ont propulsée en vedette hâtive. Mais, dès l’année 2007 la jeune star avait déjà filé à l’anglaise vers d’autres cieux. En allant s’établir aux ‘’states’’ ; spécialement à NY, après un ricochet à LA. Où elle a continué de polir ses capacités de musicienne et de compositrice.

Tout en s’employant à affermir un timbre aussi cool que décontracté apte à éditer autant d’émanations verbales ; infuses de toutes les expressions planétaires, tout affrété de flair et d’inductible. Qui l’habilitent à être sollicitée dans des performances comme : ‘’Harlem Week’’, ‘’The NY Marathon’’, ‘’Pwezi ak Mizik Anba Tonèl’’, ‘’ Ayiti Deploge’’, parmi tant d’autres manifestations culturelles dans lesquelles elle a enchanté les mélomanes et les connaisseurs de par son charisme et son savoir-faire. Sur cette lancée, elle a fait l’offrande du clip ‘’Ayiti ou manke m’’ ; suivi de ‘’file’m an kreyòl’’ en association avec Princess Eud et de Bic. Deux titres qui vont figurer sur l’ultérieur opus en solo : ‘’Toutouni’’. A travers lequel elle intronise ses multiples facettes avec clarté : voix précise et imperméable comme un ajout sonore enjôlant les octaves.

En tout cas, avec des arguments à faire valoir, elle révèle dans 12 pièces emblématiques, une artiste en pleine possession de son art. Valeur sûre, à plus d’une croisée des chemins. Et une voix à même de naviguer les contours : du jazz, du blues, du pop, du bossa-nova, du rap r&b de la soul music et autres paramètres haïtiens et afro pour en faire des pièces garnies d’arpèges de guitares en plus des arrangements sophistiqués et des tournures allégoriques. Tout en mettant  des siennes comme : chanteuse, compositrice, arrangeuse, et productrice. En plus d’avoir la collaboration de l’indécrottable Dener Ceide, du jazzman Buyu Ambroise et de Charlson Duverne. Pas étonnant qu’on soit vite  tombé sous l’envoutement d’élaborations jazzées. Avec percussions latines, guitares électriques et piano libre et swingant ; galvanisant un ‘’high pitch’’ d’une tonalité pittoresque dans ‘’jwe m’’.

‘’Sonj’’ demeure un rite en plus affectif, fait de lamentations émouvantes avec ses tambours furtifs et son orchestration discrète. Ce qui a permis à Sherlee de mettre à nu sa suffisance de soliste patentée. ‘’Prière du monde’’ s’exulte comme sur des chapeaux de roue, avec ses katas enflammés et en exergue l’’hymne à Damballah’’ qu’elle a réinventé sous d’autres écritures sous l’allure d’un rabòday souverain. Tout infusé d’un lyrisme rédempteur et vocalisé avec un registre modulable. Sachant tout aussi bien chanter la misère de son peuple et aussi claironner la gloire de Dessalines. Ce qui la démarque autant de la canaille lyrique et des textes à l’eau de rose.’’Boutilye’’ est une ode qui traduit l’état d’âme de Sherlee, concocté à partir d’une simple ballade sur un piano expressif au gré du soul colorant.

Tandis que c’est sur fond de la nostalgie natale que nous revient ‘’ou manke m’’. Ce qui a résulté sur des notes noires, en symbiose à un tempo jazzant à profusion. Et la voix de Sherlee qui domine encore l’ensemble et l’espace sonore de par sa musicalité débordante.  En s’associant à Princess Eud et Bic dans ‘’filem an kreyòl’’, elle veut prouver qu’elle a l’étoffe pour sermonner la foule dans ce rap kreyòl. Elaboré à partir d’un clavier se propageant en saule pleureur ; tout en se mariant à un sax implorant, ‘’lakansyèl aprè lapli’’ est assorti de pellicules tonitruantes. Pour une aubade truculente qui la fait planer au -dessus de la brume ; en étalant cette voix multi colorée qui a su amplement s’élever dans ce blues créolisant et épatant.  ‘’Ochan’’ démarre sur une guitare chanterelle, transcendant un flot de tonalité à l’improviste ; percussions exaltantes aux tacts d’un synthé dominant. Et de soudaines transpositions qui chavirent dans un paso doble aux furies d’une tauromachie.

‘’I want more’’ fait encore montre de son aisance à chanter dans d’autres langues. Ce qui est un atout considérable dans le melting-pot de la world music. Toujours auréolé d’un timbre attrayant,’’anba tonèl/San ou’’ est amorcé en slow-mo pour une transition sous l’entrain de vives excentricités vocales, duo pétillant et dialogue en sous-main dans cet anbatonèl ou graje exquis, émaillé de vives chorégies. Alors qu’à travers ce chant vocal ‘’my praise poem’’, Sherlee a voulu célébrer ses racines maternelles en y épurant pathétiquement toute son émanation pour dire merci à celle qui l’a mise au monde. Autant de manifestations qui ont éloquemment fait part de sa versatilité et de son attestation pour le prime time. Dans la mesure qu’elle ait la bonne fortune de s’aligner en bonne compagnie. Avec la perspective d’évolution de son art. Et tout autant qu’elle éprouve du plaisir dans ses démonstrations partout dans le monde. Tout en raffermissant ce gosier emballant, sans barrières, convenable pour bousculer les frontières.

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